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12 novembre, 2025 - 19:15:35
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Ouverture du procès Lumbala à Paris : un signal fort contre les crimes actuels de Nangaa et de son AFC/M23

Le procès de Roger Lumbala, ancien chef rebelle congolais, s’est ouvert mercredi devant la Cour d’assises de Paris pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à une association de malfaiteurs, en lien avec des faits survenus entre 2002 et 2003 dans l’est de la République démocratique du Congo. Arrêté à Paris en décembre 2020 et inculpé en novembre 2023 au titre du principe de compétence universelle, Lumbala devient le premier ressortissant congolais jugé en France pour des atrocités commises sur le sol congolais. Au-delà de la justice pour les victimes du passé, ce procès envoie un message clair : l’impunité n’est pas un privilège éternel. Les acteurs armés contemporains, tels que l’AFC/M23 sous l’instigation du Rwanda, doivent comprendre que les massacres et crimes commis aujourd’hui ne resteront pas impunis. La justice, nationale ou internationale, finira par rattraper ceux qui versent le sang congolais pour des ambitions criminelles.

Le procès de Roger Lumbala, 67 ans, ancien chef rebelle congolais, s’est ouvert mercredi devant la Cour d’assises de Paris. L’homme est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à une association de malfaiteurs, en lien avec des faits commis entre 2002 et 2003 dans l’est de la République démocratique du Congo, notamment lors de l’opération « Effacer le tableau » menée par le RCD-National à Beni, territoire riche en minéraux du Nord-Kivu.

Compétence universelle et leçons pour l’avenir

Les autorités françaises avaient arrêté Roger Lumbala à Paris en décembre 2020, avant de l’inculper en novembre 2023, en vertu du principe de compétence universelle. Selon ce principe juridique, les États peuvent enquêter sur des crimes graves et poursuivre les individus responsables, quel que soit le lieu où ces crimes ont été commis ou la nationalité des suspects ou des victimes. Il s’agit du premier procès fondé sur la compétence universelle pour des atrocités commises en RDC par un ressortissant congolais, un jalon historique pour la justice internationale qui honore la persévérance des victimes et des survivants.

La RDC reste aujourd’hui en proie à un conflit qui dure depuis plus de trente ans. Entre août 1998 et juillet 2003, les combats ont opposé le gouvernement congolais au Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et à plusieurs forces armées étrangères, notamment du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. Roger Lumbala a fondé et dirigé le RCD-National, soutenu par l’Ouganda, dans une guerre qui a fait plus d’un million de morts.

Plusieurs dizaines de témoins doivent être entendus au cours du procès. Lumbala a demandé l’audition de personnalités politiques congolaises de premier plan, dont Jean-Pierre Bemba, actuel vice-Premier ministre, et Constant Ndima, ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu, ainsi que d’anciens membres du RCD-N. À ce stade, leur réponse n’a pas été communiquée.

Les avocats de Lumbala ont transmis formellement la citation à Jean-Pierre Bemba, transmise aux autorités congolaises via l’ambassade de France à Kinshasa. En amont du procès, l’ambassadeur avait rencontré à plusieurs reprises les ministres congolais de la Justice pour clarifier la procédure, notamment Constant Mutamba en avril 2025, Mbemba en juillet, puis Guillaume Ngefa en septembre.

Au-delà de la dimension judiciaire, ce procès doit servir de leçon aux auteurs actuels d’atrocités en RDC. Les acteurs de l’AFC/M23, sous l’instigation du Rwanda, ainsi que leurs complices identifiés ou dissimulés, doivent savoir qu’ils seront tôt ou tard tenus responsables des massacres et violences commis. Que ce soit en RDC ou ailleurs, ceux qui tuent, violent et massacrent aujourd’hui, seront confrontés à la justice demain.

Depuis plus de trente ans, l’absence quasi totale de reddition de comptes a nourri des cycles d’abus et de violences répétées. La communauté internationale, en soutenant les poursuites fondées sur le principe de compétence universelle, offre aux victimes un accès réel à la justice et envoie un signal fort : l’impunité n’est jamais définitive et la responsabilité prime, sur le court comme sur le long terme, dans l’histoire du pays.

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