Elle enseignait à Yolo-Sud, au cœur de Kinshasa, avec la passion tranquille de celles qui croient que l’école peut changer des vies. Samedi 8 novembre, enseignants, élèves et proches se sont réunis pour un dernier adieu à Bonnette Elombe Kianfuni, 38 ans, décédée le 20 octobre dernier. Figure populaire du monde éducatif congolais, elle avait conquis les réseaux sociaux grâce à ses vidéos pédagogiques mêlant comptines, rires et leçons de lecture. À l’espace Ave Maria de Kasa-Vubu, l’émotion était immense. Collègues, parents d’élèves et cadres du ministère de l’Éducation ont salué une femme « irréprochable, souriante et dévouée », devenue symbole d’une école plus humaine, plus vivante et ancrée dans son époque.
Sous le ciel gris de Kasa-Vubu, l’espace Ave Maria a pris des allures de salle de classe silencieuse. Dans l’assistance, les élèves, vêtus de leur uniforme blanc frappé de l’effigie de la défunte et de bleu, se tiennent en rangs serrés devant la dépouille de celle qui fut, pour eux, bien plus qu’une enseignante : une source d’inspiration et d’amour de l’école.
Devant le cercueil drapé de fleurs, des cadres du ministère de l’Éducation, des enseignants et des membres de la famille rendent un dernier hommage à celle qu’ils appelaient affectueusement Maman Bonnette.
« C’est avec une grande émotion et une profonde douleur que je prends la parole en ce jour douloureux », a déclaré Astrid Ntumba, directrice de l’école primaire protestante Yolo-Sud. « Madame Elombe était une enseignante respectée, aimée de tous, vaillante, souriante et disciplinée. Sur le plan pédagogique, elle était irréprochable, passionnée par l’éducation des enfants. »
Dans son intervention, le ministre provincial de l’Éducation, de la Formation professionnelle, de la Citoyenneté, du Genre et de la Famille, Thierry Tshitenga, a tenu à souligner la portée humaine de son engagement : « Par son approche humaine et passionnée, elle transformait les doutes en confiance, les peurs en courage, les échecs en relèvement. Elle croyait en la richesse intérieure de chaque enfant, même du plus timide, et elle savait réveiller en chacun l’étoile qui ne demandait qu’à briller. »
Après les hommages officiels, le cortège funèbre a pris la direction de la Nécropole ETEC, dans la commune de la N’Sele, où repose désormais celle que beaucoup considéraient comme une pionnière d’une pédagogie bienveillante et moderne.
Une pédagogie joyeuse devenue virale
Bonnette Elombe n’était pas une institutrice comme les autres. Dans sa classe de deuxième primaire, elle mêlait chansons, rimes et jeux pour faire aimer la lecture. Très vite, ses vidéos, filmées avec un simple téléphone, ont circulé sur TikTok, où elles ont touché plus d’un million d’abonnés. Ses élèves dansaient, récitaient, riaient et apprenaient.
« Elle avait trouvé le ton juste », se souvient une collègue. « Avec elle, les enfants n’avaient pas peur de se tromper. Ils voulaient apprendre. »
Sur les réseaux sociaux, des milliers de messages lui rendent hommage. Certains reprennent ses chansons de classe, d’autres rappellent ses conseils pédagogiques. Beaucoup voient en elle une pionnière d’une nouvelle manière d’enseigner, accessible, numérique et joyeuse.
Une cérémonie sous le signe de la reconnaissance
Le ministère provincial de l’Éducation a salué, dans un communiqué, « une femme qui a consacré sa vie à la transmission et à la promotion des valeurs citoyennes ». Les autorités locales ont rappelé que son engagement illustre la résilience du corps enseignant congolais, souvent confronté à la précarité et au manque de reconnaissance.
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