Par-delà les décennies, la mémoire s’ancre dans les actes. Mardi 15 juillet, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, a salué une figure tutélaire de la presse congolaise en recevant dans son cabinet Pauline Kabangu Tshita, première femme journaliste professionnelle du pays. Un moment de reconnaissance.
Pendant plus de trente minutes, les échanges ont été nourris, chaleureux et empreints d’admiration. À 80 ans passés, Pauline Kabangu garde le verbe précis et le regard vif. Dans le bureau ministériel, elle a retracé les grandes étapes d’une carrière aussi discrète que fondatrice, jalonnée par une exigence constante au service de l’information publique.
« Le ministre a voulu échanger un peu avec moi sur mon parcours, sur le travail que j’effectuais à la RTNC, tant à la télévision qu’à la radio », a confié Pauline Kabangu. « Il fallait marquer cela d’une manière ou d’une autre », a-t-elle ajouté, touchée par cette reconnaissance officielle.
Une vie dédiée à l’information
Première femme à intégrer le paysage médiatique congolais dans les années 1960, Pauline Kabangu est entrée dans l’histoire en 1965 à Mbuji-Mayi, avant d’accéder à l’écran de la télévision nationale en 1967.
Rédactrice en chef, journaliste permanente au Parlement puis à la Présidence de la République, elle a incarné pendant trois décennies l’excellence féminine dans un métier longtemps dominé par les hommes.
Sous le régime du maréchal Mobutu, elle a été l’un des visages les plus familiers de l’Office zaïrois de radiodiffusion et de télévision (OZRT). Elle en témoigne avec fierté : « Le Président Mobutu, étant lui-même journaliste, était très exigeant. Il suivait tout de près. Il appelait personnellement s’il y avait du retard dans la diffusion d’un journal. Il voulait que ses concitoyens et le monde soient informés de l’actualité au Zaïre. »
Son engagement et sa rigueur l’ont menée à diriger la chaîne stéréo, première station radiophonique à l’époque. « Cela montre que lorsqu’on travaille sérieusement, on est reconnu », dit-elle avec simplicité.
Un retour au pays et à la mission
Après avoir accompagné son époux diplomate pendant près de 30 ans à l’étranger, Pauline Kabangu est revenue en RDC, fidèle à sa vocation première : « Le journalisme, c’est toute ma vie. »
Son passage au ministère ce 15 juillet sonne comme une reconnaissance symbolique d’un engagement pionnier. Patrick Muyaya, lui-même issu du monde des médias, a tenu à honorer ce legs vivant, en saluant le parcours d’une femme qui a ouvert la voie.
Aux jeunes journalistes, aux étudiants en sciences de l’information, elle lance une exhortation empreinte d’expérience : « Je les encourage à persévérer dans le travail. Il faut exercer ce métier avec beaucoup de sérieux. Il faut l’aimer pour pouvoir bien le faire. »
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