À Kinshasa, mercredi 24 septembre, le Palais du Peuple a vibré au rythme d’une diplomatie parlementaire en plein essor. Le président du Sénat congolais, Jean-Michel Sama Lukonde, a accueilli son homologue angolaise, Carolina Cerqueira, pour une rencontre de haut niveau où économie, sécurité et développement durable se sont invités au cœur des discussions. Dans un contexte marqué par les incertitudes géopolitiques et la persistance des défis sécuritaires dans la région des Grands Lacs, cette réunion traduit une volonté commune d’ancrer la coopération interparlementaire comme levier de stabilité et de croissance. En misant sur le dialogue et l’intégration, Kinshasa et Luanda cherchent à impulser un nouvel élan aux travaux du forum des parlements de la CIRGL, dont l’Angola assure la présidence tournante. Une étape qui, à l’échelle régionale, pourrait renforcer la dynamique d’unité et d’action collective.
Le décor avait été soigneusement planté au Palais du Peuple. Mercredi, Jean-Michel Sama Lukonde, président du Sénat congolais, recevait Carolina Cerqueira, présidente du Parlement angolais et actuelle dirigeante du forum des parlements de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Un tête-à-tête à la fois solennel et stratégique, destiné à dessiner une feuille de route commune sur trois priorités : la coopération économique, la sécurité et le développement durable.
Dans une sous-région marquée par l’instabilité, où les conflits et les défis environnementaux entravent l’intégration, le choix de ces thèmes n’avait rien d’anodin. Ils traduisent les préoccupations partagées par Kinshasa et Luanda, mais aussi par l’ensemble des États membres de la CIRGL, soucieux de transformer un espace longtemps perçu comme une zone de tensions en un levier de prospérité.
Un dispositif institutionnel dense
La rencontre s’est déroulée dans un cadre institutionnel particulièrement étoffé. Aux côtés de Sama Lukonde figuraient le Bureau du Sénat, plusieurs sénateurs influents dont Jean-Pierre Daruwezi et Patrice Pungwe, ainsi que les équipes techniques du cabinet, du secrétariat général et du bureau d’études. La délégation angolaise, renforcée par la présence de l’ambassadeur en poste à Kinshasa, comptait neuf membres. La CIRGL, de son côté, avait dépêché son secrétaire administratif. Une configuration qui visait à donner du poids et de la profondeur à une réunion présentée comme un moment charnière pour la diplomatie parlementaire régionale.
Économie et sécurité au cœur des échanges
Les discussions ont insisté sur l’urgence d’une coopération économique concrète. Les deux délégations ont plaidé pour la mise en place de projets transfrontaliers capables de générer des emplois, la facilitation de la circulation des biens et des services et l’attraction d’investissements productifs.
Mais c’est sur la sécurité que les propos se sont faits les plus appuyés. Dans une région encore minée par les groupes armés et les violences transfrontalières, la stabilité demeure une condition préalable à tout développement. « Cette visite de travail de l’Honorable Carolina Cerqueira souligne l’engagement des pays de la région à collaborer pour un avenir meilleur et plus prospère. Les attentes sont grandes quant aux résultats de cette rencontre, qui pourrait marquer une étape significative dans l’histoire des relations interparlementaires en Afrique centrale », a déclaré la présidente du Parlement angolais à l’issue de la séance.
Redonner souffle au forum parlementaire de la CIRGL
L’échange de Kinshasa s’inscrit dans un processus plus large : la relance du forum des parlements de la CIRGL, une plateforme conçue pour renforcer le dialogue politique entre pays membres. À travers cet organe, les élus entendent compléter l’action des gouvernements en traduisant les attentes des populations en initiatives législatives et en misant sur la diplomatie parlementaire comme instrument de prévention des crises.
Pour Sama Lukonde, accueillir cette réunion représentait aussi une manière d’affirmer le rôle de la RDC comme pilier régional. En ouvrant ses portes à cette concertation, Kinshasa a voulu envoyer un message clair : celui d’une capitale décidée à peser dans la construction d’un avenir collectif.
Le signal d’une unité régionale
Au-delà des formules diplomatiques, la rencontre illustre la volonté des deux voisins de resserrer leurs liens dans un esprit de complémentarité. La RDC et l’Angola partagent une frontière stratégique, mais aussi des défis identiques : lutte contre l’insécurité transfrontalière, valorisation des richesses naturelles, transition vers un modèle de développement durable.
Aucune annonce spectaculaire n’a été faite, mais l’essentiel était ailleurs : la volonté de structurer un agenda commun. Les prochaines étapes porteront sur la mise en œuvre de la feuille de route, avec des mécanismes de suivi et l’implication des commissions spécialisées.
Pour la RDC, ce dialogue tombe à point nommé : le pays cherche à consolider ses alliances régionales tout en affirmant sa voix sur la scène internationale. Pour l’Angola, il s’agit de conforter son rôle de médiateur et de garant de la stabilité régionale, renforcé par la présidence du forum parlementaire de la CIRGL.
Kinshasa et Luanda auront désormais à prouver que ce rapprochement peut se traduire en résultats tangibles. Mais une certitude se dégage : dans une région où la paix reste fragile, l’unité parlementaire s’impose comme un levier inédit de coopération et d’espoir.
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