Le gouvernement congolais, par l’entremise de la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a officiellement saisi, mercredi 12 février 2025, le président-directeur général de la Formule 1 (F1), Stefano Domenicali, afin de l’exhorter à mettre un terme aux négociations avec le Rwanda concernant l’organisation d’un Grand Prix à Kigali. Cette démarche s’inscrit dans le contexte de la guerre d’agression menée par le Rwanda à travers les terroristes du M23 dans l’Est de la RDC.
Dans sa correspondance, la cheffe de la diplomatie congolaise a également soulevé des interrogations quant à l’origine des fonds que le Rwanda mobilise pour accueillir cet événement, alors que l’ONU a confirmé que ce pays finance son économie en pillant illégalement les ressources minières des territoires congolais occupés au Nord-Kivu.
Le Rwanda en quête d’un Grand Prix en 2026
Le Rwanda a officiellement annoncé son intention de se porter candidat à l’organisation d’un Grand Prix de Formule 1 en 2026. Lors de l’Assemblée générale de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA), qui s’est tenue à Kigali l’année dernière, le président rwandais Paul Kagame a formalisé la candidature de son pays pour accueillir cet événement de prestige.
Face à cette initiative, le gouvernement congolais a pris l’initiative d’interpeller Stefano Domenicali, lui demandant de suspendre toute discussion avec le Rwanda à ce sujet. La ministre des Affaires étrangères a justifié cette requête en soulignant l’occupation illégale d’importantes zones de l’Est de la RDC par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23.
Une opposition ferme de Kinshasa
La Formule 1, souvent abrégée en F1, représente la catégorie reine des courses automobiles de monoplaces et est placée sous l’égide de la FIA. Depuis sa création en 1950, le Championnat du monde de Formule 1 s’est imposé comme l’une des disciplines sportives les plus prestigieuses au monde.
Dans sa lettre adressée à la F1, dont le contenu a été révélé par un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner a souligné que la responsabilité du Rwanda dans le conflit en cours ne fait plus aucun doute. Un rapport des Nations unies affirme en effet que 4 000 soldats rwandais sont actuellement actifs sur le territoire congolais, en violation flagrante de la souveraineté de la RDC. Par ailleurs, les Forces de défense rwandaises (RDF) et le M23 sont accusés d’avoir tué 17 Casques bleus depuis le début de l’année. « Les RDF ont violé un cessez-le-feu conclu avec mon homologue rwandais et ont, au contraire, intensifié leurs bombardements sur des zones civiles à Goma, touchant notamment des habitations et des hôpitaux. Ces attaques ont causé environ 3 000 morts, selon les Nations unies. La Formule 1 souhaite-t-elle réellement associer son image à un régime entaché de crimes de guerre et de violations des droits humains ? Est-ce véritablement le meilleur choix pour représenter l’Afrique dans le sport automobile mondial ? » s’est interrogée la ministre dans sa correspondance.
La lettre met également en lumière l’enrichissement illicite du Rwanda grâce à l’exploitation illégale des ressources minières congolaises. L’ONU estime que ce pillage représente un apport de près d’un milliard de dollars par an à l’économie rwandaise.
Une alternative : l’Afrique du Sud
Tout en saluant la volonté de la F1 d’organiser un Grand Prix sur le continent africain, la ministre congolais a rappelé qu’il n’était en aucun cas impératif de choisir le Rwanda. Elle a ainsi plaidé en faveur de la candidature de l’Afrique du Sud, une nation dont l’engagement dans le sport automobile et le maintien de la paix en Afrique ne souffre d’aucune controverse. « Des soldats sud-africains envoyés en mission de maintien de la paix en RDC ont été tués par le même régime rwandais avec lequel vous envisagez de nouer un partenariat », a-t-elle dénoncé, insistant sur le fait qu’un Grand Prix en Afrique du Sud représenterait une alternative à la fois plus juste et plus éthique.
La ministre d’État a également formulé une invitation ouverte à Stefano Domenicali pour un échange direct sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC et sur les implications morales et politiques d’un éventuel partenariat entre la F1 et le Rwanda.
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