Du fait de sa nature, le Plan B est la preuve de la capacité de l’homme de faire face à tout imprévu par rapport au prévu. D’autant plus que pour une raison ou une autre, il peut arriver à ce qui est prévu de ne pas se produire.
On peut prévoir un déplacement en auto, mais être finalement obligé de prendre une moto quand les embouteillages ralentissent la circulation. On peut envisager la location d’une maison d’une chambre, mais on se résigne à un studio lorsque la garantie locative dont on dispose se révèle insuffisante ou lorsque le temps disponible se rétrécit.
«*Faute de merles, on mange des givres» ou « *Faute d’avoir ce que l’on souhaite, il faut se contenter de ce que l’on a», dit-on.
L’essentiel est de rester actif.
En politique, le Plan B est généralement adopté quand le Plan A vient à « échouer ».
C’est le cas avec le Processus électoral.
Le souhait de tout le monde est de rester dans les délais constitutionnels.
Il est indiqué toutefois de le rappeler : depuis 2006, aucun scrutin n’a respecté ces délais, mais alors aucun.
En voici la preuve :
– en 2006, le calendrier électoral avait prévu un délai de 15 jours entre la proclamation des résultats définitifs du premier tour et la tenue du second tour. Le premier tour avait eu lieu le 30 juillet 2006. Le second tour le 29 octobre de la même année. Soit un écart de 3 mois.
– en 2011, la présidentielle à tour unique n’avait eu lieu le 30 juillet, mais plutôt le 28 novembre, soit 4 mois plus tard.
– en 2016, le scrutin n’avait pas eu lieu. C’est à cette occasion que les Américains et les Européens, très influents dans les élections congolaises, ont enrichi la terminologie politique rd-congolaise avec l’expression «*Dès que techniquement possible».
D’où la troisième présidentielle intervenue le 30 décembre 2018. Soit 2 ans et 1 mois après.
L’idéal serait qu’en cette année 2023, on rentre dans les normes, que la présidentielle ait lieu effectivement le 20 décembre prochain, soit 10 jours avant les échéances de 2018.
Deux hypothèques pèsent cependant sur ce processus : la sécurité et le financement.
Si, pour le financement, il est possible de trouver dans les trois mois à venir les 500 millions de dollars américains dont la Céni a besoin pour les dernières opérations, il n’en est pas de même pour la sécurité.
Certes, on peut rappeler la situation de 2018 lorsque les élections avaient quand même été organisées sans Beni-Butembo à l’Est et sans Yumbi à l’Ouest.
Hélas ! En 2023, le contexte sécuritaire est différent en ce que le pays est aujourd’hui victime d’une agression avérée.
Même si pendant les Jeux de la Francophonie, Kinshasa a mis un bémol dans l’accusation – le terme agression a été plusieurs fois évoqué par les officiels sans cependant citer l’agresseur – le fait est que la cité de Bunagana n’est pas sous administration congolaise. Elle est administrée par le M23 avec l’accord avéré de l’Updf (armée ougandaise) déployée dans le cadre de la Force régionale de la Cae (East african communauty).
Le deadline du 8 septembre 2023 vient en plus d’être renvoyé au 8 décembre prochain sans l’assurance du déploiement de la Force régionale de la Sadc.
Lors de son dernier séjour à Kinshasa, le chef de l’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, président en exercice de la Cae, n’a pas été en mesure de se prononcer concrètement sur la question essentielle de « remise-reprise » entre les deux forces régionales.
Félix Tshisekedi a situé vers octobre 2023 l’option qu’il va falloir lever pour décider de la donne sécuritaire dans le processus électoral.
On peut alors comprendre que la tenue élections du 20 décembre 2023 soit totalement tributaire de cette décision.
Or, octobre débouche sur un mois de novembre hypersensible : celui du go de la campagne électorale.
Devrait-on lancer cette campagne puis l’arrêter pendant qu’on a tous conscience du fait que la sécurité va absolument perturber cette étape ? Ou, plutôt, devrait-on lancer le dialogue avant !
C’est le choix cornélien auquel va devoir faire face Félix Tshisekedi.
Si le Président de la République relève le pari d’organiser le scrutin dans les délais constitutionnels après avoir récupéré Bunagana, ce sera pour lui un coup formidable, vainqueur ou pas vainqueur. Si c’est le contraire qui se produit, ce sera la pire des épreuves qui puisse arriver depuis 1960 à un Chef d’Etat.
Dans les deux cas, c’est une affaire de sagesse et d’intelligence !
Et tout Plan B est justement affaire combinée de l’une et de l’autre…
Omer Nsongo die Lema