Dans un contexte d’urgence humanitaire sans précédent en République démocratique du Congo, la Conférence internationale de Paris sur la région des Grands Lacs a marqué un tournant. Réunissant une quinzaine de puissances et d’organisations internationales, la rencontre a permis de mobiliser 1,5 milliard d’euros pour soutenir les efforts de paix, de reconstruction et d’aide aux populations déplacées. Le président Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture prochaine de l’aéroport de Goma aux vols humanitaires, accompagnée de corridors sécurisés, tout en réaffirmant le respect de la souveraineté congolaise. Face à un parterre de dirigeants, Félix Tshisekedi a tenu un discours ferme, pointant la responsabilité directe du M23-AFC et du Rwanda dans la crise humanitaire qui ravage l’est du pays. « Toute paix durable commence par la fin de l’occupation d’une partie du territoire congolais », a martelé le chef de l’État, appelant à une mise en œuvre urgente de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU.
La France, le Togo et leurs partenaires internationaux ont tenu, jeudi, au Quai d’Orsay, une conférence inédite consacrée à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs. À l’issue des travaux, 1,5 milliard d’euros ont été mobilisés pour financer des programmes humanitaires et des actions de stabilisation en République démocratique du Congo (RDC) et dans les pays voisins.
Le président Emmanuel Macron a salué un « engagement collectif » en faveur d’une région « dont la stabilité conditionne la paix du continent ». Il a annoncé l’ouverture prochaine de l’aéroport de Goma aux vols humanitaires, mesure symbolique de soutien aux populations déplacées, assortie de corridors humanitaires sécurisés, dans le plein respect de la souveraineté congolaise.
“La crise humanitaire en RDC est directement liée aux actions du M23-AFC”
Prenant la parole à la tribune, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a dressé un tableau sans concession de la situation humanitaire qui frappe l’est du pays. « La crise humanitaire en République démocratique du Congo est directement liée aux actions militaires menées par le groupe armé M23-AFC, soutenu sur les plans logistique, financier et opérationnel par le Rwanda », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Cette réalité est aujourd’hui documentée et reconnue. »
Le président congolais a appelé la communauté internationale à sortir du silence : « Chaque partenaire ici présent doit s’engager à soutenir l’application effective de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité. » Et d’avertir : « Toute paix durable commence par la fin de l’occupation d’une partie du territoire congolais. Il ne peut y avoir ni double langage, ni compromis moral. »
Face à une assistance rassemblant dirigeants européens, africains et représentants d’organisations internationales, Félix Tshisekedi a plaidé pour un soutien financier prévisible et ciblé, destiné à répondre aux besoins vitaux : soins, abris, sécurité alimentaire, protection des survivantes de violences sexuelles et accès à l’eau potable.
Une mobilisation internationale autour de la paix et de la dignité
Coorganisée par la France et le Togo, la Conférence de Paris a réuni une quinzaine de pays, dont l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Italie, la Suède, le Qatar et l’Arabie saoudite. Tous ont exprimé leur volonté de renforcer la coordination humanitaire et diplomatique dans une région minée par des décennies de conflits.
Pour Jean-Noël Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, « la paix n’est jamais un miracle, elle est le fruit du courage, de la constance et du respect de la parole donnée ». Le ministre togolais Robert Dussey a, pour sa part, exhorté les partenaires à ne pas se résigner : « Cette crise n’est pas congolaise, c’est une crise régionale, un échec collectif de notre conscience internationale. L’inaction n’est plus tolérable. »
La vice-première ministre congolaise Thérèse Kayikwamba, intervenant au nom du gouvernement, a rappelé que « la paix ne peut être construite que par la justice et la responsabilité ». Sans nommer explicitement le Rwanda, elle a appelé à maintenir la pression diplomatique et à sanctionner les soutiens armés qui perpétuent la déstabilisation.
Au terme de cette journée dense, la Conférence de Paris a fait émerger un consensus : la crise des Grands Lacs exige une réponse globale, à la fois humanitaire, politique et sécuritaire. L’engagement de 1,5 milliard d’euros constitue une étape majeure, mais, pour Kinshasa, la véritable victoire dépendra de la fin des ingérences étrangères et du retour effectif de la paix dans l’Est du pays.
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