Des journalistes ont échangé sur la problématique d’accès aux sources de l’information lors d’une conférence organisée à leur intention par le laboratoire de recherche en sciences de l’information et de la communication (Larsicom), le mardi 7 novembre 2023, au centre Wallonie Bruxelles dans la commune de la Gombe, à Kinshasa.
Ces travaux, dont le thème a porté sur “Journalisme, retour aux sources”, ont connu la participation du professeur émérite Ekambo de l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de Communication (IFASIC), du ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, du journaliste et initiateur du site Actualité.cd, Patient Ligodi, et du coordonnateur de Journaliste en danger (JED), Tshivis Tshivuadi.
Pour le professeur Pierre Nsana, coordonnateur de cette organisation, l’objectif de cette conférence était de permettre un échange entre les différents acteurs du secteur de l’information et de la communication, notamment les chercheurs, les universitaires, les journalistes et les décideurs. Il était question d’établir la relation entre les journalistes et leurs sources d’information.
Selon lui, le choix du thème tombe à point nommé d’autant plus que la République démocratique du Congo se trouve dans une période électorale. “Et les journalistes sont appelés à la gestion de leurs sources d’information”, a-t-il indiqué, avant de renchérir : “C’est aussi un moment où les journalistes doivent faire face aux risques d’instrumentalisation.”
Cette conférence a permis à ses organisateurs de sensibiliser les journalistes à la préservation de l’intérêt du public pour lequel ils sont appelés à œuvrer pendant ce moment crucial des élections.
Le ministre Patrick Muyaya a, pour sa part, salué l’initiative de Larsicom, qui, selon lui, vise à réunir les différentes parties concernées par cette problématique pour réfléchir sur le métier du journaliste en République démocratique du Congo. Il a, toutefois, rappelé que la problématique de l’accès aux sources de l’information a été déjà réglée à travers l’ordonnance loi qui a été promulguée récemment par le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi.
“C’est une occasion d’interagir avec les jeunes étudiants en journalisme sur les dispositions de la loi, mais surtout sur la pratique dans la société, parce qu’il est crucial que le journaliste puisse avoir accès aux sources, et les bonnes sources sont celles qui permettent aux Congolais d’être pleinement informés de l’action publique mais aussi de tout ce qui se passe dans le pays”, a renchéri cet ancien journaliste devenu ministre de la Communication et des Médias, et porte-parole du gouvernement.
Patrick Muyaya a rassuré les uns et les autres que son ministère a déjà résolu la problématique d’accès aux sources de l’information. Il a, à cet effet, déclaré que son ministère a déployé des efforts pour donner accès à l’information aux journalistes, notamment en mettant en place des comptes certifiés sur les réseaux sociaux, en assurant une communication régulière sur les événements traditionnels du gouvernement, dont les conseils des ministres, etc. Il a également rappelé que son ministère organise des briefings avec tous les autres ministres afin de permettre à ces derniers de répondre aux questions des journalistes.
De son côté, le professeur émérite en communication Jean-Chretien Ekambo a mis un accent particulier sur la philosophie du journalisme, qui est une formation permettant à ce dernier d’appréhender trois notions : “Il s’agit du scepticisme du journaliste, c’est-à-dire mettre un accent particulier sur la notion des preuves dans le traitement et la diffusion de l’information. Le journaliste est stoïque, ce qui veut dire agir selon la raison et être en mesure de rendre compte d’un événement au public. Et enfin, le journaliste est cynique, c’est-à-dire judicieux”, a-t-il expliqué.
Pour ce chercheur en communication, “cette manière d’être du journaliste est en contradiction avec les intérêts des acteurs publics, qui pensent, à leur tour, que les journalistes sont vicieux”.
Le journaliste Patient Ligodi a, pour sa part, fait savoir que la nouvelle charte promulguée exige des acteurs publics de livrer aux journalistes les informations d’intérêt public. “Ce qui ne se fait malheureusement pas”, a-t-il déploré, avant d’inviter les acteurs publics à bien lire la loi afin d’être redevables envers les journalistes en termes d’accès aux sources de l’information.
De son côté, Tshivis Tshiviadi s’est appesanti sur la question de garder en secret les sources de l’information. Pour lui, les réalités dans notre pays ne permettent pas aux journalistes de garder leurs sources de l’information en secret. Il a regretté que les journalistes soient souvent soumis à des pratiques violentes, afin de les contraindre à exposer leurs sources d’information, bien que la loi ne l’autorise pas.
Infos27