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Kinshasa
24 décembre, 2025 - 16:55:07
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Instrumentalisation des civils : Kinshasa dénonce la mise en scène de la peur

Il fallait rompre avec l’ambiguïté. Le gouvernement congolais l’a fait, le 23 décembre, en dénonçant des marches abusivement qualifiées de « populaires » à Uvira, Kamanyola, Goma, Bukavu et Sake. Ce que certains tentent de vendre comme une expression citoyenne n’est, aux yeux de l’État, qu’une mécanique de contrainte au service du M23 : slogans dictés, cortèges imposés, participation arrachée sous pression. Le mot est dur, mais juste : il ne s’agit pas de mobilisation, mais de coercition. Faire défiler des femmes et des jeunes dans un contexte d’occupation armée n’a rien d’un acte politique. C’est une instrumentalisation brutale des civils, une prise d’otages collective maquillée en ferveur populaire. Ceux qui prétendent parler au nom du peuple en le forçant à marcher signent, en réalité, l’aveu de leur illégitimité. L’enjeu dépasse largement les villes de l’Est. Il touche au cœur même de la souveraineté congolaise, à la crédibilité des processus de paix et à la responsabilité de la communauté internationale. Tolérer que des foules contraintes servent d’argument politique, c’est accepter la normalisation de la violence comme mode d’expression. C’est ouvrir une brèche dangereuse où la force armée dicte le sens du mot « peuple ».

Dans un communiqué diffusé par le Ministère de la Communication et des Médias, le gouvernement affirme avoir recensé plusieurs marches organisées dans des zones sous forte tension sécuritaire. Les faits évoqués couvrent une séquence précise : Uvira, le 16 décembre ; Kamanyola, le 19 ; Goma, le 22 ; puis Bukavu et Sake, le 23 décembre.

Pour l’Exécutif, ces rassemblements ne peuvent être interprétés comme des mobilisations spontanées. Ils seraient le résultat de pressions exercées sur des populations locales, « contraintes » de dénoncer les appels internationaux au retrait du M23 et de manifester un soutien public à sa présence armée.

Une « manipulation politique » dénoncée

Le communiqué ne ménage pas ses mots. Le gouvernement parle de « manipulation politique et psychologique » des communautés locales, assimilable à une « prise d’otages collective des civils ». Une qualification lourde, qui inscrit ces actes dans une lecture non seulement sécuritaire, mais aussi juridique et morale.

« Forcer des femmes et des jeunes à participer à des manifestations soutenant une présence militaire étrangère illégitime est inacceptable », souligne le texte, qui insiste sur le caractère coercitif de ces mobilisations.

En filigrane, le pouvoir central s’attaque à une ambiguïté récurrente dans les conflits asymétriques : l’instrumentalisation de l’image des foules. Le gouvernement récuse toute lecture qui verrait dans ces marches une adhésion populaire. Selon lui, l’usage des civils comme relais de propagande brouille volontairement la frontière entre expression citoyenne et contrainte armée.

Souveraineté et droits humains au cœur du discours

Au-delà du constat, Kinshasa élève le débat. L’utilisation de civils comme « boucliers humains » ou comme instruments de communication est présentée comme une atteinte directe à la souveraineté nationale et à la dignité humaine. Le communiqué avertit que ces violations répétées des droits fondamentaux « ne resteront pas impunies » et exposent leurs auteurs et commanditaires à des sanctions sévères.

Sans citer de noms, le gouvernement élargit ainsi la responsabilité au-delà des exécutants, visant implicitement les chaînes de commandement et les soutiens logistiques.

Cap maintenu sur la paix, sous condition

En conclusion, l’Exécutif réaffirme sa détermination à protéger les populations civiles, à restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et à poursuivre les responsables de ces actes devant la justice. Il rappelle également son engagement dans les processus de paix en cours, au niveau national et régional.

Message politique clair : la recherche de la paix ne saurait justifier la normalisation de la contrainte sur les civils. Pour Kinshasa, la stabilité durable dans l’Est passe par la fin de l’instrumentalisation des populations et par la reconnaissance pleine de leur droit à ne pas être enrôlées dans une guerre qui n’est pas la leur.

Infos27

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