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19 décembre, 2025 - 19:38:20
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Washington, l’accord du siècle ? Moïse Moni Della salue une « victoire de la souveraineté congolaise », mais appelle à la prudence

Le pré-accord de paix paraphé à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda suscite une onde de soulagement dans les cercles politiques en République démocratique du Congo. Pour Moïse Moni Della, ancien vice-ministre de l’Information et cofondateur de l’UDPS, l’heure est à la célébration de la souveraineté retrouvée – mais sans perdre de vue les leçons du passé.

C’est par une citation de l’ancien Premier ministre et un grand diplomate congolais, Jean Nguza Karl-i-Bond, que Moïse Moni Della a choisi d’introduire sa réaction à l’accord préliminaire conclu le 17 juin à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. « En diplomatie et en politique, il faut savoir accepter ses échecs et, en cas de victoire, savoir la célébrer avec faste », rappelle-t-il. Une manière d’insister sur la portée historique du texte paraphé sous l’égide des États-Unis : « C’est un événement de dimension mondiale qui va mettre fin à ce que d’aucuns qualifiaient de “guerre mondiale de l’Afrique”. »

L’accord de la réaffirmation

Pour Moïse Moni Della, « la plus grande victoire de cet accord, c’est la réaffirmation de la souveraineté et de l’intangibilité des frontières du Congo ». Une ligne rouge longtemps bafouée dans la région des Grands Lacs, où les ingérences et les revendications territoriales ont nourri une instabilité chronique. L’ancien vice-ministre n’en fait pas une victoire partisane. « Ce n’est pas celle d’un homme, ni d’un parti, ni même d’un gouvernement. C’est la victoire de tous les patriotes congolais, et au-delà, de tous les panafricanistes qui veulent un Congo uni et fort, malgré nos différences. »

Il voit dans le rôle du président Félix Tshisekedi un coup de génie diplomatique : « Qui aurait cru que cette guerre, longue et populaire, qui a détruit la vie de millions de Congolais pendant plus de 30 ans, se terminerait sans crépitement d’armes, aux États-Unis ? »

La paix, conditionnelle et fragile

Mais Moni Della se veut lucide : « Gare à l’emballement ! Ce ne serait pas la première fois que la RDC et le Rwanda signent un accord pour ensuite replonger dans le chaos. » Il en appelle à une vigilance constante, soulignant que « la fin de cette guerre dépendra de la capacité de la RDC à devenir une véritable puissance militaire régionale ». À ses yeux, la clé reste dans la maîtrise du territoire et la neutralisation durable des groupes armés : « Tant qu’on n’aura pas imposé l’autorité de l’État, nous resterons à la merci de nouvelles déstabilisations. »

Il met également en garde contre une lecture simpliste du conflit : « Ce serait une erreur monumentale de croire que seuls le Rwanda et le M23 sont responsables. Chaque groupe armé, local ou étranger, apporte son lot de malheur. Les uns visent l’expansion, les autres des revendications locales. Mais tous convergent dans le pillage de nos ressources. »

Un précédent oublié, un avenir à construire

L’orateur rappelle qu’en 2013 déjà, un accord-cadre avait été signé à Addis-Abeba, également sous l’impulsion de la communauté internationale. « Les États-Unis en étaient aussi signataires, mais cet accord, qui consacre les mêmes principes, n’a jamais été respecté. » Selon lui, le problème ne réside pas tant dans les textes que dans leur mise en œuvre et leur appropriation par les peuples concernés.
C’est pourquoi il appelle à un débat interne : « Il ne serait pas superflu d’organiser un dialogue entre Congolais, pour que chacun puisse s’approprier l’accord de Washington. » Un message qui vise aussi à prévenir les fractures internes potentielles, à l’approche de la signature formelle prévue le 27 juin.

Un patriotisme de principe

Depuis plusieurs années, Moïse Moni Della s’exprime en « porte-parole du peuple », titre qu’il revendique aux côtés de celui de président du parti Conade. Figure de l’opposition, il tient à inscrire ce tournant dans une continuité : « Cet accord honore les luttes passées. Il montre qu’un Congo souverain et digne est possible. Mais il faut rester debout, vigilant et exigeant. »

L’enthousiasme est donc tempéré par la mémoire. « La paix est une conquête permanente, pas une signature. »

Infos27

 

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