Le climat sécuritaire dans le Nord-Kivu ne cesse de se détériorer. Selon un rapport publié lundi par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), plus de 4 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en juin 2025 dans les territoires de Rutshuru et Masisi, conséquence directe de la recrudescence des affrontements entre les rebelles du M23/AFC et les groupes Wazalendo.
Ces déplacements massifs, représentant environ 1 000 ménages, viennent s’ajouter à une situation déjà critique dans cette partie orientale de la République démocratique du Congo, en proie à une violence chronique. Le rapport d’OCHA pointe notamment les conséquences humanitaires majeures dans plusieurs localités de la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, où les combats ont fait rage entre le 19 et le 28 mai.
Près de 70 civils tués et 766 habitations incendiées
Dans les groupements de Bukombo, Mutanda, Bambo et Kihondo, les combats ont coûté la vie à près de 70 civils, tandis que 766 maisons ont été réduites en cendres. En juin, la pression sécuritaire persistante a poussé plus de 3 600 personnes à chercher refuge à l’intérieur même de structures sensibles : l’Hôpital Général de Référence de Birambizo, la paroisse catholique locale, ou encore dans des familles d’accueil à Bukombo.
Une extension de la crise vers le Masisi
Le territoire voisin de Masisi est lui aussi affecté par une instabilité croissante. Les combats sur l’axe Masisi Centre–Nyabiondo ont provoqué le déplacement de plus de 1 200 personnes vers Walikale, en particulier dans les villages de Kalambayiro et Buhimba. Le 29 juin, une attaque contre la cité de Nyabiondo a causé la mort d’un civil et fait deux blessés graves. Des violences ont également été signalées entre le 24 et le 26 juin sur l’axe Kashuga–Kalembe, dans la zone de santé de Mweso, provoquant de nouveaux départs de civils.
Ces chiffres, bien que déjà alarmants, ne reflètent que partiellement l’ampleur de la crise, de nombreux mouvements de population n’étant pas encore répertoriés, faute d’accès sécurisé aux zones affectées.
Humanitaires ciblés et accès de plus en plus risqué
OCHA s’inquiète en outre de la dégradation des conditions sécuritaires pour les acteurs humanitaires dans la région. Le 6 juin, deux membres d’une ONG internationale ont été enlevés sur l’axe Goma–Rutshuru. Ils ont été relâchés deux semaines plus tard, après avoir passé 14 jours en captivité.
Cette insécurité persistante complique l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones les plus touchées. Selon plusieurs organisations présentes sur le terrain, le risque d’attaques, de pillages et de violences ciblées rend certaines interventions presque impossibles.
Le conflit entre le M23/AFC – soutenu par le Rwanda voisin – et les forces d’autodéfense Wazalendo, issues de communautés locales, s’est intensifié ces derniers mois.
Alors que l’attention internationale se tourne par intermittence vers l’est de la RDC, la population civile, elle, continue de payer le prix fort d’une guerre sans fin.
Justin Mupanya, correspondant à Beni