En quête de solutions pour endiguer les violences dans l’Est du pays, Félix Tshisekedi intensifie ses efforts diplomatiques en s’appuyant sur des partenaires stratégiques. À Doha, outre les opportunités économiques, le chef de l’État congolais a abordé avec l’Émir du Qatar et le vice-Premier ministre et ministre qatari de la Défense, des questions cruciales liées à la sécurité et à la souveraineté nationale. Dans un contexte de recrudescence des tensions avec Kigali et du soutien persistant du Rwanda au M23, cette visite s’inscrit dans la dynamique de mobilisation internationale pour défendre l’intégrité territoriale de la RDC. Si le Qatar, acteur influent dans la médiation des conflits, offre des perspectives de dialogue, la résolution durable de cette crise reste, pour Kinshasa, un combat qui se mène sur plusieurs fronts.
Arrivé dimanche matin pour un bref séjour de travail à Doha, au Qatar, le président Félix Tshisekedi s’est entretenu avec l’Émir, Son Altesse Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani. Officiellement placé sous le signe du renforcement des relations bilatérales entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Qatar, ce déplacement s’inscrit également dans un contexte marqué par les enjeux sécuritaires cruciaux qui font face à la RDC.
Selon la Présidence congolaise, les discussions entre les deux dirigeants ont porté sur les opportunités d’investissements en RDC, un pays aux ressources naturelles vastes mais sous-exploitées. « Les relations entre nos deux États sont récentes et il est impératif de les entretenir », a déclaré Mme Valérie Lusamba, ambassadrice de la RDC au Qatar, qui a participé à cette rencontre.
La diplomate a souligné que ces liens, bien qu’encore jeunes, sont perçus comme « très importants et appréciés des deux côtés ».
Le Qatar, puissance économique influente et pôle d’investissements internationaux, représente pour la RDC une opportunité stratégique. Les discussions pourraient ouvrir des perspectives dans des secteurs clés tels que les infrastructures, l’agriculture, les mines et l’énergie, renforçant ainsi les bases d’une coopération économique prometteuse.
Sécurité et diplomatie : des enjeux au cœur de la visite
Au-delà des considérations économiques, la paix et la stabilité ont également figuré au menu des échanges, reflétant les préoccupations de la RDC face à la recrudescence des violences dans sa région orientale. Depuis des décennies, cette partie du pays est ravagée par des agressions répétées du Rwanda sous couvert du M23.
Dans ce cadre, Félix Tshisekedi a également rencontré Saoud Al Thani, vice-Premier ministre et ministre qatari de la Défense.
Bien que les détails de cette séance de travail soient restés confidentiels, elle illustre l’engagement de la RDC à explorer toutes les voies pour protéger son intégrité territoriale. Le choix du Qatar pour un tel dialogue n’est pas fortuit : ce pays a souvent tenté de jouer un rôle de médiateur dans divers conflits internationaux, une posture qui pourrait s’avérer bénéfique dans la crise RDC-Rwanda.
Ce déplacement de Félix Tshisekedi intervient alors que les tensions entre Kinshasa et Kigali sont à leur paroxysme. L’échec, en 2023, de la rencontre annoncée entre les présidents Tshisekedi et Kagame à Doha, et puis le refus récent du Rwanda de signer un accord de paix à Luanda, témoignent d’une impasse persistante.
Si aucune médiation immédiate du Qatar n’est envisagée pour l’instant, l’Émirat pourrait, par sa neutralité et son influence diplomatique, contribuer à créer un climat favorable au dialogue et à la désescalade. Le Qatar, grâce à son expérience dans la facilitation de pourparlers complexes sur la scène internationale, pourrait jouer un rôle pivot dans la recherche de solutions durables pour cette crise. Cependant, la RDC reste consciente que la paix et la stabilité passent également par une défense vigoureuse de ses intérêts sur les fronts diplomatiques et militaires.
Diversification des partenariats : une stratégie pour l’avenir
En se rendant à Doha, Félix Tshisekedi ne fait pas seulement preuve de pragmatisme face à la crise sécuritaire, mais il affirme également une vision claire de diversification des partenariats internationaux. Le Qatar, en tant que hub économique mondial, offre à la RDC des opportunités uniques pour attirer des investissements qui pourraient accélérer le développement du pays et renforcer son influence sur la scène internationale.
Cette visite s’inscrit dans une dynamique plus large où la RDC cherche à consolider son rôle d’acteur stratégique en Afrique, tout en mettant en avant son potentiel économique et son aspiration à devenir un partenaire fiable sur la scène mondiale. Félix Tshisekedi, par cette initiative, réaffirme l’engagement de son pays à s’ouvrir à de nouveaux horizons et à multiplier les alliances stratégiques pour relever les défis sécuritaires et économiques qui entravent son développement.
Cependant, la question centrale demeure : jusqu’où le Qatar pourra-t-il s’impliquer dans la résolution de la crise RDC-Rwanda ? Si les Congolais espèrent un soutien diplomatique accru, ils restent lucides sur le fait que l’issue de cette crise repose également sur leur capacité à défendre leurs intérêts avec fermeté et à bâtir des solutions durables pour leur avenir.
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