En séance de travail avec le corps diplomatique accrédité en République démocratique du Congo (RDC), dans son cabinet de travail à Kinshasa, le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula est revenu mercredi 8 mai 2024 sur les propos du président rwandais, Paul Kagame sur un média étranger, où il prévient que son armée ne quittera pas la RDC tant qu’on n’a pas restitué aux Tutsi congolais leurs territoires et tant que leurs droits ne seront pas garantis. En réaction, il a dénoncé la préparation d’un génocide sournois des Hutus dans l’Est du pays de la part du Rwanda.
« Il ne faut pas que le président Kagame et son armée fassent une sorte de génocide sournois de vengeance pour arriver à attiser les tensions intercommunautaires au Nord-Kivu. Quand ça va éclater, on dit voilà, c’est le gouvernement congolais qui ne sait pas gérer les contradictions internes’. Ça c’est tout à fait cynique, c’est machiavélique, c’est très sournois », c’est en ces termes que le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a dénoncé, le mercredi 8 mai 2024, la préparation un génocide rusé des Hutus dans l’Est de la RDC par le Rwanda. C’était au cours d’une séance de travail qu’il a eue avec le corps diplomatique accrédité en République démocratique du Congo (RDC).
Cette dénonciation fait suite aux propos tenus dernièrement par le président rwandais, Paul Kagame sur un média étranger. En effet, ce dernier prévenait que l’armée rwandaise ne quittera pas le sol congolais tant qu’on n’a pas restitué aux Tutsi congolais leurs territoires et tant que leurs droits ne seront pas garantis. Des déclarations que Christophe Lutundula qualifie d’extrêmement dangereuses.
« Kigali dit que les Tutsis congolais sont persécutés et sont menacés de génocide, mais nous nous apercevons que les territoires qui sont attaqués de temps en temps sont des territoires dans lesquels la majorité des habitants sont des Hutus congolais. Quand on se rappelle que le génocide c’était en 1994, que dans les mêmes camps là, l’armée rwandaise actuelle a attaqué, a bombardé Kibumba et autres, on a tué des gens là-bas, c’était des Hutus, et parmi lesquels il y a des Hutus congolais. C’est ça aussi qui a créé problèmes après que les génocidaires soient refoulés vers chez nous. Parce que nous avons encore cette expérience, le discours actuel du président Kagame a quel effet dans l’opinion congolaise? », a-t-il alerté le corps diplomatique en s’interrogeant.
Avant d’argumenter : « Première chose, c’est de renforcer l’antagonisme entre les Hutus congolais et les Tutsis congolais. Deuxième conséquence, quand on voit tous ces éléments là, ça a pour effet de susciter des tensions autour des terres au Nord-Kivu. Au Kivu, quand vous commencez à parler des problèmes de territoires, vous inoculez le virus de la division et vous amenez vers une conflagration des violences intercommunautaires. Parfois on ne fait pas attention à ça. »
De plus, en ce qui concerne le discours de la haine, qui serait tenu en RDC, le vice-Premier ministre a invité à la prudence : « Il faut faire attention à ça. C’est le virus de la haine tribale, le génocide sournois qu’on est en train de faire à travers certains comportements, et il faut aussi dénoncer cela. La RDC invite la Communauté internationale à prendre les dispositions pour qu’on n’arrive pas à ce scénario de tensions intercommunautaires au Nord-Kivu. Et vous qui avez des moyens plus que nous, vous ne saurez pas maîtriser ça facilement et ça va faire du feu dans la région des Grands Lacs, qui est une région dont la composition sociologique est très complexe ».
Christian Kamba