Le gouvernement congolais déploie des efforts considérables pour contrer la signature par l’Union européenne (UE) et le Rwanda d’un accord sur la création de la chaîne de valeurs pour les minerais stratégiques et critiques. En effet, selon Kinshasa, ces minerais proviendraient de l’Est de la République démocratique du Congo, où le régime autoritaire de Kigali opère ouvertement avec son armée pour perpétuer le pillage des ressources naturelles de la RDC. Le président Félix Tshisekedi, qui a vivement critiqué cet accord, mène une campagne en Europe pour attirer l’attention sur cette problématique. Lors de sa première visite officielle hors d’Afrique pour son deuxième mandat, à Bruxelles, au Royaume de Belgique, le sujet a été clairement abordé avec le Premier ministre belge Alexandre De Croo. La Belgique, qui exerce la présidence tournante du Conseil européen, penche ouvertement vers la position congolaise concernant l’accord d’exploitation minière signé entre le Rwanda et l’Union européenne. Cette position a satisfait le président Tshisekedi, qui a déclaré : « Cette position est très intelligente, car elle vise à exiger la traçabilité des minerais. Nous sommes certains que ce sont des minerais volés à la République démocratique du Congo ».
Le contenu de l’entretien privé, qui a eu lieu le mercredi 28 février 2024 à Bruxelles, entre le président Félix Tshisekedi et le Premier ministre belge Alexandre De Croo, a finalement été divulgué. Les discussions ont porté sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, ainsi que sur la position de la Belgique concernant l’accord signé entre l’Union européenne et le Rwanda, sur l’exploitation des minerais stratégiques et critiques.
Au sujet de l’agression avérée de la RDC par le Rwanda, le président Félix Tshisekedi a plaidé pour des sanctions contre le Rwanda. « C’est la seule chose qui pourra faire reculer le dictateur Paul Kagame », a-t-il déclaré à la presse belge.
Par ailleurs, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi s’est dit satisfait de la position de la Belgique concernant l’accord d’exploitation minière signé entre le Rwanda et l’Union européenne.
« Cette position est très intelligente parce qu’elle va dans le sens d’exiger la traçabilité des minerais », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « Nous sommes certains que ce sont des minerais volés à la République démocratique du Congo », a fait savoir le Chef de l’État congolais avant de conclure « qu’il n’est pas question que cet accord passe ».
Pour bien des observateurs, que l’Union européenne signe un accord de coopération minière durable avec le Rwanda sur les ressources pillées en RDC, il s’agit là d’un soutien fort à l’agresseur. C’est en réalité, dénoncer l’agresseur sans arrêter le cycle de l’agression et de tels accords est une stratégie de diversion.
L’accord évoqué a été signé le 19 février entre l’UE et le Rwanda et vise, selon les institutions bruxelloises, à promouvoir l’exploitation “durable” des minerais par le Rwanda. Pour l’UE, ce partenariat « contribuera à garantir un approvisionnement durable en matières premières », en particulier en matières premières critiques, « ce qui est une condition préalable essentielle pour atteindre les objectifs en matière d’énergie verte et propre ».
Pour rappel, il s’agit de la première visite officielle en dehors de l’Afrique durant le deuxième mandat du président Félix Tshisekedi. Le choix du royaume de Belgique s’explique par les liens historiques étroits entre ce pays et la République démocratique du Congo, ainsi que par la présence d’une importante communauté congolaise dans ses frontières. Cela démontre que la RDC et la Belgique entretiennent des relations privilégiées et développent ensemble une coopération multisectorielle significative.
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