L’élargissement précipité du présidium de l’Union sacrée de la Nation à quarante membres, censé incarner la cohésion de la majorité au pouvoir, révèle au contraire les profondes lignes de fracture qui en minent la colonne vertébrale. Entre déclarations incendiaires, querelles d’ego et règlements de comptes publics, le vernis de l’unité craque, comme en témoigne la passe d’armes entre les proches du professeur André Mbata et ceux du professeur Modeste Bahati. Dans une tribune, réplique aux propos de Claude Mutoka — proche d’André Mbata — qui a qualifié Modeste Bahati de traître, le professeur Vangu Ditomene n’a pas mâché ses mots, déclarant : « André Mbata : un jaloux et apprenti sorcier. » C’est un véritable champ de tir entre frères d’armes qui se dessine.
L’Union sacrée de la Nation, conçue comme une vaste plateforme de stabilité et de cohésion autour du chef de l’État, est aujourd’hui traversée de tensions internes qui ne cessent de s’exacerber. Depuis l’élargissement controversé de son présidium à quarante membres, les rivalités longtemps contenues s’expriment désormais à ciel ouvert. La dernière salve en date est signée du Professeur Vangu Ditomene, proche de l’AFDC-A, qui dans une tribune au vitriol a riposté violemment aux attaques lancées par Claude Mutoka, cadre de l’UDPS et soutien affiché du Professeur André Mbata.
À l’origine de cette querelle : des propos tenus par Claude Mutoka, dans lesquels il accuse le Professeur Modeste Bahati Lukwebo de trahison, l’accusant même, sans la moindre preuve, d’abriter des membres du M23 dans l’un de ses hôtels à Goma. Une accusation que le Professeur Vangu qualifie de « dérive politique », estimant qu’« au lieu d’une Union sacrée, on assiste à une cabale alimentée par la jalousie, l’inconsistance politique et l’acharnement personnel. »
« André Mbata : un jaloux et apprenti sorcier »
Dans sa tribune, le professeur Vangu ne fait pas dans la dentelle. Il qualifie le secrétaire permanent de l’Union sacrée, André Mbata Mangu, de « jaloux et apprenti sorcier », dénonçant une attitude faite de haine, de coups bas et de mépris pour les principes démocratiques. « Il est de la race de ceux qui cherchent à récolter là où ils n’ont pas semé », écrit-il. Pour lui, l’homme s’est illustré non par la constance ou la rigueur doctrinale, mais par une trajectoire faite de transhumance politique et d’opportunisme notoire.
« Sur le plan politique, aucune comparaison n’est possible entre Modeste Bahati Lukwebo et André Mbata Mangu. C’est pratiquement la nuit et le jour », tranche-t-il.
Le Professeur Vangu rappelle que M. Mbata, après un passage dans la rébellion du RCD, a tenté de se frayer une voie à l’UNC avant de se ranger opportunément dans les rangs de l’UDPS lorsque le vent a tourné. « En vrai situationniste, il s’est distingué dans les injures thuriféraires », fustige-t-il, ajoutant que l’homme « vante aujourd’hui ce qu’il a combattu hier dès que son ventre le réclame. »
Il va plus loin, l’accusant de manipuler les institutions internes de la majorité pour empêcher certains alliés de jouir de leur poids électoral et politique. « Alors que le critère de poids politique est universel, pour André Mbata, c’est un crime que d’y faire allusion. Tout simplement par peur, paresse, jalousie, haine et boulimie du pouvoir », dénonce-t-il.
Une défense en règle de Modeste Bahati Lukwebo
À l’inverse, la tribune peint le Professeur Modeste Bahati Lukwebo sous les traits d’un homme d’État accompli, constant dans son engagement, et victime de campagnes de déstabilisation injustifiées. « Il paye le lourd tribut de la guerre que nous impose le Rwanda, le M23 et l’AFC », rappelle le Professeur Vangu, mentionnant les pertes humaines au sein de sa famille à Goma et Kalehe, ainsi que la spoliation de ses biens.
« Il aligne à son actif plusieurs réalisations sociales en faveur du peuple congolais : des écoles, des universités, des hôpitaux, des stades, des forages d’eau, des ambulances, des véhicules anti-incendie… Il déteste le désordre, les fausses accusations et la trahison », insiste-t-il, soulignant la différence abyssale entre les deux hommes.
Et d’ajouter, non sans ironie : « En mathématiques modernes, on dirait que 2 < 8. » Une manière tranchée de marquer la suprématie du parcours politique et académique du chef de l’AFDC-A sur celui d’André Mbata.
Au-delà de cette tribune, c’est toute la fragilité de l’Union sacrée qui est mise à nu. Une coalition où la méfiance semble l’avoir emporté sur la solidarité, où les querelles intestines risquent d’éroder la crédibilité de la majorité.
Face à une opposition en recomposition et un contexte sécuritaire des plus préoccupants, ces règlements de comptes en place publique interrogent : l’Union sacrée pourra-t-elle encore prétendre incarner une majorité soudée et apte à gouverner durablement ?
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