Lingala, une des quatre langues nationales en République démocratique du Congo, est riche en jargon. A Kinshasa, capitale congolaise, qualifier une personne de « lembele » revient, notamment à dire qu’elle ne fait pas preuve de fermeté dans sa décision ou d’endurance pour faire face à un défi, pour aller au bout de sa logique. Généralement, on use de ce jargon quand on se lance des piques très légères pour s’émoustiller, pour se taquiner un peu.
Certes, vous vous demandez où je veux en venir. Suivez alors mon regard : Au nombre de députés nationaux qui ont signé leur rentrée à l’hémicycle, lundi 29 janvier, à la cérémonie inaugurale de la session extraordinaire de la 4ème législative 2024-2028, on a aperçu quelques « lembele ». Ils sont presque tous de l’opposition radicale. Mon voisin de gauche me chuchote à l’oreille droite : une vidéo de l’un de ces lembele, le montrant à l’hémicycle, est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Alors qu’il y a peu, cet élu du peuple ne jurait que par l’annulation des scrutins combinés de 2023. Il les qualifiait sans scrupule de « simulacres ». En principe, il devait aller au bout de sa logique : s’abstenir de siéger à l’Assemblée nationale. Mais, qu’en est-il de ce revirement ? Est-il revenu à la raison ? Nenni ! En vérité, en vérité, je vous le dis, on s’y entendait. Il ne pouvait faire preuve de fermeté dans sa décision. C’est le contraire qui aurait étonné. Et rien d’étonnant de voir un acteur politique congolais faire un rétropédalage. On s’y est déjà habitué.
Médusé, le peuple assiste impuissant à ce spectacle désolant. Mon voisin de gauche, qui rit sous cape, me souffle une fois de plus à l’oreille droite : « Le vrai motif pour lequel ce lembele fait volte-face est évident ». Mes lecteurs, on ne peut vous faire ici un dessin pour vous les décliner. Si le révérend pasteur Roland Dalo avait demandé à Dieu, d’éloigner du président Félix-Antoine Tshisekedi des voleurs durant son second mandat, moi, je prie que Dieu libère l’arène politique congolais des lembele de tous acabits. On en a marre !
C.L