L’incident tragique survenu à la prison centrale de Makala, où une tentative d’évasion a été enregistrée entre 2 heures et 4 heures du matin le lundi 2 septembre, met en lumière les failles profondes du système carcéral congolais. Cet événement dramatique, qui a non seulement coûté la vie à des détenus (bilan provisoire de deux morts, selon le vice-ministre de la Justice) mais a également semé la panique dans les environs, révèle les défis colossaux auxquels le gouvernement de la République démocratique du Congo est confronté en matière de gestion des établissements pénitentiaires. Conçue à l’origine pour accueillir environ 1 500 détenus, la prison de Makala abrite aujourd’hui une surpopulation atteignant sept à huit fois sa capacité initiale. Ce surpeuplement extrême exacerbe les conditions de vie déjà précaires des détenus, créant un environnement où les tensions sont constamment à leur paroxysme. Les émeutes, les violences entre détenus et les tentatives d’évasion deviennent inévitables lorsque des centaines, voire des milliers de personnes, sont entassées dans des espaces confinés. Ainsi, la gestion des prisons en RDC est un problème structurel qui nécessite des réformes profondes et durables, notamment le renforcement du système judiciaire pour accélérer les procès et réduire le nombre de détenus en attente de jugement, lesquels représentent une grande partie de la population carcérale.
Les autorités nationales, notamment le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, ont rassuré sur le contrôle de la situation par les forces de sécurité à la prison centrale de Makala et dans ses environs après la tentative d’évasion survenue dans la nuit de dimanche à lundi, entre 2 heures et 4 heures du matin, heure locale.
Selon les premières informations communiquées par le vice-ministre de la Justice, Me Samuel Mbemba, l’incident a fait deux morts et plusieurs blessés. Cependant, les circonstances exactes de cette tentative d’évasion restent encore floues. Ce qui est certain, c’est que des tirs d’armes lourdes et légères ont retenti pendant plusieurs heures, semant la terreur non seulement aux abords de la prison, mais également dans une partie de la ville.
Face à cette situation critique, le gouvernement de la République, par l’entremise du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, a réagi promptement en convoquant une réunion de crise en fin de matinée à l’Immeuble de la Territoriale à Kinshasa. Cette réunion avait pour objectif de statuer sur les événements survenus au centre pénitentiaire de Makala, d’évaluer les dégâts et d’établir un bilan précis des pertes humaines et matérielles. À l’issue de cette rencontre, une commission mixte a été mise en place pour analyser en profondeur les circonstances de cette tentative d’évasion, avant que le Vice-Premier ministre, en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, ne prenne la parole pour informer l’opinion publique.
Par ailleurs, cette évasion avortée relance inévitablement le débat sur le surpeuplement de la prison centrale de Makala. Conçue pour accueillir 1 500 détenus, cet établissement pénitentiaire abrite aujourd’hui sept à huit fois plus de personnes, dont la majorité est en attente de jugement. Cette situation alarmante met en lumière les défis considérables auxquels est confronté le système carcéral de la République démocratique du Congo.
L’incident rappelle également une autre tentative d’évasion survenue en 2017, lorsque des membres d’une secte religieuse ont attaqué la prison, libérant des dizaines de détenus. Ces événements récurrents soulignent l’urgence pour le gouvernement de poursuivre sa politique de réduction de la population carcérale. Le surpeuplement, combiné à des conditions de détention souvent difficiles, crée un terrain propice aux émeutes et aux tentatives d’évasion, menaçant non seulement la sécurité des établissements pénitentiaires, mais aussi celle des communautés environnantes.
Dans une déclaration faite sur le réseau social X, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a réaffirmé la détermination du gouvernement à faire toute la lumière sur cette tentative d’évasion. Il a annoncé que des enquêtes sont en cours pour identifier et sanctionner sévèrement les responsables de cet acte de sabotage. De plus, en réponse à cette crise, il a ordonné la suspension jusqu’à nouvel ordre des transferts de détenus vers la prison centrale de Makala, une mesure visant à limiter les risques de nouvelles tentatives d’évasion.
Envisager des solutions durables
Pour de nombreux observateurs, il est impératif que le gouvernement envisage des solutions durables pour désengorger les prisons. La mesure la plus urgente consiste à renforcer le système judiciaire afin d’accélérer les procès et de réduire le nombre de détenus en attente de jugement, qui constituent une grande partie de la population carcérale. Des initiatives telles que la promotion des peines alternatives, comme les travaux d’intérêt général ou les amendes, pourraient également contribuer à alléger la surpopulation carcérale.
Parmi les autres mesures préconisées, figure l’amélioration des conditions de détention. En effet, la déshumanisation des détenus, due à des conditions de vie insupportables, nourrit désespoir et violence. Il est essentiel de rénover les infrastructures carcérales, de garantir un accès régulier aux services de base tels que la santé, l’hygiène et la nutrition, et d’assurer la sécurité tant des détenus que du personnel pénitentiaire. Un environnement de détention décent et respectueux des droits humains peut jouer un rôle déterminant dans la prévention des tentatives d’évasion.
Enfin, il est crucial de rappeler que la gestion des prisons doit s’inscrire dans une vision plus large de la réhabilitation des détenus. Les prisons ne doivent pas être uniquement des lieux de détention, mais des centres de réinsertion sociale où les détenus peuvent acquérir des compétences, suivre des formations, et se préparer à une réintégration réussie dans la société. Ce changement de paradigme est essentiel pour briser le cycle de la récidive et contribuer à une société plus sûre.
Ainsi, l’incident tragique survenu à la prison de Makala constitue un appel urgent à l’action pour le gouvernement congolais.
Infos27