Le dernier rapport des experts de l’ONU, publié le 8 juillet 2024, révèle des accusations graves contre le Rwanda et l’Ouganda pour leur soutien au M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce qui est particulièrement troublant, c’est l’implication de l’Ouganda, dont les forces armées (UPDF) participent aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux opérations « Shujaa » menées dans la région de Beni, au Nord-Kivu, et en Irumu, dans la province de l’Ituri, contre les terroristes ADF. Face à ces révélations, le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, a exprimé sa consternation et annoncé que Kinshasa attend des éclaircissements de Kampala. Ces explications pourraient reconfigurer le partenariat entre les deux pays. En tout état de cause, Kinshasa n’est plus disposée à maintenir des relations bilatérales marquées par l’hypocrisie. L’heure est aux engagements fermes et sincères pour identifier les ennemis des amis.
Comme tous les six mois, les experts onusiens mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies ont rendu leur rapport sur la situation en République démocratique du Congo (RDC). Ce rapport, diffusé le 8 juillet 2024, expose notamment la montée en puissance du soutien du Rwanda au groupe rebelle M23 à l’est de la RDC ainsi que l’implication de l’Ouganda auprès du M23. Sans détour, Kinshasa a rapidement réagi. Selon le porte-parole du gouvernement de la RDC, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, intervenant lundi 15 juillet au journal Afrique de TV5Monde, la RDC attend de l’Ouganda des clarifications quant à son soutien apporté au Rwanda pour attaquer son territoire. « Sans complaisance, elle tirera les conséquences qui s’imposent », a tranché le Porte-parole du gouvernement de la RDC.
En substance, ce rapport des experts de l’ONU met en lumière le rôle de l’Ouganda, qui aurait permis le transit des troupes du M23-RDF par son territoire. Cette révélation pourrait compromettre la fiabilité du partenariat de l’Ouganda avec la RDC.
« Nos services nous ont donné des éléments qui ont été corroborés par le rapport des experts des Nations Unies, mais il faut regarder un peu la situation en Ouganda avec la question interne, comment elle est abordée entre le père et le fils. Pour nous, nous avons posé des questions que ce soit au plan diplomatique, la ministre d’État en charge des Affaires étrangères s’en est assurée, que ce soit au plan militaire où le chef d’État-major général des FARDC a rencontré son homologue ougandais. Nous attendons d’eux la clarification parce que vous ne pouvez pas comprendre que nous avons, par exemple, des militaires ougandais qui décèdent à côté des militaires congolais, tous engagés contre les terroristes ADF dans le Grand Nord, et d’autre part, ces mêmes Ougandais soient à même d’apporter un appui à un mouvement terroriste et au Rwanda », a-t-il indiqué.
Bien avant l’intervention du ministre Patrick Muyaya sur la chaîne française, le gouvernement de la RDC avait exprimé sa consternation face à ce rapport indiquant également l’implication de l’Ouganda dans le conflit avec le M23. Cela survient alors que Kinshasa et Kampala mènent depuis plus d’une année une opération militaire conjointe dénommée Shujaa contre les islamistes des ADF dans la province de l’Ituri, sur le sol congolais. Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères, avait déclaré lundi 8 juillet lors d’un briefing à Kinshasa que la RDC soulèverait cette question par des canaux diplomatiques et militaires. « Évidemment, nous sommes préoccupés par ce rapport, nous sommes aussi préoccupés par des sources de nos propres services qui indiquent des tendances similaires. Je pense que dans le cadre de nos liens bilatéraux assez solides que nous avons, nous allons soulever la question à travers le canal diplomatique qui est le mien, mais aussi à travers d’autres canaux comme celui de la défense. Avec l’opération Shujaa, nous avons des interactions et des échanges assez fréquents entre les FARDC et les UPDF. Cette question ne nous échappe pas.»
Pour rappel, le rapport de l’ONU dénonce notamment la présence de 3 000 à 4 000 soldats rwandais combattant aux côtés des rebelles du M23 et accuse Kigali d’avoir « violé l’intégrité et la souveraineté de la République démocratique du Congo ».
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