Le message se veut sans équivoque, et il est venu de haut. En recevant à Kinshasa le président de la Commission de l’Union africaine, Mohamed Ali Youssouf, le chef de l’État congolais a obtenu une clarification politique attendue : l’Afrique n’a pas tourné le dos à la République démocratique du Congo. À l’heure où la guerre d’agression menée par le Rwanda continue de fragiliser l’est du pays, la prise de position de l’organisation panafricaine marque un tournant diplomatique. Condamnant explicitement l’occupation de villes congolaises et rappelant l’intangibilité des frontières héritées de la décolonisation, l’Union africaine affiche sa volonté de s’impliquer davantage, y compris dans les initiatives de médiation portées par Washington et Doha. Un signal fort envoyé à Kinshasa, mais aussi à l’ensemble du continent, alors que la stabilité de la région des Grands Lacs demeure un enjeu majeur pour l’ordre africain.
Le président de la République, Félix Tshisekedi, a reçu jeudi 18 décembre le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mohamed Ali Youssouf, en visite officielle en République démocratique du Congo. Au cœur des échanges : la situation sécuritaire dans l’est du pays et l’engagement de l’organisation panafricaine face à ce que Kinshasa qualifie de guerre d’agression.
À l’issue de l’audience, le message transmis au chef de l’État congolais se voulait clair et sans ambiguïté. « L’Afrique n’a pas abandonné la RDC et souhaite que ce pays retrouve la paix et la stabilité », a déclaré Mohamed Ali Youssouf, réaffirmant la solidarité du continent envers un État membre confronté à une crise sécuritaire persistante.
Le président de la Commission de l’UA a condamné fermement l’occupation de plusieurs villes congolaises, notamment Bukavu, Goma et Uvira, jugeant « intolérables » les invasions de territoires d’un pays souverain. Ces actes, a-t-il souligné, constituent une violation manifeste de la Charte de l’Union africaine, qui consacre le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États.
L’Union africaine face à l’épreuve de sa crédibilité
Dans un contexte marqué par la multiplication des initiatives diplomatiques, Mohamed Ali Youssouf a exprimé le souhait de voir l’Union africaine s’impliquer pleinement dans les processus de paix engagés à Washington et à Doha. Une implication destinée, selon lui, à renforcer la cohérence des efforts internationaux et à inscrire la résolution de la crise dans un cadre africain assumé.
Face à la poursuite des hostilités et aux accusations portées contre le Rwanda, la Commission de l’UA envisage désormais de recourir à « tous les moyens de pression possibles » afin de faire respecter l’intégrité territoriale de la RDC. Une déclaration qui traduit la volonté de l’organisation de dépasser le registre des appels de principe pour s’engager dans une action politique plus affirmée.
Pour Kinshasa, cette prise de position constitue un appui diplomatique de poids. Elle intervient à un moment où les autorités congolaises multiplient les démarches afin de faire reconnaître, sur la scène régionale et internationale, la nature transfrontalière du conflit et d’obtenir des garanties durables pour la paix et la stabilité dans l’est du pays.
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