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21 novembre, 2024 - 20:55:04
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Accord UE-Rwanda : bal des hypocrites

L’Union européenne (UE) et le Rwanda ont conclu, le 19 février dernier, un accord important pour favoriser le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques, aussi appelées minerais des conflits.

Pour les Congolais, ce pacte signé par la commissaire européenne aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, et le ministre des affaires étrangères du Rwanda, Vincent Biruta, sonne comme une bombe de trahison, surtout en période de haute tension entre la République Démocratique du Congo (RDC), pays qui détient les grands et riches gisements de minerais du monde, en quantité et qualité, et le Rwanda voisin qui ne possède pas une seule mine de coltan (principale source du tantale), d’étain et de tungstène est devenu , en quelques années, l’un des pays exportateurs les plus importants au monde de ces minerais de sang. Avec ce compromis, l’exécutif européen atteint non seulement le paroxysme du cynisme en matière de géostratégie, mais s’illustre à nouveau dans une politique de double standard qui mine la crédibilité des institutions internationales.

Il ne fait plus l’ombre d’un doute que le conflit qui perdure dans l’Est de la RDC, depuis trente ans (le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre Mondiale), est principalement économique. La perpétration des crimes les plus graves (viols, massacres…), par le Rwanda dans le Nord et le Sud-Kivu, est une méthode de guerre et une stratégie de terreur savamment élaborées pour faire main basse sur des ressources naturelles et minières du Congo.

Il ne fait point de doute qu’il y’a un lien entre l’exploitation et le commerce illégal des minerais, reconnu comme une cause profonde de la violence et de graves violations des droits humains, dans cette région. De plus, il est curieux de constater que les institutions européennes et américaines, y compris les organisations chargées des droits humains, observent un silence assourdissant sur la situation dans la partie Est du pays, devenue une zone de non-droit où seuls les rebelles et divers groupes armés font la loi. On comprend pourquoi parler du rôle du Rwanda et de son implication dans la déstabilisation de la RDC est manifestement tabou auprès des Occidentaux.

Complot international

La crise sécuritaire et humanitaire qui sévit dans le Nord et le Sud-Kivu s’est encore sérieusement aggravée depuis la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), depuis novembre 2021. Ce qui fait la force de ce groupe armé qui sème le chaos dans l’Est du pays, c’est l’appui dont il bénéficie de la part des Forces rwandaises de défense (FRD), lesquelles interviennent directement sur le sol congolais. Ce, dans le cadre d’une énième guerre d’agression et d’occupation de la RDC. Des preuves existent. Sinon, posons-nous la question suivante : qui arme le M23 ? Les propos du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Gutteres, estimant que le M23 est une « armée moderne » répondent bien à la question et en dit long sur le soutien actif du Rwanda à ce groupe armé.

La politique de la Commission européenne et le renforcement de ce partenariat stratégique avec le régime de Kigali apparait en totale contradiction avec le principe de cohérence et les valeurs fondamentales de l’UE, notamment la promotion de la paix et des droits humains, qui devraient être, conformément aux Traités européens, des objectifs fondamentaux dans ses relations extérieures. Une certitude sort de l’évidence : la RDC est l’objet d’un complot international.

L’hypocrisie des Occidentaux mise à nu
L’hypocrisie des Occidentaux est mise à nu avec la signature du protocole d’accord signé entre l’Union européenne et le Rwanda. Il faut bien admettre que le Rwanda, qui commet des crimes et pille des ressources naturelles et minières de la RDC, est au service des décideurs politiques et économiques occidentaux dans la région des Grands Lacs africains. Ce sont eux qui tirent les ficelles, en maintenant l’instabilité et l’insécurité dans la partie Est de la RDC où ils gagnent beaucoup d’argent. Ils ne voient pas pourquoi il faudrait réfléchir à sortir du statu quo parce qu’il est rentable depuis trente ans. Ce qui serait assez contradictoire.

Qui peut croire à la pression que les USA font sur Kigali pour retirer ses troupes de la RDC ? Qui peut croire au soutien de la Grande-Bretagne aux « processus régionaux » pour mettre un terme à l’insécurité due aux attaques du M23 appuyé par le Rwanda dans l’Est de la RDC ? Qui peut inciter les Congolais à croire que la France se dit préoccupée par l’intensification des combats autour de Goma ? Aujourd’hui, tous appellent au dialogue avec le Rwanda. C’est le bal des hypocrites. Les hypocrites, comme les abeilles, ont le miel à la bouche et l’aiguillon caché. Les Congolais ne sont pas hors sol !

Colère des Congolais
Pour les Congolais, la signature de cet accord de Bruxelles avec Kigali sonne comme une bombe de trahison, surtout en période de haute tension entre la RDC et le Rwanda voisin. Trahison pas plus pour l’accord commercial en question, dont l’UE est libre de faire avec n’importe quel partenaire de son choix, comme la signature du protocole d’accord entre la RDC avec la Zambie, lors du forum « Global Gateway », le 26 octobre 2023, et avec la Namibie, le 8 novembre 2022.

La colère légitime des Congolais s’explique par le fait que ce protocole d’accord entre Bruxelles et Kigali est relatif aux minerais dont la RDC serait le pays qui possède les plus grands et riches gisements du monde. Il s’agit des minerais comme du tantale, de l’étain, du tungstène, de l’or, du niobium, du lithium et de terres rares. Et le Rwanda exporte en priorité la majorité des minerais de sang – celui des femmes et des enfants Congolais – provenant des territoires Est de la RDC : le Coltan (principale source du tantale), l’étain et le tungstène, trois minerais connus sous l’appellation minerais 3T.
D’ailleurs, des nombreuses enquêtes des ONG spécialisées dans la lutte contre le pillage des ressources de l’Afrique accusent, avec preuves à l’appui, le Rwanda, qui profite de la situation d’instabilité et d’insécurité en RDC pour importer illégalement les ressources naturelles et minières congolaises, lesquelles sont ensuite exportées comme produits rwandais.
De cette manière, le Rwanda est perçu comme un pays stable, bien gouverné par un « homme fort » et efficace en matière de développement. Sa position de porte d’entrée, notamment vers la RDC au riche sous-sol, le désigne comme un partenaire de choix sur lequel s’appuyer. Les atteintes aux droits de l’homme et l’absence de démocratie qui caractérisent la situation du Rwanda sont jetées aux oubliettes.
La RDC doit donc cesser de penser qu’un dialogue sincère avec le Rwanda (qui se construit grâce aux ressources volées de la RDC), ou ses maîtres, sera possible. Il est plus que temps pour les autorités congolaises de prendre leurs responsabilités et agir immédiatement pour éviter l’abîme ! Il faut bien admettre que la solution diplomatique a épuisé toutes les possibilités de compromis. Autrement dit, elle a échoué. Par conséquent, il faut changer de paradigme. Paul Kagame n’entend que le langage de la force et ne s’impose que par celle-ci. Passionné en la matière, c’est sa façon de faire de la politique (le dialogue, il s’en moque royalement). Il est souhaitable et souhaité d’aller dans son sens. Ce qui s’avère impératif et urgent dans le contexte d’aujourd’hui.

Robert Kongo, correspondant en France

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