La restitution de la Table ronde nationale sur l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes, présentée mercredi par Patrick Muyaya et Justin Kalumba, résonne comme un souffle nouveau : celui d’un pays qui refuse désormais la résignation et se donne les moyens de transformer son avenir. Dans une RDC où la jeunesse représente près des deux tiers de la population, continuer à naviguer à vue aurait été un renoncement. Le gouvernement choisit au contraire d’assumer une ambition structurante : bâtir un écosystème compétent et ouvert, où chaque jeune Congolais peut espérer autre chose que la survie dans l’informel.
Le diagnostic est ancien, mais la lucidité est plus grande. L’absence de formation adaptée, les obstacles d’accès au crédit et la complexité de l’entrée sur les marchés publics ont longtemps étouffé des milliers d’initiatives. Cette accumulation de verrous a créé une contradiction douloureuse : un pays riche de talents mais pauvre en opportunités. En rappelant les principes du Pronadec : capacitation, crédit, contrat de marché, Justin Kalumba rappelle une vérité essentielle : l’entrepreneuriat ne se décrète pas, il se cultive et se sécurise par des institutions fiables.
La transformation de l’OPEC en ANADEC, la création du Fogec, l’ouverture du financement aux femmes et aux jeunes sans garanties marquent un changement de culture. Derrière ces mesures techniques se joue une évolution sociale profonde : reconnaître que le crédit n’est pas un privilège, mais un levier d’égalité des chances. C’est affirmer la confiance d’un pays en sa propre jeunesse.
La rupture la plus prometteuse reste toutefois celle de la formation professionnelle. Introduire l’entrepreneuriat dès l’école primaire, ériger une école de métiers dans chaque province, aligner les programmes sur les besoins locaux : ces mesures replacent la RDC dans une dynamique d’avenir. Elles construisent un pays où le diplôme retrouve son utilité, où les compétences répondent enfin aux réalités de l’économie, où le talent cesse d’être un pari et devient un outil.
Mais l’élan affiché ne suffira pas sans constance. Il devra traverser les lenteurs administratives, les résistances bureaucratiques, les habitudes qui freinent l’innovation. La préférence nationale dans l’accès aux marchés publics devra être appliquée avec rigueur, sans complaisance, pour ne pas se dissoudre dans des détours bien connus. L’ambition présidentielle, réelle, doit se déployer dans la durée, se protéger des effets d’annonce et s’enraciner dans une gouvernance stable pour produire des résultats tangibles.
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