Dialogue direct ou pas avec le M23 ? Kinshasa tranche net. Dans un contexte d’agression imputée au Rwanda, la République démocratique du Congo affirme sa détermination inébranlable à résoudre la question du M23 exclusivement dans le cadre du processus de Nairobi. Ce rappel s’inscrit dans la dynamique de la récente adoption, le 21 février 2025, de la Résolution 2773 par le Conseil de sécurité des Nations unies, laquelle condamne fermement les offensives du Mouvement du 23 mars (M23) dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, exigeant l’arrêt immédiat des hostilités, le retrait des zones contrôlées par le groupe et le démantèlement des administrations parallèles illégitimes. La résolution va plus loin en appelant les Forces de défense rwandaises à cesser leur soutien au M23 et à se retirer sans conditions du territoire congolais. Ainsi, en réaffirmant son attachement aux mécanismes diplomatiques établis et aux résolutions internationales, Kinshasa refuse toute déviation vers des solutions ad hoc. Ce positionnement clair, s’inscrivant dans une stratégie de dialogue rigoureux et structuré, vise à instaurer un climat de paix durable, garant de la stabilité régionale et du redressement socio-économique dans une région trop longtemps meurtrie par les affrontements.
La présidence angolaise a annoncé, mardi 11 mars, son intention de reprendre des initiatives en vue de faciliter la médiation entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Dans un contexte marqué par des tensions persistantes, avec l’agression rwandaise en RDC, cette démarche, relayée par Mme Tina Salama, porte-parole de Félix Tshisekedi, via son compte X, est accueillie avec une réserve teintée d’optimisme par Kinshasa. « Nous prenons acte et attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de la médiation angolaise », a ainsi affirmé Mme Salama.
Une rencontre de haut niveau à Luanda
La décision angolaise s’inscrit dans la continuité des discussions qui se sont tenues au palais présidentiel de Luanda ce même mardi, lors de la rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue, Joâo Lorenzo. Les deux chefs d’État ont abordé la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, un enjeu crucial dans une région gangrenée par des conflits récurrents. Si Kinshasa se montre ouverte à suivre la voie tracée par ce médiateur angolais, elle ne saurait pour autant renier l’existence d’un cadre préétabli, incarné par le processus de Nairobi, auquel elle reste fermement attachée.
L’ancrage du processus de Nairobi et la Résolution 2773
Au-delà de cette initiative angolaise, la République démocratique du Congo réaffirme son attachement au processus de Nairobi, véritable fil d’Ariane pour une sortie de crise durable. Ce rappel fait écho à la récente adoption, le 21 février 2025, de la Résolution 2773 par le Conseil de sécurité des Nations unies. Adoptée à l’unanimité, cette résolution condamne les offensives du Mouvement du 23 mars (M23) dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Elle exige l’arrêt immédiat des hostilités, le retrait des zones sous contrôle du M23 ainsi que le démantèlement des administrations parallèles illégitimes.
La résolution 2773 va plus loin en appelant les Forces de défense rwandaises à cesser leur soutien au M23 et à se retirer sans conditions du territoire congolais. Par ailleurs, elle exhorte le gouvernement de la RDC à mettre fin à son soutien à certains groupes armés, en particulier les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), tout en soulignant l’urgence de neutraliser ce dernier. L’accent est également mis sur la nécessité de reprendre les négociations diplomatiques pour résoudre ce conflit, en condamnant fermement l’exploitation illicite des ressources naturelles dans l’est de la RDC.
Si l’initiative de Luanda offre une nouvelle perspective de dialogue, elle doit désormais se confronter à des défis de taille. Les enjeux sécuritaires et humanitaires dans l’Est du pays demeurent préoccupants, et la crédibilité des engagements de toutes les parties sera mise à l’épreuve dans les mois à venir. Pour Kinshasa, la médiation angolaise constitue une opportunité d’engager un processus de désescalade qui, en s’appuyant sur le cadre établi par Nairobi et consolidé par la Résolution 2773, pourrait ouvrir la voie à une paix durable dans la région.
L’heure est donc à la prudence et à l’espoir mesuré. Les prochains pas, désormais observés avec attention, détermineront si cette démarche peut réellement contribuer à apaiser des tensions et à instaurer un climat de stabilité indispensable au développement de la République démocratique du Congo et de ses voisins.
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