Dans un territoire longtemps associé aux seules ressources minières et aux tensions sécuritaires, c’est un tout autre récit que tente d’imposer l’autorité provinciale du Nord-Kivu. En lançant un forum agricole consacré aux cultures pérennes, le gouverneur militaire, le général-major Somo Kakule Évariste, a voulu déplacer les lignes : faire de Walikale non plus uniquement un espace d’extraction, mais un pôle de production et de prospérité capable de transformer durablement l’économie locale. Derrière cet appel, une conviction simple mais forte : l’agriculture, longtemps marginalisée, peut redevenir le socle de la stabilité et d’un développement à visage humain. Porté par les acteurs étatiques, la société civile et des producteurs déjà engagés dans le cacao, le café ou l’huile de palme, le forum entend structurer un partenariat nouveau et tracer une feuille de route cohérente. À l’heure où les débats nationaux sur la souveraineté économique et la diversification prennent de l’ampleur, Walikale offre une illustration concrète d’un territoire qui veut se réinventer par la terre.
Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Somo Kakule Évariste, a procédé mercredi 26 novembre au lancement du forum agricole de Walikale centre, chef-lieu du territoire éponyme. L’événement, consacré au renforcement des cultures pérennes, réunit des représentants de l’État, de la société civile ainsi que des acteurs locaux impliqués dans la transformation du secteur agricole.
Dans son allocution d’ouverture, l’autorité provinciale a invité les habitants à s’engager davantage dans la culture du palmier à huile, du cacao et du café. « Le territoire de Walikale est connu pour ses minerais. Mais l’agriculture peut changer le mode de vie des habitants s’ils se donnent aux activités agricoles », a-t-il souligné, avant d’appeler la population à “embrasser l’agriculture, base de la prospérité du pays”. Pour le gouverneur, les cultures pérennes constituent une “voie crédible pour booster l’économie locale”, dans un contexte où les revenus tirés des produits vivriers peinent à répondre aux besoins des ménages.
Le forum doit permettre d’établir un état des lieux précis du secteur et d’identifier les opportunités comme les défis qui freinent son expansion. Les échanges portent notamment sur la fluctuation des prix, l’accès aux intrants, l’état des pistes rurales, mais aussi la nécessité de structurer les coopératives et les chaînes d’approvisionnement.
Agriculture et gouvernance : un choix politique assumé
L’administrateur du territoire de Walikale, le commissaire supérieur principal Ado Laurent Kasongo, a rappelé combien les cultures pérennes contribuent déjà à transformer l’économie locale. « Faire la culture vivrière, c’est bon pour lutter contre la malnutrition, mais nous avons vu des familles entières se développer grâce à la production d’huile de palme, de cacao et de café », a-t-il témoigné. Selon lui, les acheteurs qui affluent jusqu’à Walikale pour s’approvisionner en produits bruts ont encouragé l’émergence d’un agribusiness rural encore fragile, mais prometteur.
Cette dynamique, martèlent les autorités territoriales, doit désormais être encadrée et intégrée dans une vision plus large de développement. En misant sur les cultures pérennes, Walikale cherche à réduire sa dépendance aux minerais, souvent exploités dans un environnement informel et conflictuel, et à ramener l’activité économique vers des secteurs porteurs, créateurs d’emplois et de stabilité.
À l’issue du forum, les participants doivent élaborer une feuille de route commune, destinée à développer des partenariats agricoles, soutenir les initiatives locales et lever les obstacles à la production. Un document que la province espère transformer en pivot pour un nouveau modèle économique, plus ancré dans les potentialités du territoire.
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