Il est 5 h 30 du matin lorsque nous sommes arrivés à l’antenne de la Communication électorale nationale indépendante (Céni) de Ngaliema, située dans l’enceinte de la maison communale. Une foule immense de personnes, munies de cartes d’électeurs défectueuses, attend en file d’attente à perte de vue pour s’enregistrer. Certains sont là depuis 3 h 30 du matin, tandis que d’autres ont passé la nuit chez des membres de leur famille habitant à proximité de la maison communale. Même s’ils investissent ce site dès l’aube, ces requérants prennent mal leur patience. Ils attendent que les portes du bureau de l’antenne s’ouvrent à 8 h 30, selon les informations recueillies sur place. Rien ne garantit cependant que ceux qui arrivent tôt le matin seront servis à temps.
Le désordre qui règne lors de l’enregistrement des requérants et la foule qui s’amasse devant les portes du bureau de l’antenne de la Céni de Ngaliema compliquent la tâche des agents de cette institution d’appui à la démocratie affectés sur ce site. Il est évident que ces derniers semblent dépassés par les réalités sur le terrain. L’affluence de milliers de personnes venues de presque tous les quartiers de la commune de Ngaliema semble indiquer que les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs sont le talon d’Achille de la Céni.
Fatiguées et déçues, les personnes âgées ne savent plus à quel saint se vouer. Les femmes enceintes, celles allaitant ou portant leurs bébés, ainsi que les malades qui espèrent bénéficier de la dérogation garantie par la Céni lors de telles opérations, sont désabusés. Ils ne peuvent accéder facilement à la grande salle de la commune mise à la disposition de la Céni pour l’occasion. Il faut avoir des biceps très musclés pour se frayer un chemin à l’entrée du bureau, où les agents de l’ordre assistent impuissants à la bousculade des requérants, parfois entre hommes et femmes. C’est une situation triste.
“Hier, une femme s’était évanouie dans ces circonstances”, déplore une quadragénaire, avant d’ajouter : “Si on n’y prend garde, d’autres incidents malheureux risquent de survenir ici”.
En s’exprimant à Infos27, certains requérants expriment leur déception. “J’ai passé toute la journée d’hier mercredi ici dans l’espoir d’obtenir le duplicata de ma carte d’électeur, mais en vain, et je reviens aujourd’hui. Au vu de la foule de personnes que je vois et du désordre qui règne lors de l’enregistrement des requérants, je doute fort d’être servi aujourd’hui”, confie anonymement un quinquagénaire. Ce père de famille, employé dans une entreprise privée locale, craint pour son poste de travail, d’autant plus que son employeur menaçait de le renvoyer en cas d’absence deux jours d’affilée.
“Je suis venue hier à 3 h 30, mais je n’ai pas obtenu le duplicata de ma carte d’électeur. Aujourd’hui, j’ai passé la nuit chez un membre de ma famille habitant à proximité et je suis arrivée à la même heure. Mais au vu de l’immense foule de personnes que je vois sur ce site, je me demande s’ils ont également passé la nuit à la maison communale”, témoigne une jeune fille.
Un homme partage les mêmes inquiétudes que cette jeune fille, craignant que des milliers de requérants ne soient pas servis. “Avec cette foule, l’antenne de la Céni de Ngaliema ne pourra pas servir tous ces demandeurs aujourd’hui, voire demain, et même jusqu’au jour de la clôture de cette opération”, prédit-il.
“La commune de Ngaliema est vaste et compte plusieurs quartiers. Il est inadmissible que ces personnes puissent revenir presque chaque jour à cette antenne de la Céni, lorsqu’elles ratent l’occasion d’être servies le premier jour”, déplore un quinquagénaire. Il ajoute : “Cette situation risque de se traduire par un faible taux de participation des électeurs aux élections générales du 20 décembre, car plusieurs ne pourront pas voter faute de carte d’électeur”.
Dans l’ensemble, de nombreux observateurs estiment que si la situation observée à l’antenne de la Céni de Ngaliema n’est pas un cas isolé, il y a un risque d’avoir un faible taux de participation des électeurs aux scrutins combinés du 20 décembre. Par ailleurs, ils exhortent la Centrale électorale à poursuivre cette opération même après les élections générales, afin de permettre aux personnes ayant des cartes d’électeurs défectueuses et qui n’ont pas pu obtenir de duplicata lors de l’opération en cours, de le faire ultérieurement. Cela leur permettrait, notamment, de ne pas rencontrer de problèmes lors de l’opération de délivrance de carte d’identité.
Infos27