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30 janvier, 2025 - 18:32:38
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Guerre dans l’Est de la RDC : changer de paradigme pour vaincre l’ennemi

Goma, la capitale du Nord-Kivu, est le théâtre ces jours-ci de combats entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 soutenus par les unités spéciales rwandaises. Selon Top Congo FM, Ces derniers «ont pris position sur la quasi-totalité des points stratégiques de la ville, ce qui leur confère un contrôle militaire et tactique sur des zones cruciales ». La terreur et le chaos règnent en maître. Cette tambouille dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) dure depuis trois décennies. Ce qui exaspère les Congolais. Face à l’enfumage de la nébuleuse communauté internationale et à l’ambiguïté de l’Union africaine (UA), la RDC doit changer de paradigme pour vaincre l’ennemi.

Depuis le jeudi 23 janvier à l’aube, c’est une véritable guerre meurtrière qui oppose les FARDC aux troupes rebelles du M23 appuyées par ses alliés rwandais à Goma.

Dimanche 26 janvier, les combats ont doublé d’intensité. La riche région orientale a basculé dans l’horreur. Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur demande pressante de la RDC, dont la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, présente à New York pour exiger « des sanctions ciblées » contre les agresseurs de la RDC. Évacuation de tous les diplomates rwandais de la RDC et rupture des relations entre les deux pays : c’est l’escalade dans la région des Grands Lacs africains, notamment entre ces deux pays voisins.

Les questions qui se posent sont les suivantes : que faut-il encore attendre de la médiation angolaise ? L’espoir est-il toujours permis ? Les parties prenantes poursuivront- elles les discussions ? Le président Joao Lourenço continuera-t-il à chercher des solutions ? La RDC finira-t-elle par négocier avec le M23, dont le Rwanda considère les combattants comme des Congolais ? Quoi qu’il en soit, des efforts doivent être consentis pour trouver une solution appropriée à cette crise en RDC.

Enfumage de la communauté internationale
Ici, on peut observer avec consternation les gesticulations ineptes de la communauté internationale, laquelle sait bien que la situation dans cette région est complexe. Tous les indicateurs sont suffisamment alarmants pour ne pas s’étonner de la réaction des décideurs internationaux.

Qui peut inciter les Congolais à croire que la communauté internationale se dit préoccupée par la guerre dans l’Est de la RDC ? Qui peut croire à la pression que la communauté internationale entend faire sur le Rwanda pour retirer ses troupes de la RDC et cesser tout soutien au M23 ? Stop à l’enfumage ! On peut conclure, ici, sans une once de doute, que la communauté internationale joue le jeu politique du Rwanda dans le conflit qui l’oppose à la RDC : indignation sélective, préoccupation alambiquée et réaction lente.

La RDC a toujours réclamé des sanctions contre l’État rwandais, mais la communauté internationale, elle, appelle aux négociations. Toutefois, toutes les tentatives dans ce sens se sont soldées par des échecs. Le week-end du 26-27 janvier, le chef de l’État français, Emmanuel Macron, a parlé aux présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi sans trop de résultats : du verbiage pour ménager les intérêts de la France dans la région des Grands Lacs africains.

L’hypocrisie de la communauté internationale face à l’agression rwandaise contre la RDC n’est donc plus à prouver. Cette nébuleuse est et reste amie du Rwanda. Si les Congolais ne sont pas dupes des demi-vérités et des faux espoirs, ils doivent s’assumer.

Ambiguïté de l’Union africaine

Dans cette guerre, la position de l’UA pose problème, car l’organisation panafricaine, en qualifiant les rebelles du M23 d’« opposition politico-militaire au régime de Kinshasa », jette la consternation et la colère en RDC.
À moins que le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, en diplomate averti n’ait choisi de souffler sur les braises incandescentes, en soutenant ouvertement le M23, et en ne condamnant pas l’agression de cette rébellion.

C’est un choix délibéré qui discrédite du coup l’UA dans cette guerre, car, entre les deux belligérants, le rôle de l’organisation continentale est d’apaiser, de trouver des solutions pacifiques et non d’avoir un discours partisan. Moussa Faki a manqué, et au-delà l’UA a raté encore une occasion d’être au-dessus de la mêlée : dommage !

Changer de paradigme

Et si la RDC déclarait officiellement la guerre au Rwanda ? Nous l’avons déjà dit. Nous le répétons : la solution diplomatique à l’agression dont est victime la RDC de la part du Rwanda a épuisé toutes les possibilités de compromis. Autrement dit, toutes les tentatives de négociation ont échoué. Par conséquent, il faut changer de paradigme, c’est-à-dire sortir des sentiers battus pour vaincre l’ennemi.

Paul Kagame n’entend que le langage de la force et ne s’impose que par celle-ci. Passionné en la matière, c’est sa façon de faire de la politique (le dialogue, il s’en moque royalement). Pleurer, crier, prier, gémir…Tout cela est faiblesse. Seul, l’usage de la force s’impose. Il faut s’inscrire dans un rapport de force avec le Rwanda. Parfois, la paix est le fruit d’une victoire militaire.
Selon toutes les apparences, le Rwanda ne s’engagera pas à retirer ses troupes de la partie Est de la RDC. Le plan de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), réclamé par Kigali, est un leurre. Car, c’est enlever tout prétexte de la présence rwandaise en RDC. Pour Paul Kagame, qui n’entend pas abandonner ses visées expansionnistes, c’est son fond de commerce. Et les complices internes (politiques, militaires et membres de la société civile) doivent être dénoncés et sanctionnés.

C’est pourquoi, il est souhaitable et souhaité d’aller dans son sens. Ce qui s’avère impératif et urgent dans le contexte d’aujourd’hui. Toutefois, il faut se dire que la diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments (Otto Von Bismarck).
Par conséquent, sans trop entrer dans les détails, les FARDC doivent être reformées en profondeur, organique et opérationnelle. Les FARDC souffrent de lacunes techniques et opérationnelles avérées. Peu formées et mal payées, elles sont régulièrement réduites à vivre sur le pays (Fourrageage) en s’aliénant la population. Sans parler des officiers et leurs unités dont le comportement contribue à entretenir les dynamiques conflictuelles locales, tout en décrédibilisant l’État.

Aucun État au monde ne travaillera pour l’intérêt de la RDC. Ou ne se décarcassera pour les Congolais afin qu’ils retrouvent leur crédibilité, leur allure d’antan…Il serait présomptueux de penser le contraire.
L’heure est grave, très grave ! S’affairer au dossier de la guerre dans l’Est – un enjeu majeur en ce qui concerne la sauvegarde de l’intégrité territoriale- c’est servir le bien commun. Que l’on ne s’y méprenne pas : dans cette partie du territoire national se joue la balkanisation de la RDC, un plan auquel le peuple congolais doit faire échec.

Robert Kongo, correspondant en France

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