Le 2 août 1998, une bataille éclate entre la République démocratique du Congo d’un côté et le Rwanda et l’Ouganda de l’autre. Ces pays prétendent vouloir assurer la sécurité de leurs territoires respectifs à partir du Congo. Le Président Laurent Désiré Kabila fait alors appel à la SADC, dont la RDC était récemment devenue membre. La SADC, avec son organe de défense et de sécurité, décide d’intervenir militairement en RDC avec l’Angola, la Namibie et le Zimbabwe. À Kinshasa, où les forces rwandaises osent mettre les pieds après avoir occupé Kitona dans le Kongo central, elles subissent des frappes chirurgicales de l’aviation angolaise et zimbabwéenne. Ces aventuriers se retrouvent sans issue et sont neutralisés un par un lors d’une opération de ratissage terrestre menée par les Forces loyalistes soutenues par une complicité patriotique de la population de Kinshasa dans la Tshangu. Même si plus tard, sous l’égide de l’Afrique du Sud, une solution négociée à la crise est préconisée avec finalement l’Accord de Lusaka (10 juillet 1999), la présence militaire significative et historique de la SADC pour aider à résoudre la crise congolaise constitue une leçon pour le Rwanda.
Ce rappel historique explique pourquoi le régime de Kigali est agité aujourd’hui par l’engagement militaire de la SADC aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo. En effet, aujourd’hui plus que jamais, la SADC a amélioré ses mécanismes de défense et de sécurité grâce à cette expérience, suite au Protocole de Blantyre (août 2001) et surtout au Pacte de défense commune signé en août 2003 à Dar-es-Salaam par tous les membres de la Communauté. Elle ne doit donc pas se contenter d’une présence passive dans l’est de la RDC ou se perdre dans les manipulations de Kigali. C’est ce qui effraie Paul Kagame, qui avait initialement utilisé le M23 pour mener des attaques directes lors du déploiement des forces de la SADC. Face à son échec, il multiplie maintenant les efforts pour solliciter l’intervention de l’ONU afin d’influencer ses alliés et les pousser à s’opposer à l’action de la SADC. Cette démarche vise à éviter une répétition possible de l’échec militaire de son armée en RDC, comme ce fut le cas en 2013 et en 1998.
Ainsi, la dernière sortie médiatique du Président rwandais a pour but de semer la discorde entre Tshisekedi et la SADC, en dépeignant ce dernier comme un obstacle à la paix. Kagame cherche ainsi à mettre la SADC dans une position délicate où toute action militaire qu’elle entreprendrait pourrait être interprétée comme un soutien au conflit, mettant ainsi en péril sa légitimité. Cela ne passera pas car le joueur et son jeu sont désormais connus et maîtrisés.
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