À contre-courant des crispations régionales, des tensions sécuritaires persistantes et d’un environnement international instable, la République démocratique du Congo boucle l’année 2025 sur un registre économique inattendu : celui de la maîtrise. Inflation contenue, franc congolais stabilisé, appui renouvelé du Fonds monétaire international, reprise du cobalt. À la Primature, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka revendique une méthode : pilotage serré, coordination interministérielle et arbitrages assumés. Mais derrière les indicateurs rassurants, des zones grises subsistent : dépendance aux matières premières, fragilité sociale, exposition aux chocs externes. Le gouvernement avance donc sur une ligne de crête : consolider les acquis sans sur-vendre la performance. À l’approche des fêtes, l’enjeu est autant économique que politique : préserver la confiance, éviter la surchauffe des prix et prouver que la stabilité macroéconomique peut résister à la pression du réel.
Réunis mardi 23 décembre à Kinshasa, les membres du Comité de conjoncture économique (CCE) ont dressé un tableau globalement positif de l’exercice 2025. Présidée par la Première ministre à la Primature, cette dernière réunion de l’année avait valeur de bilan autant que de test. Test de crédibilité. Test de méthode.
Selon le gouvernement, les échanges ont porté sur les fondamentaux : inflation, marché de change, niveau des prix, approvisionnement des marchés. Le tout sous une coordination présentée comme « méthodique », à un moment où la nervosité des périodes festives met traditionnellement l’économie sous tension.
Inflation historiquement basse, franc stabilisé
C’est le vice-premier ministre en charge de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, qui a livré les chiffres les plus commentés.
« Nous terminons l’année 2025 avec un niveau d’inflation qu’on n’a pas connu au cours des dix dernières années, près de 2 % », a-t-il affirmé, rappelant que les projections initiales du programme économique tablaient sur un niveau nettement supérieur.
Même tonalité sur le marché des changes. « Un marché d’échange stable et un franc qui s’est apprécié », a-t-il insisté, attribuant cette évolution à une combinaison d’arbitrages gouvernementaux et d’interventions ciblées de la Banque centrale du Congo.
L’appui du FMI, levier mais aussi contrainte
Autre signal fort : le feu vert du Fonds monétaire international à la deuxième revue du programme macroéconomique. Résultat immédiat : un décaissement de plus de 440 millions de dollars, dont une part significative orientée vers l’appui budgétaire.
Un soutien qui conforte la trajectoire officielle, mais qui rappelle aussi la dépendance du pays à l’architecture financière internationale. Zone grise assumée par l’exécutif, qui préfère mettre en avant la crédibilité retrouvée plutôt que la contrainte qu’elle implique.
Cobalt : la reprise comme soupape
Sur le front minier, le ton est plus offensif. « Nous terminons l’année à près de 52 000 dollars la tonne de cobalt », a souligné Daniel Mukoko Samba, confirmant la reprise des exportations. Un soulagement pour les finances publiques, mais aussi un rappel structurel : la stabilité actuelle reste étroitement liée aux cours des matières premières.
Face aux scepticismes, le vice-premier ministre a tenu à désamorcer toute lecture prophétique. « Le gouvernement, ce n’est pas un prophète. Des mesures ont été prises et les résultats sont tangibles », a-t-il déclaré, citant les réunions interministérielles régulières présidées par la Première ministre et la vigilance accrue sur le marché de change.
Reste l’épreuve du quotidien. Approvisionnement des marchés, paiement des fonctionnaires, maintien des stocks : sur ces points, l’exécutif se veut rassurant à l’approche des fêtes. La stabilité affichée est donc autant un indicateur économique qu’un message politique clair : tenir la ligne, sans céder à l’emballement.
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