79.18 F
Kinshasa
9 novembre, 2025 - 01:12:35
Image default
La uneDiplomatieFlash InfosPolitique

RDC : Washington réaffirme son opposition à l’appui rwandais au M23

Dans un contexte de tensions accrues dans la région des Grands Lacs, les États-Unis haussent le ton face à Kigali. En exigeant explicitement le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et la fin de tout soutien militaire au M23, Washington franchit une nouvelle étape dans sa diplomatie vis-à-vis du conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo. Ce rappel ferme à l’ordre, énoncé par Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au Département d’État, confirme la constance d’une position américaine résolue, alors que les initiatives africaines de médiation peinent à contenir l’engrenage guerrier. En filigrane, la Maison-Blanche tente de restaurer sa crédibilité dans une région stratégique, tout en prenant ses distances avec un allié de longue date, le Rwanda de Paul Kagame, dont les ambitions régionales semblent aujourd’hui difficilement compatibles avec les exigences de paix et de stabilité que réclament les populations congolaises.

Dans une nouvelle déclaration officielle, les États-Unis ont réaffirmé, jeudi 17 avril, leur exigence claire à l’égard du Rwanda : le retrait immédiat de ses forces du territoire congolais et la cessation de tout appui militaire au groupe armé M23, accusé de déstabiliser les provinces de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette position a été réitérée par Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au Département d’État américain, lors d’un point de presse virtuel organisé depuis Washington.

« Nous réitérons notre position : le Rwanda doit cesser tout soutien militaire au M23 et retirer toutes les troupes rwandaises du territoire de la RDC », a déclaré le diplomate américain, qui s’exprimait aux côtés de Corina Sanders, sous-secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines. Tous deux venaient de conclure une tournée régionale qui les a menés, du 2 au 9 avril, en RDC, en Ouganda, au Kenya et au Rwanda, dans le cadre des efforts de médiation et de stabilisation engagés par les États-Unis.

Une position constante de Washington

L’administration Biden a fait de la situation dans l’est de la RDC un sujet de préoccupation diplomatique majeur sur le continent africain. Depuis la résurgence du M23 en 2022, soutenue selon plusieurs rapports onusiens par le Rwanda, les États-Unis ont multiplié les déclarations condamnant l’implication de Kigali dans ce conflit. Le Département d’État a à plusieurs reprises appelé à une désescalade et à une solution politique, exprimant publiquement son soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la RDC.

Début 2024, Washington avait déjà annoncé des sanctions ciblées contre des responsables militaires rwandais impliqués dans le soutien au M23. Par ailleurs, les États-Unis ont apporté une aide humanitaire d’urgence à destination des populations déplacées dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, régions les plus affectées par les violences armées.

Le Rwanda sous pression croissante

La prise de position américaine s’ajoute à une pression internationale croissante sur Kigali. Des organisations des Nations unies, des ONG comme Human Rights Watch ou Amnesty International, ainsi que l’Union européenne ont pointé la responsabilité du Rwanda dans le conflit à travers son appui militaire et logistique au M23. Ce groupe rebelle, essentiellement composé de Tutsis congolais, est accusé de graves violations des droits humains, notamment des exécutions sommaires, le recrutement d’enfants soldats et des déplacements forcés de civils.

Le gouvernement rwandais continue toutefois de nier toute implication directe dans le conflit, en invoquant un droit à la sécurité face à la menace que représenteraient sur son sol des groupes armés hutus opérant à partir de la RDC, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Une justification que Washington rejette désormais sans ambiguïté.

L’implication régionale et internationale

La reprise du conflit dans l’est de la RDC s’inscrit dans un contexte d’instabilité régionale profonde. Le processus de paix de Nairobi, tout comme l’initiative de Luanda menée sous médiation angolaise, peinent à produire des résultats tangibles. Les tentatives de cessez-le-feu successives ont été systématiquement violées, et les combats se poursuivent autour de zones stratégiques comme Rutshuru, Masisi ou Sake.

Les États-Unis soutiennent ces initiatives régionales mais appellent à un engagement plus ferme de la communauté internationale. Lors de leur tournée africaine, les diplomates américains ont plaidé pour une action concertée des pays de la Communauté d’Afrique de l’Est et de l’Union africaine en faveur d’un retrait militaire rwandais et d’un renforcement des mécanismes de vérification.

Un enjeu de stabilité régionale majeur

La situation humanitaire continue de se dégrader. Selon l’OCHA, plus de 7 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur de la RDC, dont une majorité dans les provinces de l’Est. Les efforts de la MONUSCO, la mission des Nations unies en voie de retrait, apparaissent insuffisants face à l’ampleur de la crise sécuritaire.
La position américaine, bien que ferme, reste axée sur une solution politique.

Washington insiste sur la nécessité d’un dialogue régional inclusif, tout en affirmant qu’aucune paix durable ne pourra être atteinte sans le respect de la souveraineté territoriale de la RDC et la fin des ingérences extérieures.

En prenant publiquement position contre la présence militaire rwandaise en territoire congolais, les États-Unis cherchent à exercer une influence décisive sur le cours du conflit, dans un moment où la diplomatie africaine et internationale peine à infléchir les rapports de force sur le terrain.

Infos27

ça peut vous intéresser

Laisser un Commentaire

Infos27.CD utilise des cookies pour améliorer votre expérience utilisateur. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En Savoir Plus