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24 octobre, 2025 - 11:54:51
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« Génocide congolais : plus jamais ça » – Patrick Muyaya appelle à la mémoire et à la justice

L’Est de la RDC saigne encore sous les coups de la brigade avancée rwandaise. Samedi 13 septembre, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, invité du journal Afrique de France 24, n’a épargné ni Kigali ni le M23. Face aux massacres récents, à Rutshuru et ailleurs, il dénonce une « œuvre macabre ». Les Wazalendo, ces patriotes surgis pour défendre la population, incarnent selon lui la résistance citoyenne face à l’agression étrangère. Il réaffirme la nécessité de faire reconnaître internationalement les génocides commis sur le territoire congolais, soulignant la responsabilité directe des troupes rwandaises et du M23. Une interview qui mêle fermeté, mémoire et diplomatie, et qui place le Rwanda au centre de l’accusation.

Le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, était samedi 13 septembre l’invité du journal Afrique de France 24. Il a livré une interview sans concession sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, les négociations de paix, la question des Wazalendo et l’appel de Kinshasa à la reconnaissance internationale des génocides commis dans le pays.

« Une œuvre macabre » : la guerre se poursuit malgré le cessez-le-feu

Interrogé sur la situation militaire dans l’Est, neuf mois après ses déclarations optimistes de janvier sur la victoire du gouvernement congolais, Patrick Muyaya a reconnu que la guerre se poursuivait, en dépit d’un cessez-le-feu officiel :

« La stratégie militaire est mise en berne globalement parce que nous sommes en instance de discussions, et lorsqu’on discute, les armes normalement se taisent. Mais ceux d’en face, avec la brigade avancée de l’armée rwandaise, le M23, continuent leur œuvre macabre », a-t-il dénoncé. Selon le ministre, les dernières attaques dans le territoire de Rutshuru ont coûté la vie à 140 civils Hutus dans des conditions « effroyables », un bilan corroboré par des rapports du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme et de Human Rights Watch.

Des civils ciblés : preuves de génocides selon Kinshasa

Patrick Muyaya a souligné que les violations de cessez-le-feu ne se limitaient pas aux lignes de front : « Dans les Rutshuru, il n’y avait pas de forces présentes, seulement des populations civiles qui vaquaient à leurs occupations et ont été massacrées, à l’image de ce qui s’est passé à Kishishe en 2022 ». Pour le gouvernement congolais, ces attaques constituent des preuves récentes de ce que Kinshasa qualifie de génocides sur son territoire.

Les Wazalendo, patriotes et défenseurs de la population

La question des Wazalendo, ces groupes d’autodéfense, a également été abordée. Patrick Muyaya a expliqué que ces unités sont apparues pour protéger la population face à l’offensive du M23 : « Le Rwanda ne peut interdire à des Congolais de s’élever pour défendre la patrie. Nous avons une stratégie pour encadrer ces énergies au sein d’une réserve armée, afin de garantir le respect des droits de l’homme ».

Gasita et les tensions communautaires dans l’Est

La polémique autour de la nomination du général Jean-Marie Gasita a été évoquée. Patrick Muyaya a plaidé pour la prudence, invoquant le contexte de tensions communautaires et l’instrumentalisation des conflits :

« Les Rwandais stigmatisent nos Banyamulenge et tentent de créer un discours de haine. La mission gouvernementale sur place vise à restaurer l’apaisement et l’entente entre communautés ». Il a affirmé que le soutien au général Gasita ne saurait se résumer à un simple maintien en poste, mais dépendra du respect des équilibres locaux et de l’efficacité de la gestion des tensions.

IMG 20250914 WA0019Reconnaissance internationale des génocides

S’agissant de la reconnaissance internationale des génocides en RDC, le ministre a rappelé que depuis trois décennies, des violations massives des droits de l’homme ont été commises, en particulier dans les territoires riches en ressources minières : « Avant d’arriver au génocide, on passe par des massacres et des violations massives de droits humains. Nous avons commencé un processus interne de réparation via le Fonds national de réparation, financé par la rédévance minière, et entamé une campagne internationale pour que le monde sache qu’il y a eu génocide au Congo ».

Quand la journaliste a demandé qui sont les auteurs de ces génocides, Patrick Muyaya n’a pas hésité : « Pour ne pas parler des sources congolaises, parlons des 140 Hutus massacrés récemment. Le modus operandi montre clairement la responsabilité de troupes rwandaises et de la brigade avancée du M23. Ces territoires sont sous leur contrôle. Il ne s’agit pas seulement de reconnaissance, mais de mémoire et de “plus jamais ça” ».

Joseph Kabila : la justice doit suivre son cours

L’interview a également permis au ministre de réaffirmer la position du gouvernement sur Joseph Kabila, dont le procès devant la Haute Cour militaire a été reporté : « Si le président Kabila est impliqué dans des faits de complicité avec les rebelles, la justice doit suivre son cours. Il bénéficie d’un régime spécial en tant qu’ancien président, mais il doit répondre de ses actes ».

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