Au cœur de l’agitation entourant la formation du gouvernement Judith Suminwa, les voyants et les devins se retrouvent propulsés sur le devant de la scène. C’est l’occasion idéale pour ces oracles de faire prospérer leurs activités. Ils adaptent déjà leurs horaires en fonction des saisons, comme nous l’a confié un voisin habitant près d’un devin établi dans un coin reculé de la banlieue de Kinshasa, la capitale congolaise.
Accompagnant un candidat au poste ministériel, ce voisin n’a pas manqué de remarquer l’atmosphère théâtrale régnant dans la modeste demeure du devin. Ornée de toutes sortes d’objets insolites, elle dégageait une ambiance mystérieuse. Des sculptures en bois représentant des formes humaines, des étoffes en peau de félin, des arcs, des tissus rouges et des encens aux fragrances envoûtantes… Tout cet attirail est censé conférer le pouvoir à quiconque franchit le seuil, cravate bien ajustée.
Actifs dans la fourniture de prédictions à leurs clients en quête de positionnement politique, les devins restent assis sur leur natte, fixant intensément le demandeur de pouvoir. Ils insistent pour que la consultation ne dépasse pas cinq minutes, car, avec la modernité, ils doivent répondre à d’autres appels pour rassurer leurs autres clients. La file d’attente s’allonge, et certains candidats arrivent même avec des présents traditionnels, habitués au rituel.
Notre voisin, accompagnant son candidat, pouvait lire le sourire rayonnant sur le visage de son ami. C’était rassurant, a-t-il glissé sans trop de commentaires. Il semblait croire que la Première ministre Judith Suminwa serait guidée par des forces mystiques dans ses décisions. Difficile d’imaginer une telle croyance, mais chacun a ses propres convictions.
Pourtant, même le devin lui-même ne pouvait pas dire où se trouvait exactement le chef de l’État, celui-là même qui a le dernier mot sur les nominations. Où s’est-il donc évanoui ? Le candidat ministre, son accompagnateur et même le devin lui-même restaient perplexes, sans réponse à cette question troublante. Personne ne semblait capable de pointer du doigt sur une carte du monde l’emplacement exact du territoire étranger par rapport au territoire national !
PM