Entre confiance dans la justice internationale, dénonciation sans détour de l’agression rwandaise et plaidoyer pour une paix durable par la diplomatie, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya Katembwe, invité du Journal Afrique de TV5Monde le mardi 11 novembre 2025, a réaffirmé la ligne de Kinshasa : restaurer la souveraineté nationale et mettre fin à l’impunité. Face à la persistance des violences dans l’Est, il a assuré que « le temps de la justice finira par arriver » pour tous les auteurs d’exactions. Un message d’unité et de résilience, au moment où la République démocratique du Congo s’efforce d’articuler riposte militaire, dialogue international et cohésion nationale.
Sous les projecteurs du Journal Afrique de TV5Monde, mardi 11 novembre 2025, Patrick Muyaya a défendu avec détermination la position du gouvernement congolais face à une situation sécuritaire qui reste explosive dans l’Est du pays. Porte-parole de l’exécutif, le ministre de la Communication et Médias a martelé la volonté de Kinshasa de « restaurer l’intégrité territoriale » et de « mettre fin à l’impunité » des responsables des crimes commis dans les provinces meurtries du Nord-Kivu et de l’Ituri.
« Tous ceux qui commettent des meurtres, tous ceux qui sont responsables des exactions doivent savoir qu’il y a le temps de la justice qui va finir par arriver », a-t-il affirmé, rappelant que le travail de la commission internationale d’investigation, soutenue par le président Félix Tshisekedi, est en cours et qu’il portera ses fruits.
Le ministre a tenu à replacer ce combat pour la justice dans une perspective de souveraineté nationale. « La restauration de la paix passe par la vérité sur les crimes commis », a-t-il insisté, réaffirmant que la RDC n’entend plus tolérer les crimes de guerre ni les manipulations politiques qui ont longtemps fragilisé son territoire.
La fermeté de Kinshasa face à l’agression rwandaise
Sans détour, Patrick Muyaya a désigné le Rwanda comme l’auteur de l’agression que subit le pays. « C’est le Rwanda qui agresse. Nous avons été agressés, et c’est établi par tous les rapports », a-t-il déclaré, rappelant la cohérence de la position congolaise face aux tentatives de brouiller les responsabilités. Le ministre a salué la résilience des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la mobilisation nationale face à cette guerre imposée.
« Cette guerre n’est pas celle d’un homme. C’est une guerre faite à tous les Congolais, et tous doivent se mobiliser », a-t-il lancé, dans un appel à l’unité nationale.
Au-delà de la riposte militaire, Kinshasa mise sur une stratégie articulée autour de la diplomatie et du droit. Patrick Muyaya a évoqué le procès à venir à Paris de Roger Lumbala, ancien chef rebelle poursuivi pour crimes contre l’humanité, tout en exprimant une certaine amertume : « C’est un affront », a-t-il reconnu, tout en précisant que la RDC fait confiance à la justice internationale pour établir la vérité. Le ministre a rappelé que la demande d’extradition formulée par Kinshasa demeure en vigueur, mais que le gouvernement préfère « laisser la justice suivre son cours ».
Diplomatie et justice : deux leviers pour la paix durable
Sur le terrain diplomatique, Patrick Muyaya a défendu la ligne du président Félix Tshisekedi : conjuguer le dialogue international et la fermeté républicaine. « La rénovation de la justice n’est pas à confondre avec les processus qui se tiennent au plan diplomatique », a-t-il expliqué, en référence aux négociations engagées dans le cadre des processus de Washington et de Doha. Selon lui, ces deux initiatives avancent « en phase d’atterrissage », avec pour objectif d’obtenir une désescalade militaire et un acheminement efficace de l’aide humanitaire.
Kinshasa s’emploie en effet à sécuriser la réouverture de l’aéroport de Goma, fermé depuis plusieurs mois en raison d’un Notam. « Si cela ne dépendait que du gouvernement, il aurait déjà été ouvert », a précisé le ministre, avant d’annoncer la mise en place de mécanismes pour autoriser des vols humanitaires encadrés par la RDC. Ces discussions, menées à Paris avec des partenaires internationaux, visent à créer des corridors humanitaires pour venir en aide aux populations déplacées.
Le chef de la communication gouvernementale a souligné que la paix durable passera par un double effort : sécuritaire et économique. « Il faut un double suivi, sécuritaire et économique, pour que la stabilité devienne le socle du développement », a-t-il insisté, reprenant la philosophie du président Tshisekedi pour qui la paix ne se décrète pas, mais se construit.
Cohésion nationale et vigilance contre les manipulations ethniques
Dans une tonalité plus politique, Patrick Muyaya a mis en garde contre les tentatives de division alimentées par Kigali et certains relais locaux. « Le Congo ne se divisera pas sur des prétextes communautaires. C’est cela même, la stigmatisation », a-t-il affirmé, dénonçant la propagande qui prétend justifier l’agression rwandaise au nom de la protection de certaines communautés.
Le ministre a également évoqué la question sensible du retour des réfugiés congolais installés au Rwanda. « Vous n’allez pas demander à ceux qui sont partis pour des raisons de guerre de revenir dans une région encore sous bombardements », a-t-il tranché, précisant que ce retour ne pourra se faire que sur une base volontaire et en toute sécurité. Kinshasa met en garde contre des manœuvres de modification foncière dans les zones sous occupation : destruction de titres, réattribution illégale de terres et déplacements forcés de populations. Une ordonnance est en préparation pour déclarer « nuls et de nul effet » tous les actes posés par les forces d’occupation.
Au terme de son intervention, Patrick Muyaya a réaffirmé la détermination du gouvernement à poursuivre sur la voie d’une paix juste et durable. « Le président de la République est un homme de paix, mais la paix durable passe d’abord par la sécurité », a-t-il conclu.
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