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Kinshasa
30 janvier, 2025 - 19:27:39
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Crise sécuritaire dans l’Est : Kinshasa exige des mesures fermes du Conseil de sécurité de l’ONU contre Kigali

Alors que les troupes rwandaises, sous couvert du M23, intensifient leur avancée dans le Nord-Kivu, la République démocratique du Congo hausse le ton et porte ses exigences au Conseil de sécurité de l’ONU. Kinshasa réclame le retrait immédiat des forces rwandaises et la cessation des hostilités, assortis de sanctions ciblées contre les responsables de cette agression. Le gouvernement congolais exige également un embargo sur les ressources minières exploitées illicitement par Kigali, ainsi que la révocation du Rwanda en tant que contributeur aux missions de maintien de la paix des Nations unies. Enfin, la RDC demande une transparence absolue sur les flux d’armes vers le Rwanda. Face à cette situation critique, Kinshasa attend une réaction forte et immédiate de la communauté internationale pour mettre fin à cette agression et restaurer la stabilité régionale.

Face à l’aggravation du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa durcit le ton et formule des exigences précises à la communauté internationale. Alors que les troupes rwandaises, sous couvert du mouvement terroriste M23, poursuivent leur avancée dans le Nord-Kivu, le gouvernement congolais réclame des actions immédiates pour mettre fin à cette agression qui menace l’intégrité territoriale et la stabilité régionale.

Retrait immédiat et cessation des hostilités

Première exigence de la RDC : le retrait sans condition des forces rwandaises opérant sous l’étendard du M23 et l’arrêt total des hostilités. Kinshasa pointe du doigt le rôle actif de Kigali dans la déstabilisation du Nord-Kivu et appelle à une action concertée des Nations unies, de l’Union africaine et des partenaires régionaux pour imposer ce retrait.

Sanctions ciblées contre les responsables de l’agression

Le gouvernement congolais réclame des sanctions individuelles contre les hauts responsables militaires et politiques impliqués dans le soutien au M23. Kinshasa demande à la communauté internationale de geler les avoirs et d’interdire de voyage les acteurs identifiés comme instigateurs de la guerre en cours, en s’appuyant sur des preuves documentées par plusieurs rapports onusiens et organisations indépendantes.

Embargo sur les ressources naturelles déclarées comme rwandaises

Accusant Kigali de piller les ressources minières du Nord-Kivu, la RDC exige l’imposition d’un embargo international sur l’exportation de minerais déclarés comme rwandais. L’objectif est de couper les circuits financiers qui alimentent la guerre et d’empêcher le Rwanda de profiter illicitement des richesses congolaises. Cette mesure vise notamment les exportations de coltan, d’or et de cassitérite, dont une grande partie provient illégalement des zones sous occupation du M23.

Exclusion du Rwanda des missions onusiennes de maintien de la paix

Kinshasa exige la révocation du Rwanda en tant que contributeur de troupes aux missions de l’ONU. Estimant que Kigali ne peut se présenter comme acteur de la paix tout en menant une guerre de déstabilisation, la RDC appelle les Nations unies à reconsidérer leur collaboration militaire avec ce pays, qui fournit actuellement des contingents aux opérations de maintien de la paix en Afrique.

Transparence totale sur le transfert d’armes au Rwanda

Enfin, la RDC exige un contrôle strict et une transparence absolue sur les flux d’armes vers le Rwanda. Kinshasa demande des enquêtes internationales pour identifier les États et les entreprises impliqués dans la fourniture d’armement à Kigali, en violation des principes de non-agression et de stabilité régionale.

Ces exigences, portées avec fermeté par le gouvernement congolais, traduisent une volonté claire : mettre fin à l’impunité du Rwanda et obtenir une mobilisation internationale pour restaurer la paix dans l’Est du pays. Reste à savoir si la communauté internationale entendra cet appel et prendra enfin les mesures nécessaires pour contraindre Kigali à cesser son ingérence militaire en RDC.

Infos27

INTERVENTION DE SON EXCELLENCE MADAME THERESE KAYIKWAMBA WAGNER, MINISTRE D’ÉTAT, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, COOPERATION INTERNATIONALE ET FRANCOPHONIE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

9853ème Séance du Conseil de Sécurité des Nations Unies : « La situation concernant la République Démocratique du Congo »

Monsieur le Président,

Distingués membres du Conseil,

Permettez-moi, au nom du Gouvernement et du peuple de la République Démocratique du Congo, d’exprimer mes remerciements pour la convocation de cette seconde réunion en quarante-huit heures sur la situation sécuritaire dans mon pays. Je tiens à saluer l’engagement de la présidence algérienne du Conseil ainsi que les efforts constants de ceux qui, malgré les vents contraires, œuvrent sans relâche pour la paix et la sécurité internationales.

Avant de poursuivre, permettez-moi de saluer le sacrifice ultime consenti au cours des dernières quarante-huit heures par les soldats de la paix de la MONUSCO et de la SAMIDRC en République Démocratique du Congo. Je rends également hommage au courage et à la résilience des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), ainsi qu’à la mémoire des populations civiles congolaises, victimes de l’assaut impitoyable du Rwanda.

Nous, la République Démocratique du Congo, reconnaissons également les pertes en vies humaines parmi les soldats rwandais au cours des affrontements. Tandis que le Rwanda persiste obstinément à imposer son faux récit prétendant ne pas mener une guerre en République Démocratique du Congo, cette position coûte cher aux familles des centaines de soldats rwandais tombés dans cette guerre insensée. Même si leur propre pays refuse de les reconnaître, de leur rendre hommage ou d’accorder à leurs familles le droit de pleurer leur perte, nous, la République Démocratique du Congo, savons combien la guerre dépasse toutes les frontières. Nous reconnaissons que la folie dans laquelle Kigali nous a entraînés fait des victimes de partout dans la ville de Kinshasa, j’aimerai ici rassurer nos partenaires que le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des missions diplomatiques accréditées en République Démocratique du Congo. Ces incidents profondément regrettables ne reflètent en rien l’engagement constant de notre pays envers le respect du droit international et des principes qui régissent les relations diplomatiques.

Aujourd’hui, si nous sommes ici encore une fois, en moins de quarante-huit heures, nous devons impérativement avoir le courage de nous poser cette question : quel était l’impact concret de la déclaration de ce Conseil du 26 janvier ?

Monsieur le Président,

À Goma, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), soutenues par la MONUSCO et les troupes de la SADC, continuent avec bravoure à combattre. Mais cette défense héroïque et déterminée ne saurait masquer l’ampleur du drame. Une fois de plus les soldats de la paix, dont quatre soldats Sud-Africains de la SAMIDRC, ont payé le prix ultime de leur détermination. Ces victimes de plus ne sont autre que le résultat des actes criminels constitutifs de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, perpétrés par les RDF en toute liberté et sous silence de ce Conseil.

Mesdames et Messieurs, permettez-moi une parenthèse. Parmi les quatre valeureux casques bleus sud-africains tombés à Goma, l’un d’entre eux n’a pas succombé directement pendant le combat, mais il a succombé à ses blessures. Ce drame illustre tragiquement la réalité actuelle : des vies se perdent dans une ville assiégée, privée d’électricité, d’eau et de voies d’évacuation. Tel est aujourd’hui le sort de millions de personnes à Goma : piégées, sans accès à l’eau, à l’électricité, à la nourriture ou à un abri sûr. C’est la tragédie partagée par les citoyens congolais, ainsi que par des milliers de soldats de la paix et d’humanitaires pris au piège.

Je me remémore les mots poignants de la Représentante spéciale Madame Bintou Keita il y a deux jours : “Nous sommes piégés.”

Les dernières vingt-quatre heures, plus de cent blessés ont été accueillis dans les centres de santé du Comité International de la Croix Rouge et la situation humanitaire continue à se dégrader avec plus de cinq cent mille nouveaux déplacés dans les Provinces du Nord et Sud-Kivu pour le mois de janvier uniquement.

Les Forces de Défense Rwandaises (RDF) et leurs supplétifs du M23 ont franchi nos frontières, occupent nos villes et nos villages, chassent nos compatriotes de leurs foyers et installent une administration parallèle en violation du droit international et ce, en violation des positions claires de ce Conseil.

Jusqu’ à quand le Rwanda continuera-t-il d’abuser de votre respect et de votre autorité ? Quel instrument international doit-il encore violer pour que ce Conseil prenne enfin les mesures nécessaires contre Kigali ?

De la Charte des Nations Unies, au droit international humanitaire, aux droits de l’homme, en passant par les processus de paix de Luanda et de Nairobi, le Rwanda a prouvé que vos déclarations ne lui importent guère. Le cessez-le-feu du 04 Août 2024 n’a été, pour lui, qu’une chimère, et il s’est permis d’ignorer vos avertissements du 26 janvier 2025, allant jusqu’à bombarder des hôpitaux et des maisons dans la ville de Goma. Pas plus tard que dimanche 26 Janvier, le Rwanda, pays contributeur en troupes des Nations Unies, par le truchement de son représentant, a considéré ce Conseil comme complice de sa déstabilisation, allant jusqu’à associer la MONUSCO à cette démarche invraisemblable. Si cette stratégie a porté des fruits par le passé, le temps de la manipulation et du mensonge est désormais révolu.

La vie de la population civile, privée de moyens de subsistance depuis maintenant quatre jours à Goma, dépend des décisions que vous devez prendre aujourd’hui. Nous ne sommes pas venus aujourd’hui vous dire ce que vous ne connaissez pas. Mais nous sommes venus vous demander de prendre le courage de faire ce qui est droit et ce qui est dans vos prérogatives. Les vies des civils ne peuvent pas être pendus à la machinerie politicienne qui observe sans agir. Nous exigeons des actions.

Reconnaître la responsabilité du Rwanda dans les violations multiples de notre souveraineté, ainsi que dans les atrocités qu’il commet, a été insuffisant pour qu’il cesse sa poursuite du conflit. Les victimes ne sont plus seulement congolaises. Le Rwanda a frappé l’Afrique et l’Amérique latine en tuant des militaires sud-africains, malawites et uruguayens venus protéger les civils. Il a frappé ce Conseil en tuant des casques bleus de la MONUSCO.

N’est-ce pas une preuve suffisante pour vous que lors de chacune des réunions convoquées par ce Conseil, la liste des orateurs regorge de pays d’Afrique et d’ailleurs, cherchant à vous pousser à agir ? Dimanche, c’était l’Afrique du Sud, le Burundi, l’Uruguay. Aujourd’hui encore, nous sommes rejoints, dans un esprit de solidarité, par nos frères et sœurs de l’Angola, de l’Afrique du Sud, de l’Uruguay, du Guatemala, du Zimbabwe, du Sénégal et du Burundi. Tous ont répondu, car l’humanité est en jeu. Tous sont venus voir ce que vous allez faire.

À quel seuil de catastrophe humanitaire et de violations flagrantes de notre territoire devrez-vous enfin agir pour sanctionner les responsables du M23, les officiers rwandais et leurs complices ? Si ce conseil ne sanctionne pas, l’histoire marquera ce temps comme l’époque de l’impuissance et de l’indifférence du Conseil de Sécurité. Le droit de rachat de ce conseil sur cette crise n’est nulle part ailleurs que dans ses actions immédiates.

Et déjà, nous voyons venir une manœuvre prévisible : le Rwanda, qui a délibérément dirigé cette guerre sur le territoire d’un autre État souverain, le nôtre, commence à revendiquer que les combats atteignent son propre sol. Mais que pouvait-il espérer ? Une guerre, Excellences, ne connaît pas de frontières. Elle est sale, elle consume tout sur son passage, les forts comme les faibles. Les soixante-douze dernières heures ne sont qu’un échantillon de la tragédie régionale qui menace. Une tragédie que le peuple congolais connaît depuis des décennies. Une tragédie nationale que ce Conseil peut encore arrêter et une tragédie régionale que ce conseil peut prévenir par une action résolue et courageuse.

Monsieur le Président,

Certains voudraient faire croire que l’inaction est une solution africaine. Nous sommes un pays africain sous attaque. Mais cette attaque dépasse nos frontières. Elle est une attaque contre le multilatéralisme, contre les principes même des Nations Unies, contre chacun de nous.

Laisser cette crise s’enliser sous prétexte qu’elle serait “un problème africain nécessitant une solution africaine” revient à trahir l’esprit de solidarité internationale qui fonde cette Organisation et l’esprit de responsabilité de sécurité collective qui justifie même votre présence comme membre de ce Conseil.

Nous réitérons avec insistance nos 5 demandes urgentes :

Un, le retrait immédiat des troupes rwandaises et la cessation des hostilités.

Deux, la mise en place de sanctions ciblées contre la chaîne de commandement des RDF et les décideurs politiques rwandais.

Trois, l’imposition d’un embargo sur les ressources naturelles déclarées comme rwandaises, en particulier le coltan et l’or. Cette histoire est très flippante.

Quatre, la révocation du Rwanda en tant que contributeur de troupes aux Nations Unies.

On ne peut être à la fois agresseur et prétendre jouer un rôle dans la promotion de la paix.

Cinq, la transparence totale sur les transferts d’armes au Rwanda. Ces transferts doivent être arrêtés immédiatement pour empêcher qu’ils continuent à alimenter la violence et l’instabilité.

Monsieur le Président, Distingués membres du Conseil,

Nous sommes ici parce que c’est ici que le monde doit gérer ces défis. Si ce conseil échoue, la rue va s’en charger. Comme vous le savez très bien, la rue n’a pas d’ordre, ni de tempérament.

Il y a 48 heures, devant ce Conseil de Sécurité, nous avons une nouvelle fois attiré votre attention sur la déclaration de guerre du Rwanda contre mon pays. Une balle qui frappe dans le cœur ne saurait laisser le reste du corps indifférent. La République Démocratique du Congo est en guerre, et face à cette agression, l’inaction collective semble malheureusement embraser cette situation jusque dans sa capitale.

Je réitère ainsi encore une fois que le Gouvernement de la République Démocratique du Congo condamne avec fermeté toute attaque contre les missions diplomatiques accréditées en République Démocratique du Congo.

Cependant, l’indifférence n’est plus une option. Ce conseil ne devrait se permettre de rester passif, car chaque jour sans réponse concrète fait grandir le prix du silence.

Le moment est venu pour ce Conseil de démontrer son courage et son engagement. L’histoire retiendra vos choix. Que cette assemblée soit le rempart de la justice et de la dignité humaine.

Je vous remercie.

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