L’indulgence est terminée. En décidant de suspendre pour quarante-cinq jours plus d’une vingtaine de chaînes de télévision à travers la République démocratique du Congo, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a posé un acte de régulation clair, assumé et sans équivoque. En ligne de mire : la diffusion illégale des matchs de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), sans droits acquis, en violation manifeste des lois sur la propriété intellectuelle et des règles élémentaires de la déontologie médiatique. Au-delà de la sanction, la décision consacre un tournant : celui d’un régulateur qui refuse désormais de laisser le secteur audiovisuel s’enliser dans l’approximation, l’informel et l’impunité. De Kinshasa à Lubumbashi, de Matadi à Kolwezi et Likasi, l’ampleur des chaînes concernées révèle un phénomène systémique, lourd de conséquences pour l’économie des médias et pour la rémunération légitime des ayants droit. En frappant fort, le CSAC ne se limite pas à punir : il fixe une frontière. La liberté d’émettre ne saurait être confondue avec le droit de pirater. Dans un paysage médiatique en quête de crédibilité et de professionnalisation, le message est limpide : sans respect des règles, il n’y aura ni confiance durable, ni avenir viable pour l’audiovisuel congolais.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a ordonné la suspension, pour une durée de quarante-cinq jours, de plusieurs chaînes de télévision émettant sur le territoire national, reconnues coupables de piratage de signaux et de diffusion frauduleuse de contenus protégés par la loi.
La décision, rendue publique le 23 décembre 2025 à Kinshasa, vise notamment des chaînes basées à Kinshasa, Lubumbashi, Matadi, Kolwezi et Likasi, parmi lesquelles Bula Matadi TV, RTM, Bsport TV, CRTV, Central TV, De la Foi TV, Kinshasa TV, RTEC, Six TV, Sport7-TV, Shaloom TV, Dynamique TV, Fire TV, Magloire TV, M6 TV, Mwangaza TV, RTIV, Al Fajiri TV, Hero TV, ainsi que plusieurs déclinaisons régionales de CRTV et RTM.
Selon le CSAC, ces médias ont diffusé, sans autorisation légale, des matchs de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), portant ainsi atteinte aux droits exclusifs des détenteurs officiels de diffusion. Une pratique qualifiée de « violation grave » des règles en matière de communication audiovisuelle et de droits d’auteur.
En s’appuyant sur la législation en vigueur et sur les principes de déontologie professionnelle, le régulateur audiovisuel rappelle que la liberté de la presse, garantie par la Constitution, s’exerce dans le strict respect de l’ordre public, des droits d’autrui et des lois économiques.
Le piratage des signaux sportifs, au-delà de son caractère illégal, affaiblit durablement l’écosystème médiatique : il fausse la concurrence, décourage l’investissement et prive les ayants droit de revenus essentiels à la production de contenus de qualité.
Le CSAC a en outre exigé que les directeurs des programmes des médias concernés se présentent dans un délai de sept jours au secrétariat du Conseil, munis de leurs dossiers administratifs, contrats et grilles de programmes actualisées, sous peine de sanctions plus lourdes.
Par cette décision, le régulateur congolais adresse un message sans détour à l’ensemble du secteur : la modernisation de l’audiovisuel national passe par le respect strict des règles. À l’heure où les droits sportifs représentent un enjeu économique majeur en Afrique, Kinshasa entend montrer que l’ère de l’anarchie médiatique touche à sa fin.
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