Les pays européens n’ont pas réussi à s’accorder sur le déblocage d’une nouvelle assistance financière à l’armée rwandaise pour son intervention à Cabo Delgado. En parallèle, Bruxelles envisage de nouvelles sanctions contre le gouvernement de Kigali en raison de son soutien aux combattants du M23. Ce revers subi par Kigali illustre la progression de la diplomatie congolaise, qui a mis en lumière les stratégies de Paul Kagame visant à perpétuer le pillage des ressources naturelles dans l’est de la République démocratique du Congo pour développer son économie. Félix Tshisekedi, qui n’avait pas hésité à qualifier le régime de Kigali de receleur, gagne une fois de plus en tant qu’acteur clé.
Lors de la récente réunion du groupe de travail sur l’Afrique (COAFR) du Conseil européen le 3 juillet, plusieurs sujets concernant le Rwanda étaient à l’ordre du jour. Les membres ont examiné la demande présentée par Kigali pour que l’Union européenne (UE) continue de financer l’engagement militaire rwandais dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique.
Cette demande consiste à débloquer une seconde enveloppe de 20 millions d’euros, via la Facilité européenne pour la paix (FEP), en faveur de la Rwanda Defence Force (RDF), dont les troupes sont déployées depuis juillet 2021 pour lutter contre l’insurrection jihadiste dans le nord du Mozambique.
Fortement soutenu par le Portugal et la France, ce nouveau soutien financier – une première tranche de 20 millions d’euros ayant été versée en 2023 – suscite des réactions diverses parmi les États membres de l’Union européenne. Certains pays, tels que les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suède, ont exprimé clairement leurs réserves quant à l’octroi de cette aide sans conditions.
Unanimité requise
Leurs représentants diplomatiques ont souligné le rôle du gouvernement rwandais de Paul Kagame dans le soutien du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. Le soutien de Kigali a été de nouveau mis en lumière dans le récent rapport du groupe d’experts des Nations unies, qui a documenté la présence importante de membres de la Rwanda Defence Force aux côtés des rebelles.
Traditionnellement plus conciliante à l’égard du Rwanda, l’UE semble désormais reconnaître l’interdépendance des situations dans l’est congolais et à Cabo Delgado. Le COAFR, dont l’accord unanime est nécessaire pour débloquer l’aide de 20 millions d’euros, a donc décidé de reporter indéfiniment son examen, qui pourrait avoir lieu après l’été.
Les membres ont convenu de la nécessité d’étendre les sanctions de l’UE à l’encontre des responsables rwandais impliqués dans le conflit initié par le M23. Jusqu’à présent, seul un officier de la Rwanda Defence Force, le capitaine Jean-Pierre Niragire, connu sous le nom de Gasasira, est inscrit sur la liste des personnes visées par les sanctions – il y a été ajouté en juillet 2023. Il revient cependant aux Européens de déterminer les noms qui pourraient être ajoutés à cette liste.
Infos27/AI