Dans une analyse magistrale et engagée, Julien Paluku Kahongya, politologue chevronné et acteur majeur de la scène politique congolaise, a tracé les contours d’une Quatrième République. S’appuyant sur une critique rigoureuse des échecs des précédents cadres constitutionnels, il exhorte à une réflexion profonde et audacieuse pour redéfinir l’avenir institutionnel de la République démocratique du Congo. Portant la vision du Président Félix Tshisekedi, cette proposition incarne une ambition : bâtir un État fédéral inclusif, à l’image des vastes potentialités et des réalités complexes du pays.
Julien Paluku Kahongya, politologue, ancien gouverneur et actuel ministre du gouvernement central, a exposé une lecture approfondie du projet politique porté par le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo concernant l’émergence d’une Quatrième République. Cette idée, qui s’inscrit dans un contexte de réflexion sur la gouvernance de la République démocratique du Congo (RDC), repose sur une critique des cadres constitutionnels antérieurs et une proposition audacieuse : réimaginer le modèle de gestion étatique.
Un diagnostic sans concession des Républiques passées
Pour Julien Paluku, les trois Républiques qui se sont succédé depuis l’indépendance de 1960 ont échoué à répondre aux défis structurels et quotidiens des Congolais. La Première République, avec un État centralisé, s’est révélée inefficace. La période de transition de 1997 à 2006 a plongé le pays dans une indéfinition institutionnelle. Enfin, la Troisième République, fondée sur une Constitution hybride ni parlementaire ni présidentielle, n’a pas su offrir une stabilité politique durable, comme en témoigne la brièveté des mandats des gouvernements. « Depuis 1960, nous naviguons entre tâtonnement, pauvreté et immobilisme », déclare-t-il, tout en rappelant que la RDC a connu en moyenne un Premier ministre tous les 15 à 18 mois depuis 1970. Une instabilité comparable à celle de la Quatrième République française, marquée par 19 gouvernements en 13 ans, avant l’adoption de la Cinquième République en 1958.
Un appel à un changement fondamental : le fédéralisme
Julien Paluku plaide pour une rupture conceptuelle avec les modèles précédents. À travers son expérience de gouverneur du Nord-Kivu, une province plus vaste que le Rwanda et le Burundi réunis, il souligne l’inadéquation de l’État fortement centralisé ou décentralisé face aux réalités du pays. Selon lui, seule une structure fédérale permettrait de tirer parti de la diversité et des vastes potentialités de la RDC.
S’inspirant des États-Unis et d’autres fédérations réussies, il invite à ne pas rejeter d’emblée cette option sous prétexte d’une fidélité aveugle aux schémas constitutionnels hérités de la colonisation. « Les Congolais du XXIe siècle doivent réfléchir librement aux textes fondateurs de leur avenir. »
La 4ème République : une vision audacieuse et inclusive
Le projet d’une Quatrième République, tel que soutenu par le Président Tshisekedi et défendu par Julien Paluku, repose sur la création d’une commission constituante. Celle-ci serait composée d’experts ayant exercé des fonctions d’État significatives depuis l’indépendance : anciens gouverneurs, présidents d’assemblées provinciales, chefs de gouvernement, etc.
Cette démarche vise à garantir une réflexion pragmatique et ancrée dans la réalité congolaise. Paluku met en garde contre une approche théorique menée par des « néophytes » sans expérience de la gestion administrative ou politique.
Un timing opportun et des ambitions claires
Julien Paluku insiste sur l’importance du contexte actuel : « Nous sommes au début d’un mandat présidentiel. Il ne s’agit pas de temps suspects où un agenda caché pourrait alimenter les accusations de glissement. » Ce moment est donc propice pour poser, avec sérénité, les bases d’une nouvelle gouvernance.
Il appelle à une concertation nationale dès janvier 2025, réunissant toutes les intelligences politiques et administratives du pays, afin de donner vie à ce projet qui, selon lui, doit refléter les aspirations profondes des Congolais.
Julien Paluku conclut avec une note d’espoir : « Vivement la Quatrième République ! » Un appel qui marque non seulement un tournant dans le débat constitutionnel en RDC, mais aussi une volonté affirmée de replacer le pays sur une trajectoire de stabilité, de prospérité et de modernité.
Pitshou Mulumba