Le Sénat a renvoyé lundi le projet de loi portant reddition des comptes 2024 à la Commission Ecofin pour une série d’ajustements jugés indispensables. Présenté par le ministre des finances, Doudou Fwamba, le texte révèle une exécution budgétaire marquée par un taux de réalisation inférieur aux prévisions et des tensions persistantes sur les recettes extérieures, entre retards d’appuis financiers internationaux et pressions liées aux crises sécuritaires dans l’Est du pays. Derrière les chiffres, c’est l’exercice même de la transparence budgétaire qui se joue : le gouvernement plaide la contrainte exogène, quand le Parlement entend réaffirmer son rôle de contrôle. Un débat évité en plénière mais reporté en commission, où se cristalliseront désormais les arbitrages politiques et techniques autour de la gestion publique.
Kinshasa a poursuivi, lundi 1ᵉʳ décembre, l’examen du projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice 2024, un texte scruté de près dans un contexte de tensions budgétaires persistantes. Après son adoption en première lecture à l’Assemblée nationale, la Chambre haute a décidé de le renvoyer à la Commission économique et financière (Ecofin) pour des ajustements supplémentaires, suivant une motion de procédure qui a évité un débat en plénière.
Présentant le document au Sénat, le ministre des finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi, a défendu la cohérence de la trajectoire budgétaire, tout en reconnaissant les « contre-performances » observées au cours de l’exercice. Selon lui, celles-ci résultent principalement de la non-réalisation de certaines recettes extérieures, en raison notamment du retard dans la publication des appuis budgétaires attendus de la Banque mondiale — un contraste marqué avec l’année précédente, où des soutiens plus substantiels avaient été enregistrés.
Un débat évité, un contrôle qui s’affirme
La décision de renvoyer le texte en commission, adoptée par la majorité malgré l’opposition, témoigne de la sensibilité politique de l’exercice. La reddition des comptes constitue en effet l’un des piliers du contrôle parlementaire, permettant d’évaluer la capacité de l’exécutif à mobiliser les ressources et à respecter la discipline de dépenses définie par la loi de finances.
Le rapport du gouvernement présente un état des lieux précis : adoptée à 44 410,1 milliards de francs congolais tant en recettes qu’en dépenses, la loi de finances rectificative 2024 a connu une réalisation des recettes du pouvoir central à hauteur de 35 513,9 milliards de CDF, soit un taux de 79,97 %. Le budget a également été confronté à un environnement particulièrement dégradé, marqué par l’instabilité sécuritaire dans le Kivu et dans le Maï-Ndombe, où s’est intensifié l’activisme armé des Mobondo.
Sur le volet extérieur, la dynamique est contrastée : les recettes projetées à 720 milliards de CDF ont finalement atteint 919 milliards, dépassant les prévisions avec un taux de réalisation de 127,7 %. Cette performance représente une progression notable par rapport à 2023, où ce poste s’établissait à 470,24 milliards de CDF.
Pour autant, ces résultats ne suffisent pas à éclaircir toutes les zones d’ombre. La Commission Ecofin devra désormais se prononcer sur la conformité des dépenses engagées, la sincérité des engagements de l’État et la cohérence des ajustements proposés. Autant d’éléments qui détermineront l’issue finale du texte lorsqu’il reviendra en plénière.
Au cœur de cet exercice parlementaire, une exigence demeure : celle d’une gestion publique lisible, responsable et conforme aux principes de transparence inscrits dans la réforme des finances publiques. Reste à savoir si la séquence ouverte par le renvoi en commission permettra d’apaiser les doutes et de renforcer la crédibilité budgétaire de l’État congolais.
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