Un retrait proclamé ne vaut pas un retrait constaté. En contestant publiquement l’annonce faite par l’AFC/M23 d’un désengagement de la ville d’Uvira, le gouvernement provincial du Sud-Kivu rappelle une exigence simple : la vérité du terrain doit primer sur la mise en scène. À l’heure où la pression internationale s’intensifie sur le Rwanda, les autorités provinciales du Sud-Kivu appellent à des vérifications indépendantes, tout en alertant sur la persistance des menaces sécuritaires et humanitaires. Ce refus de céder à l’effet d’annonce s’inscrit dans une ligne politique ferme : seule une cessation effective des violences, un retrait total et contrôlé des forces étrangères et de leurs supplétifs, ainsi qu’un accès humanitaire sans entrave, peuvent ouvrir la voie à une désescalade crédible. En filigrane, c’est aussi un message adressé aux partenaires internationaux : l’Est congolais ne peut plus être le théâtre de récits fabriqués. La paix s’y mesurera aux faits, pas aux images.
Le gouvernement provincial du Sud-Kivu a contesté, jeudi 18 décembre, l’annonce par l’AFC/M23 d’un retrait progressif de la ville d’Uvira, dénonçant dans un communiqué officiel une « manœuvre de dissimulation » visant, selon lui, à réduire la pression internationale sans traduire un désengagement militaire réel sur le terrain.
Les autorités provinciales affirment que la situation sécuritaire demeure inchangée dans plusieurs secteurs et appellent à la vigilance, alors que combats et déplacements de populations se poursuivent dans l’est de la République démocratique du Congo. Elles indiquent suivre « de près l’évolution de la situation » depuis l’annonce faite la veille par l’AFC/M23, tout en mettant en garde contre une communication jugée « floue » et non vérifiable.
Sans vérification indépendante, pas de crédibilité politique
Selon le gouvernement provincial, les images diffusées sur les réseaux sociaux montreraient des convois « presque vides », essentiellement composés de chauffeurs, sans précision sur les zones de repli ni supervision indépendante permettant de confirmer un retour aux positions antérieures, notamment vers Kamanyola. D’autres mouvements observés la nuit suivante feraient état de redéploiements vers les Moyens et Hauts Plateaux d’Uvira et le territoire de Fizi, alimentant la crainte d’un encerclement de la ville.
Les autorités évoquent également la présence persistante d’éléments armés à proximité d’Uvira, certains à moins de dix kilomètres, ainsi que l’apparition de « nouvelles figures en tenue civile », interprétée comme une tentative de dissimulation. À ces éléments s’ajoutent des inquiétudes économiques : le gouvernement provincial redoute des actes de pillage visant des infrastructures stratégiques, dont la sucrerie du Kivu, en cours de relance, un projet soutenu par le chef de l’État et porteur de milliers d’emplois.
Dans ce contexte, l’exécutif provincial rejette l’idée d’un retrait de bonne foi et dénonce une « manipulation » destinée à façonner un récit international favorable sans cessation des violences. Il appelle la communauté internationale : Nations unies, Union africaine, Union européenne et organisations de défense des droits humains, à renforcer les condamnations et à intensifier la protection des civils.
Le gouvernement provincial demande en outre aux États-Unis et à leurs partenaires d’exiger un retrait total et effectif de toutes les forces rwandaises et des éléments qu’elles contrôlent, conformément au droit international, ainsi qu’une réponse humanitaire urgente en faveur des populations déplacées, notamment celles réfugiées au Burundi depuis le 9 décembre.
Sous la conduite du gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki, les autorités du Sud-Kivu réaffirment enfin leur engagement en faveur de la protection de toutes les populations civiles, de l’intégrité territoriale de la RDC et de la promotion d’une paix fondée sur la vérité et le respect des droits humains.
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