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21 novembre, 2024 - 19:15:28
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Législatives françaises 2024 : le Rassemblement national, grand vainqueur du premier tour

Le Rassemblement national (RN), le parti de Marine Le Pen et ses alliés ont recueilli 33,14% des suffrages, lors du premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin 2024. Une progression qui s’explique par la très forte participation (66,71%), en hausse de 19 points par rapport au scrutin de 2022 et un record depuis 1978, selon les chiffres officiels communiqués par le ministère de l’Intérieur. Le Nouveau front populaire (NFP) obtient 27,99% des voix. Le camp d’Emmanuel Macron, réuni sous la bannière Ensemble, lui, est loin derrière avec 20,76%. En projection de sièges, cela donnerait entre 255 et 295 pour le RN et ses alliés, contre 120 et 140 pour le NFP et entre 90 et 125 pour la majorité présidentielle (source : Elabe pour BFMTV et la Tribune Dimanche). « Jupiter », qui misait sur les divisions de la gauche et le rejet de l’extrême droite pour obtenir une majorité absolue après sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, a raté son pari.

Le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête, dimanche, lors du premier tour des élections législatives historiques qui pourraient ouvrir les portes au pouvoir à l’extrême droite pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Le paysage politique devrait être profondément bouleversé, après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale annoncée par le chef de l’État au soir de la déroute de ses candidats aux élections européennes du 9 juin. Mais il s’agit en réalité de 577 scrutins pour choisir autant de députés, et la configuration dépendra des dynamiques d’ici le second tour, dimanche prochain, et des éventuels désistements et consignes de vote dans chaque circonscription. D’autant que le second tour devrait être marqué par un nombre record de triangulaires potentielles, voire quadrangulaires (306 triangulaires, 5 quadrangulaires, 190 duels, 76 députés élus au premier tour). Une situation inédite qui renforce le flou sur les projections.

« Large rassemblement »
« Face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », a affirmé Emmanuel Macron dans une déclaration écrite transmise aux médias dès 20 heures. Il a salué la « participation élevée » qui « témoigne de l’importance de ce vote pour tous nos compatriotes et de la volonté de clarifier la situation politique ». « Leur choix démocratique nous oblige ».
Des ténors du camp présidentiel adoptent une attitude nuancée et sont un peu moins clairs, selon les partis. Renaissance semble avoir tranché. « Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national », au second tour, a déclaré le Premier ministre depuis Matignon. Gabriel Attal a appelé au « désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République », sans en préciser le nombre.

Le Premier ministre justifie sa décision par deux arguments : la lutte contre l’extrême droite mais aussi l’impossibilité de voir Jean-Luc Mélenchon prétendre au poste de Premier ministre, au vu des résultats du premier tour. Il n’a pas explicitement appelé à voter pour un candidat du Nouveau front populaire. Mais en retirant le bulletin Renaissance, cela ne laisse aux électeurs que deux choix : le candidat de gauche ou le candidat du Rassemblement national, parti qu’il a donc appelé à combattre.

Le président d’Horizons, Édouard Philippe, a quant à lui, appelé ses candidats arrivés troisième à se désister, mais pas dans tous les cas de figure. Le maire du Havre a estimé qu’ « aucune voix » ne devait « se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise ». Une façon d’opérer un tri entre les candidats de gauche. Reste enfin la troisième composante d’Ensemble, le Mouvement Démocrate (MoDem) de François Bayrou qui semble plaider pour un choix au cas par cas.

Au sein de l’Alliance de gauche, la consigne est claire : « Conformément à nos principes et à nos positions constantes dans toutes les élections précédentes, nulle part nous ne permettrons au RN de l’emporter, et c’est pourquoi, dans l’hypothèse où il serait arrivé en tête, tandis que nous ne serions qu’en troisième position, nous retirerons notre candidature », a déclaré le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, après l’annonce des résultats. Sur la même ligne que les autres chefs de partis du NFP, Olivier Faure, Fabien Roussel et Marine Tondelier.

Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann a, de son côté, demandé à tous les partis arrivés en troisième position de se désister face au RN en cas de triangulaires au second tour, dimanche prochain.
Cohabitation inédite
Le RN entrevoit la perspective originale d’obtenir une majorité relative ou absolue, le 7 juillet, avec le meilleur score de son histoire au premier tour d’un scrutin, améliorant celui (déjà record) des européennes. Incarné par Jordan Bardella, 28 ans, le parti lepéniste espère transformer l’essai dans cinq jours. Si Jordan Bardella entrait à Matignon, ce serait la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un gouvernement issu de l’extrême dirigerait la France. Le président du RN a toutefois prévenu qu’il n’accepterait le poste de Premier ministre que si son parti détient la majorité absolue.

« Il nous faut une majorité absolue », a lancé Marine Le Pen, annonçant également sa propre élection comme députée dès le premier tour dans son fief d’Hénin-Beaumont. Selon la triple candidate à la présidentielle, « le bloc macroniste » est « pratiquement effacé », après ce premier dimanche de vote.

Jordan Bardella à Matignon, il s’agirait d’une cohabitation inédite entre Emmanuel Macron, président pro-européen, et un gouvernement beaucoup plus hostile à l’Union européenne, qui pourrait faire des étincelles au sujet des prérogatives des deux têtes de l’exécutif, notamment en matière de diplomatie et défense. Le président du RN a déclaré, dimanche soir, qu’il « entend être un Premier ministre de cohabitation respectueux de la Constitution » mais « intransigeant ».

Le dépôt des candidatures pour le second tour s’achève, ce soir à 18 heures. Ce qui laisse donc très peu de temps aux partis et aux candidats pour se décider, avant un second tour plus incertain que jamais.

Robert Kongo, correspondant en France

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