La rumeur d’un projet d’élimination physique du chef de l’État congolais n’est plus un simple murmure : elle s’installe avec insistance au cœur du débat national. L’interpellation du général Christian Tshiwewe, ancien chef d’état-major des FARDC, soupçonné d’implication dans un plan contre Félix Tshisekedi, jette une lumière crue sur une menace d’une extrême gravité. En brisant le silence, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, affirme que l’officier n’a pas nié les faits lors de son audition. Mais la question demeure entière. Est-ce le prolongement d’un agenda de déstabilisation, alors que la République démocratique du Congo fait déjà face à une guerre d’agression à l’Est, orchestrée par le Rwanda via le M23/AFC ? Ou bien la résurgence d’un front intérieur, nourri par des ambitions contrariées ou des alliances politiques obscures ? Alors que les services de sécurité gardent le silence, le soupçon s’installe et l’inquiétude grandit : le président est-il encore en danger ? Et qui, au sein même de l’appareil d’État, pourrait vouloir précipiter la chute du régime ?
À Kinshasa, la rumeur d’un complot contre la vie du président Félix Tshisekedi a cessé d’être un murmure. Elle prend désormais les contours d’un fait redouté, potentiellement documenté, en tout cas pris très au sérieux par les cercles proches du pouvoir. En toile de fond : l’interpellation d’un haut gradé de l’armée, le général Christian Tshiwewe Songesha, ancien chef d’état-major des FARDC, soupçonné d’avoir participé à un plan visant l’élimination physique du chef de l’État.
Mais que s’est-il réellement tramé dans les arcanes feutrées du pouvoir militaire ? S’agit-il d’un coup d’État avorté ou d’un simple emballement sécuritaire ? Les services de renseignement, fidèles à leur réputation de « grande muette », gardent jusqu’ici le silence, tandis que le parti présidentiel, lui, parle. Et ses propos inquiètent.
Une révélation lourde de sens
Mardi 15 juillet, lors d’une matinée politique devant les militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), son secrétaire général, Augustin Kabuya, a livré une déclaration troublante : « Quelqu’un assis comme ça et après réflexion avec son entourage, comment est-ce qu’il peut tuer un père de famille, un grand-père, la première institution de la République ? » Avant d’ajouter, grave : « Lui-même n’a pas nié. »
À en croire Augustin Kabuya, l’ancien chef de l’état-major général des FARDC n’aurait pas rejeté les accusations lors de son audition par les services. Une affirmation, non encore corroborée par des sources judiciaires ou militaires indépendantes, qui fait l’effet d’un coup de tonnerre. Car elle implique, si elle est avérée, que le président de la République démocratique du Congo a échappé à une tentative planifiée de liquidation physique. Et que celle-ci serait venue de son propre entourage sécuritaire.
Une affaire d’État ?
Ce qui semblait hier encore n’être qu’une rumeur devient, à mesure que les jours passent, une hypothèse crédible aux yeux de nombreux observateurs. L’interpellation du général Tshiwewe n’a pas été démentie. Elle a même été implicitement confirmée par le nouveau chef d’état-major général, le lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe, qui, dans une communication officielle, a indiqué que toute interpellation ne signifiait pas pour autant une condamnation. Autrement dit : les enquêtes sont en cours, et la justice militaire tranchera.
Le porte-parole de l’armée, le général-major Sylvain Ekenge, a pour sa part insisté sur le fait que ces interpellations sont motivées par des « manquements graves à la discipline militaire » et non par une quelconque appartenance communautaire, balayant les accusations de chasse aux sorcières contre les officiers Swahiliphones.
Qui en veut au président ? Et pourquoi ?
La question demeure entière. Est-ce le prolongement d’un agenda de déstabilisation, alors que le pays est déjà confronté à une guerre d’agression à l’Est, orchestrée par le Rwanda via le M23/AFC ? Ou bien la résurgence d’un front intérieur, nourri par des alliances politiques obscures ? Le calendrier n’est pas anodin : plusieurs figures connues pour leur proximité avec des courants contestataires annonçaient vouloir célébrer la fête de l’indépendance du 30 juin 2025 à Kinshasa. Un choix symbolique, pour ne pas dire provocateur, au regard de l’extrême tension sécuritaire et politique du moment. De là à penser qu’un basculement du régime se préparait dans l’ombre, il n’y a qu’un pas que certains responsables politiques semblent prêts à franchir.
L’État-major vacille-t-il ?
Que des militaires de haut rang puissent être impliqués dans une tentative de renversement du pouvoir – si les faits sont confirmés – pose une question vertigineuse : l’État-major est-il encore homogène, ou est-il traversé de lignes de fracture dangereuses ? Si l’affaire Christian Tshiwewe devait aboutir à une inculpation, elle révélerait une infiltration profonde des institutions sécuritaires par des éléments hostiles à l’ordre constitutionnel.
Et dans ce cas, la menace ne serait pas simplement contre Félix Tshisekedi, mais bien contre la République. Car viser la « première institution », c’est viser le cœur du pouvoir. Et dans un pays aussi instable que la RDC, cela équivaut à jouer avec le feu.
Ce que l’on sait. Et ce que l’on ignore.
Jusqu’à présent, les éléments publics demeurent fragmentaires, et aucune preuve formelle n’a été présentée. L’affaire semble gérée avec la plus grande discrétion, au niveau des services spécialisés. Mais les propos du secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, s’ils n’engagent pas la justice, engagent tout de même la responsabilité politique du pouvoir.
La question qui taraude désormais Kinshasa est simple et grave : le président Félix Tshisekedi est-il encore en danger ? Et si oui, qui, au sein même de l’appareil d’État, pourrait encore nourrir l’intention de faire tomber le régime ? Les prochains jours seront déterminants.
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