Face à une recrudescence alarmante des cas de choléra, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a officiellement déclaré l’état d’épidémie dans six provinces. Plus de 18 000 cas ont été recensés depuis le début de l’année, dont 364 décès. Un seuil critique qui pousse les autorités sanitaires à passer à la vitesse supérieure dans la riposte.
Le ministre de la Santé publique, de l’Hygiène et de la Prévoyance sociale, Dr Kamba Mulanda Samuel Roger, a annoncé cette mesure lors d’un point de presse à Kinshasa. Les provinces concernées sont le Haut-Katanga, le Tanganyika, le Sud-Kivu, le Nord-Kivu, la Tshopo et le Kongo Central, des régions connues pour leur vulnérabilité épidémiologique, accentuée par des facteurs structurels et conjoncturels.
Une situation au-dessus du seuil critique
Avec un taux de létalité de 2 %, supérieur au seuil de 1 % recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les autorités redoutent une aggravation rapide si des mesures fortes ne sont pas prises. Les causes identifiées sont multiples : pluies diluviennes, inondations, déplacements massifs de populations fuyant les violences à l’Est du pays, migrations transfrontalières avec l’Angola et la Zambie, et insuffisances persistantes en matière d’accès à l’eau potable.
Des cas ont été confirmés grâce aux tests biologiques effectués dans les laboratoires de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), qui collabore étroitement avec les services de santé provinciaux.
Une riposte en mode urgence
En réaction, le Centre des opérations d’urgences de santé publique (COUSP) a été activé en mode réponse de niveau 1, ce qui implique la mobilisation rapide de ressources humaines, logistiques et financières sur le terrain. Une riposte multisectorielle est désormais enclenchée, en coordination avec les partenaires internationaux, les ONG et les agences des Nations unies. Des unités de traitement, des stocks de réhydratation orale et de chlore ont été déployés dans les zones prioritaires.
Le ministre de la Santé appelle à la vigilance de la population, insistant sur les gestes d’hygiène de base : laver les mains, faire bouillir l’eau, désinfecter les aliments. « Toute personne présentant des signes de diarrhée aqueuse doit se rendre immédiatement dans un centre de santé », a-t-il déclaré, rappelant que le choléra est une urgence médicale traitable à condition d’une prise en charge rapide.
Un défi récurrent dans un contexte instable
La RDC est confrontée de manière cyclique à des flambées de choléra, mais l’ampleur actuelle est jugée exceptionnelle. Le lien avec l’instabilité sécuritaire dans plusieurs provinces du pays est souligné par les experts : les camps de déplacés internes, surpeuplés et dépourvus d’infrastructures sanitaires, sont des foyers potentiels de contamination.
À court terme, le gouvernement vise à briser les chaînes de transmission, mais la pérennité des actions dépendra d’un investissement soutenu dans les infrastructures de santé, d’eau et d’assainissement. Une ambition qui, dans un contexte budgétaire contraint, nécessitera aussi un engagement accru des partenaires techniques et financiers.
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