Les affirmations du président de l’État rwandais, Paul Kagame, telles qu’énoncées lors d’une entrevue accordée à Jeune Afrique, selon lesquelles “Tshisekedi a tort, et il manipule ses interlocuteurs pour résoudre son problème tel qu’il le voit”, sont loin de témoigner du respect de la part d’un chef d’État envers ses homologues. Il est indéniable que seule une personne expérimentée dans l’art de la manipulation peut déceler celle-ci. Tout est compris, voire même explicité. Cependant, si l’on se trouve dans la nécessité de recourir à des stratagèmes manipulateurs afin de protéger son peuple et préserver l’intégrité territoriale de son pays menacée, alors cela devient une action justifiable, car elle revêtirait un caractère positif étant donné que les intentions demeurent bienveillantes.
Même s’il faut suivre la réflexion du Maître de jeu de Kigali, il convient d’admettre que le président Félix Tshisekedi, en fonction depuis seulement cinq ans, démontre un remarquable tact politique pour influencer avec une aisance surprenante les chefs d’État au sein d’une organisation aussi prestigieuse que la SADC ! Cette capacité est véritablement remarquable… Il est donc manifeste que la diplomatie congolaise occupe légitimement sa position en guidant l’ensemble de la sous-région en fonction des intérêts en jeu. Même le président Paul Kagame lui-même le reconnaît, puisque selon ses propos, c’est Kinshasa qui a empêché l’accréditation de son nouvel ambassadeur à Bruxelles, celui-là même qui avait été expulsé de Kinshasa au début des tensions entre la RDC et le Rwanda. Un tel fait aurait été impensable ou inexprimable par Kigali il y a quelques années, alors qu’il exerçait pleinement son influence sur certains acteurs du pouvoir congolais.
En réalité, c’est plutôt le président Paul Kagame lui-même qui semble avoir tort. Il est donc clair que l’homme fort de Kigali ne détient plus le contrôle absolu de la situation régionale. Ses appréhensions, ses inquiétudes et son manque de sérénité sont désormais attribués à Félix Tshisekedi. Ce dernier démontre une détermination sans faille envers son pays. Ceux qui ont sous-estimé sa force ont dû revoir leur jugement, car ils se trouvent face à un individu bien plus stratégique qu’il n’y paraît, véritable maître du jeu d’échecs. Chacun de ses mots, chacun de ses pas, chacun de ses actes est minutieusement pensé et atteint sa cible sans que le public ne saisisse pleinement la profondeur de son intention.
Infos27