Alors que les réseaux sociaux se substituent de plus en plus aux cours et tribunaux de la République démocratique du Congo, les ministères des finances et de la justice ont opposé une fin de non-recevoir aux allégations virales de détournement de fonds. Accusés sans preuve d’avoir validé un paiement de 39 millions de dollars pour une prison fictive à Kisangani, les deux ministères ont dénoncé une manipulation orchestrée dans l’intention manifeste de discréditer les institutions de l’État et d’empoisonner l’opinion. Cette affaire illustre une dérive inquiétante : celle d’une justice parallèle, rendue sur écran et nourrie de rumeurs, qui capte les esprits fragiles et menace la stabilité institutionnelle. Face à ce flot de désinformation, les autorités réaffirment leur attachement à la transparence budgétaire, à l’intégrité de l’action publique et à la primauté du droit.
Accusés sur les réseaux sociaux d’avoir orchestré un détournement présumé de 39 millions de dollars dans le cadre de la construction d’une prison à Kisangani, les ministères congolais des finances et de la justice ont tour à tour opposé un démenti formel. Dans deux communiqués publiés les 11 et 12 mai, les deux ministères rejettent ce qu’ils qualifient de « rumeurs infondées » et dénoncent une campagne de désinformation visant à saper les efforts de réforme engagés par le gouvernement Suminwa.
Le ministère de la justice a ouvert la riposte. Dans une mise au point publiée dimanche 11 mai, il affirme qu’« aucun contrat de 39 millions USD n’a été signé » par ses services, et qualifie de « fausse information » la prétendue lettre de la Direction générale du contrôle des marchés publics (DGCMP) qui circule sur Internet.
Le document précise par ailleurs qu’« aucun fonds n’a jusqu’ici été décaissé du compte du ministère de la Justice ou du Trésor public ». Se posant en garant de la régularité des procédures, le ministère annonce des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés de ces accusations.
Des procédures sous contrôle
Lundi 12 mai, le ministère des finances a appuyé ce démenti en affirmant, dans un communiqué signé par le directeur de cabinet Alain Malata Kafunda, que « ce dossier n’a été pris en charge ni de près, ni de loin par les services du ministère des Finances ». Il ajoute qu’aucun décaissement n’a été effectué par le Trésor public, ni depuis aucun compte sous gestion de son administration.
Tout en reconnaissant que certains projets peuvent être financés à partir de comptes spéciaux échappant à sa compétence directe, le ministère insiste sur la rigueur de ses mécanismes de contrôle.
Ces prises de parole officielles surviennent dans un climat où les soupçons de détournement nourrissent régulièrement la défiance envers l’appareil étatique. Les deux ministères y voient une tentative de nuire à l’image du gouvernement, alors que des réformes majeures sont en cours, en particulier dans la gestion des finances publiques.
Préserver la crédibilité de l’État
Face à cette polémique, les deux institutions rappellent leur engagement commun dans la lutte contre la corruption et les malversations. Le ministère des finances met en avant la création du Compte Unique du Trésor, récemment approuvée en Conseil des ministres, comme un outil central de modernisation et de traçabilité des flux financiers. Le ministère de la justice, pour sa part, revendique une vigilance accrue dans l’encadrement des projets publics sensibles.
Dans un pays où les scandales financiers ont longtemps nourri l’impunité, cette double mise au point marque une volonté de restaurer la confiance dans l’État. Pour les autorités, il s’agit aussi de réaffirmer que l’ère de l’opacité budgétaire est en passe de se refermer — sous l’impulsion du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et dans la dynamique de réforme portée par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka.
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