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21 novembre, 2024 - 06:23:06
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Villes et migrations internationales : comment utiliser l’immigration pour le développement économique croisé ?

La question de l’immigration est au cœur de l’actualité. Nous en faisons l’expérience quotidienne à travers nos villes, nos cités, et via les médias qui mettent en exergue les événements tragiques, notamment en Méditerranée, où de nombreux Africains et autres nationalités perdent la vie en tentant de migrer. Les récentes lumières sur les pratiques esclavagistes en Libye et ailleurs nous rappellent l’urgence de trouver des solutions pour éliminer les causes profondes de ces drames et de nous orienter vers des initiatives qui pourraient gérer ces flux migratoires au bénéfice du développement de nos villes et de nos États.

Cette réalité touche également ceux qui, pour diverses raisons, sont contraints de quitter leurs lieux d’origine, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de leur pays. Que ces déplacements soient provoqués par des catastrophes naturelles, des conflits, ou des contraintes étatiques, la quête de sécurité et d’un mieux-être est souvent le mobile principal. Qu’il s’agisse de migrations du Sud vers le Nord, motivées par des écarts économiques, ou de mouvements du Nord vers le Sud dans le cadre de la coopération au développement, nous devons également prendre en compte les flux Sud-Sud et les migrations interrégionales.

Nos villes francophones et nos centres urbains peuvent être confrontés à une immigration de main-d’œuvre temporaire ou à une immigration familiale durable. Les pouvoirs publics sont donc tenus de mettre en place des solutions pour maîtriser ces flux entrants et intégrer ces populations dans une bénéfique pour le développement local. À cette fin, il est crucial que les autorités municipales structurent la collecte d’informations sur l’immigration, en créant ou en renforçant des bureaux urbains et communaux dédiés à cette tâche. Ces structures doivent identifier, localiser et profiler les populations immigrées, en centralisant ces données pour mieux orienter les personnes vers les services nécessaires, tels que le logement, l’emploi, ou la sécurité sociale.

De plus, la création d’une banque de données partagées entre villes francophones faciliterait l’échange d’informations et d’expériences, permettant ainsi de répliquer des solutions d’une ville à l’autre. Dans cette optique, il serait pertinent de proposer la mise en place d’un « Haut Conseil Francophone de l’Immigration et de l’Intégration » au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), afin d’harmoniser les politiques migrateurs des villes francophones.

Certaines analyses montrent que des pays peuvent avoir besoin d’une immigration sélective pour pallier le vieillissement de leur population et combler les secteurs en manque de main-d’œuvre qualifiée. Cette harmonisation des politiques permet de passer d’une immigration subie à une immigration choisie, bien que des défis subsistants, notamment sur le plan des droits de l’homme ou concernant les risques de fuite des cerveaux dans les pays d’origine. Il est donc essentiel que cette stratégie s’accompagne de programmes de mobilité équilibrés, permettant de maximiser les avantages pour toutes les parties.

Dans ce contexte, les médias ont un rôle crucial à jouer en sensibilisant les populations, tant dans les pays d’origine que dans les pays de destination, et en informant sur les réalités et les défis de l’immigration. Les enjeux de l’immigration ne se limitent pas aux dimensions nationales ; ils doivent être traités au niveau supranational, avec une coopération étroite entre les villes francophones. Ces villes doivent collaborer, notamment à travers des jumelages, afin de travailler ensemble à la résolution des défis communs et promouvoir un développement inclusif.

Le Haut Conseil Francophone de l’Immigration et de l’Intégration pourrait ainsi devenir un acteur clé, impulsant des solutions aux problèmes d’immigration et aidant les gouvernements nationaux à mieux gérer les flux migratoires au profit du développement de nos États. En outre, une coopération multilatérale renforcée entre pays émetteurs et récepteurs de flux migratoires est nécessaire pour garantir que l’immigration devienne un véritable levier de développement durable.

Les villes francophones doivent également adopter des politiques migratoires orientées vers le développement en mobilisant les compétences et les ressources des diasporas, en soutenant les efforts de reconstruction dans les pays en développement, et en facilitant le retour et la réinsertion socioéconomique des migrants qualifiés. Les migrants, qu’ils résident dans les pays d’accueil ou qu’ils reviennent dans leur pays d’origine, doivent être considérés comme des acteurs à part entière du développement économique.
Plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées :

Reconnaître les associations de migrants comme des acteurs clés de la solidarité internationale ;
Encourager les partenariats entre associations locales et communautés d’origine des migrants ;
Mobiliser les ressources financières et les compétences des migrants au service du développement ;
Développer des cadres de coopération adaptés aux spécificités locales et aux intérêts communs.
Face à ces défis, les villes francophones doivent unir leurs efforts pour que la migration soit maîtrisée et devienne un facteur de développement au service de tous.

Moscou, le 03/10/2024
Joseph Kindundu Mukombo
Diplomate et chercheur
Téléphone: 79850626254
jmkindundu@gmail.com

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