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21 novembre, 2024 - 17:54:06
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Pékin : Debora Kayembe annonce son arrivée en République Démocratique du Congo

Dans un communiqué de presse publié, lundi 15 juillet, à Beijing (Pékin), la marraine du Genocost pour l’année 2024, Debora Kayembe, annonce son arrivée prochaine en République Démocratique du Congo (RDC). Elle y va pour piloter la 10ème année de commémoration du génocide congolais qui sera organisée, le 2 août prochain. Ensuite, l’ancienne rectrice de l’Université d’Édimbourg mènera la campagne « Le Congo profond », une action humanitaire qui a pour objectif premier d’établir un nouveau contact entre la défenseure des droits de l’homme et son pays. Ce, avant de regagner Édimbourg, capitale de l’Écosse, sa ville de résidence. 

De la ville de Pékin (Chine) où elle séjourne, Debora Kayembe fait part à la presse de sa prochaine venue en RDC. Un calendrier est établi à cet effet. Deux journées seront consacrées à la commémoration du Genocost : la cérémonie se déroulera le 2 août à Lubumbashi,  et le 10 août à Likasi. La campagne « Le Congo profond » sera menée du 30 juillet au 1er août à Kamina, du 3 au 4 août à Kipushi et du 6 au 8 août à Kalemie. Son retour à Édimbourg est prévu pour le 12 août.

Devoir de mémoire

Il y’a génocide au Congo. C’est une réalité. Les Congolais disent stop ! Un devoir de mémoire, envers les dizaines de millions de victimes des pratiques coloniales négatives, d’occupation et d’acquisition des terres en RDC,  s’impose. Les atrocités perpétrées contre les Congolais ne doivent pas être jetées aux oubliettes de l’histoire.

Environ 10 à 13 millions de Congolais (l’équivalent de la moitié de la population indigène du Congo à  l’époque, selon l’écrivain et historien américain Adam Hochschild) ont été tués pendant le régime colonial du roi Léopold II, lui qui a immensément joui des richesses du Congo (État indépendant du Congo, 1885 à 1908). Les horreurs de l’exploitation du caoutchouc par les Belges au Congo racontent ce pan sombre de l’histoire du continent africain.

Depuis 1994, la guerre dans l’Est de la RDC, une guerre d’occupation et d’acquisition des terres congolaises par des pays voisins, dont le Rwanda, a fait plus de 10 millions de morts, 500 000 femmes violées … Un carnage humain insupportable ! Et toujours le silence. Jusqu’à quand ? Qu’est-ce qui explique l’Omerta de la Communauté internationale ?

Ce qui est préoccupant, c’est que cette nébuleuse n’a jamais condamné l’invasion de la RDC par le Rwanda, en dépit du fait que cela constitue une violation caractérisée de charte des Nations Unies et de la charte de l’Union africaine. Elle a pourtant vitupéré la Russie pour avoir envahi l’Ukraine. Le double standard. Sans doute le Rwanda rend de grands services aux pays occidentaux en RDC concernant l’exploitation de matières premières. On parle surtout de coltan (ou tantale), d’étain (cassitérite) et de tungstène (wolframite). Ces minéraux sont collectivement désignés sous le vocable « 3T ». Il est également question d’or. Le Rwanda, qui s’est rendu incontournable auprès des occidentaux, est ainsi couvert de louanges comme « contributeur à la stabilité et au développement dans la région des Grands Lacs africains ». Une aberration ! On oublie les millions de Congolais tués, de femmes violées…Circulez, y’a rien à voir !

Ces faits expliquent donc le bien-fondé de Genocost célébré chaque année, le 2 août, en RDC. C’est à cette fin que Debora Kayembe invite tous les citoyens à  participer à cet évènement (acteurs politiques, économiques, membres de la société civile, autorités académiques, étudiants…), pour ne pas oublier les heures tragiques composant l’histoire du pays.

Honorer la mémoire des morts congolais, victimes des effets négatifs de la colonisation, sensibiliser le public à la tragédie que vivent les Congolais dans l’Est du pays et dénoncer l’injustice à travers le silence de la Communauté internationale face au drame des Congolais (il faut en finir avec les deux poids deux mesures), c’est  se montrer un peuple digne, résistant et fier.

Genocost ou crime commis pour l’appât du gain en RDC est une initiative de la plateforme d’action de la jeunesse congolaise (CAPY). Cette campagne a pour but la reconnaissance officielle de la date du 2 août comme une journée de commémoration en souvenir de tous les morts congolais.

La longue histoire de violence en RDC suscite toujours l’intérêt auprès des Congolais qui restent optimistes quant à la situation actuelle du pays qui souffre de l’insécurité et de l’instabilité extrêmes et inadmissibles. Cet état de choses, qui n’est pas une fatalité, il est possible d’y mettre fin. C’est une question de volonté politique. Aux autorités congolaises de prendre leur responsabilité.

Défi à relever

La campagne « Le Congo profond » est le combat que mène Debora Kayembe pour la promotion des valeurs humanistes. Dans une interview accordée à notre quotidien, édition n°0070 du 15 avril 2024, elle a dit vouloir se rendre sur le terrain, constater les maux qui rongent la société congolaise où les antivaleurs sont érigées en mode de gestion du pays. Et ce n’est pas peu dire que la misère, oubliée du débat public, bat son plein. Jamais la souffrance n’avait atteint ce niveau en RDC.

Debora Kayembe ira donc sur le terrain, palper la réalité de ce que vivent les populations, palabrer avec elles pour trouver ensemble les solutions les mieux adaptées à leur situation spécifique. C’est un travail de fond, un travail de l’humain, qu’elle entend mener à travers cette campagne qui se déroulera sur tout le territoire national : du grand Katanga au Kongo Central en passant par le Grand Kivu, le Grand Équateur, le Grand Kasaï  et le Grand Bandundu. Un sacré défi à relever.

Force est de souligner que la campagne « Le Congo profond » n’est pas une arme politique contre le pouvoir en place, elle veut plutôt l’accompagner dans sa tâche immense. L’équipe de campagne lui fera des propositions pertinentes, ciblées, réalistes qui visent à améliorer les conditions de vie des Congolais.

Ayant quitté son pays pour vivre à l’étranger, et ce, depuis plusieurs années, Debora Kayembe, qui n’a presque plus de contact au Congo, voudrait le redécouvrir en y menant des actions à caractère humanitaire. Son vœu : faire profiter les Congolais de son expérience, celle de remettre l’humain au centre dans un pays secoué par une très grave crise multiforme.

Robert Kongo, correspondant en France

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