Dans une tribune au ton à la fois lucide et provocateur, publiée dimanche 26 octobre 2025 sur son compte X, Steve Mbikayi, président du Parti travailliste et ancien ministre de l’Enseignement supérieur, remet en question l’ordre des priorités nationales. Entre appels au dialogue, préparatifs électoraux et quête de sécurité, il tranche sans détour : tant que la question des FDLR ne sera pas réglée, tout reste illusoire. Accusant Paul Kagame d’entretenir un « fonds de commerce » sur fond d’occupation du territoire congolais, Steve Mbikayi appelle à un véritable dialogue interrwandais pour clore ce dossier à la racine. Dans un contexte où les initiatives diplomatiques se multiplient de Luanda à Doha, sa sortie résonne comme un rappel brutal : sans paix à l’Est, la démocratie demeure suspendue.
La tribune publiée dimanche par Steve Mbikayi sur son compte X (ancien Twitter) a fait l’effet d’un électrochoc dans le débat politique congolais. Intitulée « Sécurité, dialogue et élections : la hiérarchie des priorités », elle place la question sécuritaire au-dessus de toutes les autres préoccupations, au moment où le pays s’interroge sur la tenue effective des élections générales et sur la relance d’un éventuel dialogue politique.
« La priorité n’est ni le dialogue ni les élections. Elle réside ailleurs, dans la résolution de la problématique des FDLR », écrit Mbikayi, évoquant les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, groupe hutu armé réfugié en RDC depuis 1994. Selon lui, le régime de Paul Kagame instrumentalise leur présence pour justifier son incursion militaire dans l’Est congolais et maintenir une mainmise sur les richesses du sous-sol.
« Les FDLR ne sont pas une menace, mais une aubaine pour Kagame », accuse-t-il, rappelant que le Rwanda a longtemps eu la capacité de neutraliser ces combattants, notamment durant les années où le RCD, soutenu par Kigali, contrôlait le Nord-Kivu.
Mbikayi dénonce un « jeu de dupes » dans lequel la communauté internationale, selon lui, joue un rôle ambigu. Celle-là même, écrit-il, « qui en 1994 nous a demandé d’accueillir les réfugiés hutu armés, exige aujourd’hui que nous réglions seuls un problème qu’elle a contribué à créer ».
Face à cette impasse, l’ancien ministre avance une solution inattendue : un dialogue interrwandais impliquant les FDLR et d’autres composantes politiques exclues du système de Kigali. « Leur retour pacifique au Rwanda est la seule issue viable », estime-t-il, dénonçant le deux poids, deux mesures d’une communauté internationale qui exige de Kinshasa de dialoguer avec le M23, « un mouvement qui a massacré plus de 10 000 Congolais à Goma », tout en fermant les yeux sur le refus de Kigali d’en faire autant avec ses propres dissidents.
Sur le plan intérieur, Steve Mbikayi appelle les Congolais à ne pas confondre urgences politiques et priorités nationales. Selon lui, tant que la sécurité ne sera pas rétablie dans l’Est, les élections ne pourront qu’entretenir « l’illusion démocratique » et les dialogues successifs ne feront qu’intégrer davantage de combattants rwandais au sein des institutions congolaises.
« Les dialogues, il y en a eu : AFDL, RCD, CNDP, M23… Chaque fois, les mêmes causes ont produit les mêmes effets », résume-t-il, avant de rappeler qu’un dialogue interne pourra certes avoir son utilité, mais seulement « pour traiter nos problèmes domestiques » : la prolifération des groupes armés, la question communautaire ou encore l’adaptation de la Constitution aux réalités nationales.
Sa tribune se conclut par un proverbe luba qui sonne comme une métaphore politique : « Muana usama buloba busama ne wakuila nganyi ? » — Si l’enfant est malade et que la terre est malade, pour qui plaideras-tu d’abord ?
En d’autres termes, avant toute reconstruction démocratique ou réforme politique, le Congo doit d’abord guérir de sa blessure la plus profonde : l’insécurité chronique de l’Est.
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