La République démocratique du Congo entend bien s’assumer sur la question de la présence onusienne depuis des décennies sur son territoire.
Dans une correspondance datée du 1er septembre, le gouvernement congolais par l’entremise du vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, a saisi le président du Conseil de Sécurité de l’ONU pour réitérer l’option levée : celle d’accélérer et d’avancer à la fin de 2023, le retrait « échelonné, responsable et durable » de la MONUSCO.
Pour rappel, cette option a été annoncé depuis 2018, par le Conseil dans sa résolution du 27 mars 2018 et dont le plan de transition élaboré a été adopté dans sa résolution du 20 décembre 2021.
Pour le chef de la diplomatie congolaise, la gravité de la crise sécuritaire accentuée dans l’Est du pays, met en relief les faiblesses et limites de la MONUC (MONUSCO) comme réponse institutionnelle de l’ONU à la menace à la paix et à la sécurité internationales en gestation en RDC.
Il est donc clair, comme l’a soutenu Christophe Lutundula, le bilan de la mission onusienne est « mitigé et son efficacité de plus en plus mise en cause » malgré son apport aux forces armées congolaises (FARDC) et à la police nationale congolaise.
« En effet, sans exonérer les autorités congolaises de leur responsabilité constitutionnelle de défendre leur pays, d’assurer sa stabilité et sa sécurité interne et externe, il est indéniable qu’en dépit du déploiement au Congo d’environ 16.000 militaires et policiers pour appuyer les efforts du Gouvernement, le cycle infernal des massacres des populations civiles, des violations massives des droits de l’Homme, des crimes de guerre et contre l’humanité ainsi que d’exploitation illégale au grand jour des ressources naturelles de la RDC par des groupes armés nationaux et étrangers (ADF/MTM, UPCP, ULPC, FDLR, M23, NYATURA,RAI MUTOMBOKI, CODECO, ZAÏRE……) a continué et s’est amplifié à l’Est de la RDC, plus particulièrement dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Le terrorisme intégriste de la mouvance Daesh a même étendu ses tentacules en Ituri par les Forces Démocratiques Alliées (ADF) », a indiqué le vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères s’appuyant sur les différents rapports de groupes d’experts de l’ONU mandatés par le Conseil de sécurité pour enquêter sur la situation d’insécurité à l’Est de la RDC.
Dans la foulée, Christophe Lutundula s’est également appesanti sur le récent rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Ce document fait état d’un bilan désastreux de la situation sécuritaire et humanitaire en RDC, après 25 ans de présence de l’ONU en RDC à travers la MONUC, puis la MONUSCO. Ce rapport ajoute qu’au cœur du chaos, il y a eu la résurgence, en 2021, de la rébellion du M23 qui s’est emparé des larges pans de la province du Nord-Kivu et où les terroristes ont mis en place des administrations parallèles et procèdent à des arrestations arbitraires et à des exécutions extrajudiciaires.
Dans un tel contexte, la MONUSCO a perdu sa crédibilité et la confiance des congolais. Elle s’est donc disqualifiée pour servir encore de réponse institutionnelle adéquate et efficace à la crise sécuritaire à l’Est de la RDC. « Bien au contraire, aux yeux de la population congolaise, elle devient un problème à résoudre plutôt qu’une solution à cette crise », a déclaré Christophe Lutundula.