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12 mars, 2025 - 00:34:55
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Cohabitation entre communautés en RDC : Gisaro réfute l’argument de protection des Banyamulenge avancé par Kigali

Dans un contexte d’agression rwandaise justifiée par des prétextes fallacieux, notamment en matière de clivages identitaires, le ministre d’État Alexis Gisaro, issu de la communauté banyamulenge (tutsi congolais), a déployé, au cours d’un briefing spécial sur la question de cohabitation entre communautés en RDC, un argumentaire éloquent en faveur d’une cohabitation pacifique et solidaire au sein de la République démocratique du Congo. Face aux ingérences extérieures – notamment celles imputées au Rwanda, qui, selon lui, exploitent des prétextes fallacieux pour interférer dans les affaires internes – il a insisté sur la nécessité de reconnaître et de transcender les défis inhérents à un pays composé de 450 tribus. Selon le ministre d’État en charge des Infrastructures, les véritables causes de ces agressions résident dans des logiques économiques, telles que le pillage de nos ressources et le détournement de retombées financières, qui aggravent les conflits locaux. Son plaidoyer, qui puise dans son expérience personnelle d’élu du territoire d’Uvira, réaffirme que la cohabitation pacifique est le socle d’un dialogue rigoureux et structuré, fondé sur la solidarité et la compréhension mutuelle.

La cohabitation pacifique des communautés en République démocratique du Congo, mettant en exergue la place des banyamulenge (tutsi congolais), a été abordée lors d’un briefing spécial, mardi 11 mars, avec pour intervenants le ministre d’État, ministre des Infrastructures, Alexis Gisaro, et le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya.

Pour le ministre de la Communication et des Médias, la plongée effectuée dans un exercice particulièrement sensible en ce moment s’explique ainsi : « nous sommes évidemment agressés par le Rwanda, et dans le cadre de cette agression, le narratif qui revient régulièrement met au-devant la communauté banyamulenge ».

Dès lors, comment cette communauté vit-elle ce moment de crise ? Comment réagit-elle lorsqu’elle est constamment épinglée par le président rwandais comme étant une communauté qui vit un génocide en République démocratique du Congo ?

Répondant à ces questions, le ministre d’État Gisaro, lui-même issu de la communauté banyamulenge, s’est exprimé en ces termes : « Nous voulons ici dire que nous partageons ces moments difficiles avec eux, et nous pouvons comprendre qu’être sous la domination des forces d’occupation, soit vraiment des moments, des temps difficiles pour nos frères qui vivent à Goma, à Bukavu, et dans toute cette partie, parce qu’aujourd’hui, Rutshuru aussi connaît le même problème, Masisi connaît le même problème, et donc, notre solidarité et notre compassion les accompagnent ». Il a poursuivi : « C’est un véritable déchirement pour nous. Un véritable déchirement parce que nous nous rendons compte qu’aujourd’hui, un pays voisin, que moi je traiterais d’un État belliqueux, exploite les quelques problèmes que nous pouvons avoir dans notre pays. N’oublions pas que nous sommes un pays immense, avec 450 tribus, et que, comme d’autres pays, nous connaissons des défis internes. Et ces défis internes, par rapport à cette problématique, sont des défis de cohabitation entre certaines communautés ».

Mettant en relief sa propre expérience, Alexis Gisaro, originaire du Sud-Kivu, au territoire d’Uvira, a indiqué qu’avant d’être membre du gouvernement, il était d’abord un élu du territoire d’Uvira. « Élu du territoire d’Uvira signifie que j’ai obtenu des voix, non pas seulement de ma communauté d’origine de Banyamulenge mais aussi des autres communautés Bafuliro, Bavira, Babembe, Bashi, Barega, qui sont installés dans ce territoire », a-t-il souligné. Il a ajouté : « J’ai dû aller vers ces autres communautés pour demander leur suffrage, qu’ils ont bien voulu m’accorder afin que je les représente au niveau du Parlement. Et donc, c’est bien la preuve et la démonstration que la cohabitation est possible. Mais lorsqu’on parle de cohabitation, est-ce que cela voudrait dire qu’il n’existe pas de conflit ethnique, qu’il n’existe pas des problèmes de cohabitation entre les communautés ? Il en existe, comme il en existe dans tous les pays au monde qui rencontrent ce type de défis ».

Selon lui, ce problème est exacerbé aujourd’hui par deux phénomènes : l’existence de groupes armés, qui se sont pratiquement transformés en groupes armés communautaires, et l’ingérence d’un pays voisin, à savoir le Rwanda.

« L’ingérence du Rwanda au travers des multiples invasions qu’ils ont perpétrées dans notre pays font que ce problème a pris une dimension qui est aujourd’hui, qui nous fait vivre la situation, comment je vais appeler ça, cette situation terrible que nous connaissons aujourd’hui, où notre pays est victime d’une agression, d’une occupation avec des prétextes fallacieux, où un pays vous dit je viens pour protéger la minorité Tutsi ou la minorité Banyamulenge qui sont en danger d’extermination », a-t-il expliqué.

« Nous avons ici l’affaire à une situation où vous avez un pyromane qui vient, qui dit il y a le feu alors que le feu n’existe pas et qui vient après dire c’est moi le pompier pour éteindre ce feu parce que je viens pour protéger une minorité », a indiqué le ministre Gisaro.

Les propos de ce membre de la communauté banyamulenge sont plus qu’éloquents : « Nous ne voulons pas d’un État voisin se faisant l’avocat d’une partie de notre population et intervenir militairement avec plus de milliers de soldats, soit disant pour protéger une communauté ».

Pour le ministre Gisaro, il existe un élément déclencheur de l’agression rwandaise : « les vraies causes de l’invasion du Rwanda dans notre pays, qui, comme vous savez, sont des causes d’abord économiques, de pillage de nos ressources. Nous avions décidé, dans le cadre de la coopération avec l’Ouganda, de faire la route de Kasindi, qui est la frontière avec l’Ouganda, Beni-Butembo, mais aussi de faire la même route au niveau de Bunagana-Rutshuru-Goma, deux routes qui sont dans le Nord Kivu. Et nous avions décidé de le faire ensemble, en partageant d’ailleurs les coûts de ce projet. Mais c’est à la suite, justement, du lancement de ce projet que le Rwanda a décidé d’entrer en guerre avec nous. Pour la bonne et simple raison qu’aujourd’hui, vous savez que notre pays est un pays enclavé, du moins dans sa partie Est, et que pour atteindre l’océan Indien, il faut traverser des pays voisins, dont le Rwanda, l’Ouganda, et l’essentiel du trafic passe par le Rwanda, Gisenyi, la ville de Gisenyi, qui est la ville voisine, ou Changungu, qui est l’autre ville vers Bukavu. Ils ont compris que tout le trafic qui passait par Gisenyi allait être détourné, et les retombées économiques dont ils étaient bénéficiaires allaient aller vers l’Ouganda. Et c’est comme ça que la guerre a commencé ».

« Aujourd’hui, l’invasion s’appelle AFDL, demain, ça s’appelle RCD. Après, demain, ça s’appelle CNDP. Le lendemain, ça s’appelle M23. Toutes ces costumes que le Rwanda a portées, alors que le corps était le même », a-t-il déploré, avant de souligner : « nous, en tant que communauté, nous disons que nous avons besoin de vivre en paix avec nos frères et nos compatriotes des autres communautés congolaises. Nous ne voulons pas servir de marchepied. Nous ne voulons pas servir de prétexte aux agendas cachés d’un pays voisin ».

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