L’ouverture du procès de Roger Lumbala, ancien chef rebelle congolais devant la Cour d’assises de Paris, marque un tournant décisif dans la lutte contre l’impunité en RDC. Poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à une association de malfaiteurs pour des faits commis entre 2002 et 2003 dans l’est de la République démocratique du Congo, Lumbala devient le premier Congolais jugé en France sur la base du principe de compétence universelle. Ce mécanisme juridique, qui permet de poursuivre des crimes graves où qu’ils aient été commis et quels que soient l’auteur ou la victime, illustre la ténacité des survivants et l’engagement résolu de la communauté internationale à faire triompher la justice.
La RDC, meurtrie par plus de trois décennies de conflits, retrouve, à travers ce procès, une parcelle de vérité et de réparation. Entre août 1998 et juillet 2003, le gouvernement congolais a affronté des groupes armés, parmi lesquels le Rassemblement congolais pour la démocratie et ses factions, soutenus par des puissances étrangères. Roger Lumbala, fondateur et chef du RCD-National, est accusé d’avoir orchestré à Beni l’opération « Effacer le tableau », qui a coûté la vie à des centaines de civils innocents. Chaque témoignage, chaque document versé au dossier, restaure peu à peu l’histoire et honore la mémoire des victimes longtemps ignorées.
Mais ce procès dépasse la seule dimension historique. Il envoie un signal clair et ferme aux acteurs contemporains de la violence en RDC. Les leaders de l’AFC/M23, sous l’influence du Rwanda, et leurs complices, visibles ou dissimulés, doivent mesurer que les massacres et crimes d’aujourd’hui ne resteront pas impunis. La justice, nationale ou internationale, rattrape toujours ceux qui versent le sang pour assouvir des ambitions criminelles. Ce procès constitue à la fois un avertissement et un appel à la responsabilité pour tous ceux qui défient l’État et violent les droits humains.
Il illustre aussi les efforts tangibles de la RDC pour collaborer avec les juridictions étrangères dans le cadre de l’entraide judiciaire internationale, tout en soulignant la nécessité de renforcer les mécanismes nationaux de reddition de comptes. Les rencontres répétées entre l’ambassadeur de France à Kinshasa et les ministres congolais de la Justice traduisent cette volonté de transparence et de coopération.
En définitive, le procès Lumbala n’est pas seulement un acte judiciaire : il est une leçon politique et morale. Il rappelle que l’impunité n’est jamais éternelle, et que chaque crime laisse une empreinte indélébile.
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