Malgré leur interdiction, les garages et marchés pirates sont à nouveau visibles sur les emprises publiques de Kinshasa, comme l’a constaté infos27.cd au cours d’une ronde effectuée le week-end dans quelques points chauds de la capitale.
Sur l’avenue Marine, à Ngaliema, nouvellement réhabilitée, une longue file de véhicules transformés en garages pirates occupe toute une bande de la chaussée, pouvant ainsi causer d’éventuels accidents de la route.
Plus loin, sur Libération (ex-24 novembre), à la hauteur des arrêts Zapé et Libulu dans la commune de Selembao, certains conducteurs du tronçon Matadi-Kibala transforment fréquemment cette chaussée en garage lorsque leurs véhicules tombent en panne, provoquant ainsi des embouteillages sur cette ligne.
Cependant, tous ces garages pirates existent au vu et au su de l’autorité urbaine, et malgré plusieurs dispositions prises pour mettre fin à cette situation, le phénomène persiste. Comme on dit, chassez le naturel, il revient au galop.
Par ailleurs, sous le Saut-de-mouton de Pompage, un marché pirate est visible, créé aux abords du sous-commissariat de ce secteur. Les éléments de la police, au lieu de l’évacuer, le laissent non seulement rendre ce lieu insalubre, mais également squatter la chaussée au péril de leur vie. La même situation se reproduit devant le sous-commissariat de la police de l’UPN, où un marché pirate est installé sous l’œil impuissant des agents en uniforme censés le déloger et le renvoyer à l’intérieur du marché où il y a encore de la place. En effet, ce marché pirate se trouve à l’arrêt de bus partant pour l’université de Kinshasa (UNIKIN).
Selon les vendeurs, ce marché pirate a été créé pour écouler leur marchandise, car à l’intérieur du marché, leurs articles ont du mal à être vendus faute de clientèle. De plus, les policiers collectent de l’argent sur chaque étalage dans ce marché pirate, tout comme à l’intérieur du marché, et payent leur taxe au quotidien.
Malgré les annonces répétées des autorités de la ville concernant la destruction des marchés pirates, les vendeurs et policiers se lancent souvent dans un jeu de ping-pong qui finit inéluctablement par le retour fracassant des vendeurs dans des sites interdits, en échange d’une collecte quotidienne des pots-de-vin remis aux policiers contrôleurs. Certains observateurs estiment qu’il est illusoire de penser mettre fin aux marchés pirates dans une ville où la majorité se lance dans la débrouillardise pour contourner les aléas de la vie, d’autant plus qu’il y a une absence de marchés urbains et municipaux appropriés.
À titre de rappel, le gouverneur de la ville de Kinshasa avait lancé, au mois de janvier dernier, l’opération dénommée « Coup de Poing ». Elle consistait à éradiquer des marchés et garages pirates, évacuer des épaves de véhicules mal garés, délocaliser des parkings de véhicules et arrêts de bus, détruire des kiosques et terrasses de fortune pour assurer l’assainissement des lieux. Malgré tous ces efforts conjugués, les personnes mal intentionnées ont préféré déshabiller saint Paul pour habiller saint Luc.
Ance Tony