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Kinshasa
21 novembre, 2024 - 23:38:04
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L’ombre de Jacques Attali

Des milieux généralement bien informés nous apprennent que le polytechnicien, économiste, énarque et penseur français, Jacques Attali, se préparerait à réunir les opposants congolais à Paris. L’objectif serait de tenter de convaincre ceux-ci à présenter une candidature commune face à celle du représentant du peuple et des souverainistes au scrutin du 20 décembre prochain.

Après l’échec du diplomate Galois, Alan Doss, de novembre 2018 à Genève, voilà que les opposants congolais s’apprêtent une fois de plus à soumettre un moment qu’ils considèrent – eux-mêmes – important de l’histoire, à un autre Européen : le célèbre et prolifique penseur Jacques Attali. Comment expliquer que, connaissant l’histoire de la manipulation par la ruse puis celle de la brutale conquête de notre continent depuis le XVe siècle ; étant parfaitement renseignés sur les dessous de la politique occidentale, celle de la France en particulier, à l’égard de nos pays et, plus d’un demi-siècle après les indépendances, les opposants politiques de la RDC estiment encore devoir volontairement soumettre la facilitation de leur accord éventuel à un tel personnage ?
Il y a dans cette démarche, un comportement d’esclaves refusant d’assumer seuls le prix de leur responsabilité. Que peuvent attendre ces politiciens de cette brillante intelligence française, mais néanmoins suspecte ? Certainement moins de mains coupées que sous le Roi Léopold II de Belgique, mais en tout état de cause pas moins de tromperie, ni moins de ruse que ses ancêtres. Les opposants congolais ont-il oublié, en six décennies seulement, la signification que Patrice Lumumba donna à la date de notre indépendance : « Je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petit-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté ». Il y a-t-il gloire sans dignité ? Où sont gloire et dignité lorsque les anciens esclaves vont soumettre la résolution de leurs contradictions à l’ancien maître ? La RD Congo manque-telle de personnalités suffisamment sages pour éventuellement assumer une conciliation ? L’Afrique entière est-elle dépourvue de facilitateurs, conciliateurs ou sages expérimentés ? Pourquoi sommes-nous encore et toujours sous l’emprise de ce complexe de l’homme blanc ? Et d’ailleurs, quelle sorte de sagesse recherchent ces politiciens en Occident ? En quoi cette tentative de conciliation des personnalités si hétéroclites constituerait-elle une sagesse ou simplement une nécessité historique pour expliquer un tel regain d’intérêt ? Pourquoi l’ancien Conseiller spécial de François Mitterrand et actuel proche d’Emmanuel Macron s’intéresserait-il de si près à l’élection présidentielle de notre pays ? Il convient d’abord de constater, sans naïveté, que l’intervention d’une personnalité politico-intellectuelle et médiatique européenne d’un tel niveau, dans le processus électoral de notre pays ne serait ni un acte anodin, ni sentimental, ni dépourvu d’intérêt.
Ce semblant d’assistance est incontestablement une intrusion dans la politique interne de notre pays qui cadre parfaitement avec la politique de domination de l’impérialisme en Afrique.
Après cinq années d’une gouvernance à la recherche de la souveraineté nationale, l’Occident se rend compte que le fils du Sphinx de Kinshasa ne sera jamais le soumis et maniable qu’ils avaient espéré voir arriver au sommet de l’Etat congolais en 2019.
La tentative d’injecter subtilement le sympathique socialiste Jacques Attali dans le jeu politique congolais vise à mettre à la tête de notre pays un homme qui n’y viendrait pas pour notre développement ni notre liberté, mais afin de mieux assurer la mainmise de l’Occident sur le cœur de l’Afrique en cette période charnière de bouleversement de la scène internationale.
D’ailleurs, il n’est pas nécessaire d’attendre, ni d’être magicien pour deviner, dès aujourd’hui, qui sortirait du chapeau de Jacques Attali, si cette réunion-mascarade devait se tenir. Jacques Attali est notoirement connu comme un des grands penseurs du «mondialisme», ce projet d’instauration d’un gouvernement mondial conçu et dirigé par les puissances occidentales.
Il s’agirait en fait, après le colonialisme et l’impérialisme, d’instaurer une forme nouvelle de domination des puissances de l’argent au niveau mondial. Ce projet consiste à faire de nos pays de simples périphéries du centre euro-américain-pacifique. Cette politique effacerait définitivement nos souverainetés – déjà tronquées – pour nous soumettre plus drastiquement aux intérêts des plus forts. Nous savons depuis 1945 comment s’exerce le pouvoir au sein de la fameuse communauté internationale en générale et des Nations Unies en particulier ; à la Banque Mondiale et au FMI les choses ne sont pas différentes ; depuis un temps nous observons comment sont traités nos intérêts dans le cadre du réchauffement climatique. Alors, comment tomber dans un piège encore plus grand ? La liberté des pays africains réside dans leur souveraineté ou dans une ou des unions murement réfléchies et librement consenties. Les descendants politiques de P. Lumumba doivent pouvoir discerner les pièges dès le début. Le peuple congolais ne doit pas se laisser séduire par une candidature commune destinée à favoriser les intérêts de ceux qui nous écrasent déjà. Il faut refuser cette politique. Pour cette raison et bien d’autres encore, je vous convie à vous préparer à éviter les aventures et à voter pour la souveraineté de la RDC à travers le candidat n° 20, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Merci.

Une tribune de Jean-Pierre Kambila Kankwende

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